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3 juin 1832 - Numéro 32
 
 

 



 
 
    
AU RÉDACTEUR.

Lyon, le 28 mai 1832.

Monsieur,

J’avais cru, jusqu’à ce jour, que la police avait été instituée pour protéger les citoyens, qu’un commissaire de police devait être toujours à son poste pour recevoir leur plainte et diriger ensuite la répression pour laquelle il est institué ; il paraît que dans la commune de Vaise il n’en est rien. Hier, dans la soirée, une dispute qui pouvait avoir des suites graves, venait de s’élever chez un débitant de tabac, à la Demi-Lune. Pour prévenir une rixe imminente et faire, dans tous les cas, constater le délit reproché au débitant lui-même, au préjudice de M. Courbier fils, je me rendis en toute hâte, accompagné de M. Courbier père, propriétaire, demeurant rue Lanterne, au bureau de police de Vaise ; il était dix heures, et je crois qu’à cette heure un commissaire de police devrait être à son bureau ou au moins y laisser quelqu’un pour le représenter. Heureusement la querelle n’a pas eu les suites que je craignais ; mais il résulte, de ce fait, que les citoyens ne peuvent compter sur aucun secours de la part du commissaire de police de Vaise. Ce fonctionnaire, si prompt à arrêter, tantôt un numéro de la Glaneuse, tantôt un prolétaire, sur la simple dénonciation de l’homme riche, et à se rendre coupable d’arbitraire et d’attentat à la liberté individuelle, ainsi que je l’ai vu dans votre N° du 6 courant, ce qui n’a pas été démenti, et demeure par conséquent prouvé ; ce fonctionnaire, dis-je, devrait bien mettre plus de zèle à l’exercice naturel de ses fonctions. Puissent ces réflexions rendre les fonctionnaires publics plus exacts à l’accomplissement de leurs devoirs. Il faut qu’ils se rappellent que, payés par et pour le peuple, ils doivent être à chaque instant du jour et de la nuit au service du plus obscur citoyen.

Je puis prouver, au besoin, ce que j’ai avancé ; il ne me reste donc qu’à vous prier de vouloir bien insérer la présente dans votre prochain Numéro.

J’ai l’honneur de vous saluer.

A. Bonnet.

 

 

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