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10 juin 1832 - Numéro 33
 
 

 



 
 
    

école lamartinière.   

L?académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon s?est occupée de Lamartinière dans deux séances. A la [5.1]première, qui eut lieu mardi 29 mai, M. Gronier a attaqué vivement le projet de la commission, d?abord comme étant en opposition avec le testament du major-général Martin ; ensuite comme proposant un fort mauvais emploi des fonds légués par ce Lyonnais philantrope.

M. Tabaraud a parlé avec autant de désintéressement et peut-être avec non moins d?éloquence que Cicéron, pro domû suâ, à la seconde séance, qui s?est tenue mardi 5 juin.

M. Chapuy de Montlaville a défendu l?internat, supprimé par la commission ; il a voulu prouver que sans internat il n?y aurait d?abord point d?éducation, ensuite seulement instruction superficielle.

M. le docteur Desgoltière, qui d?abord avait été partisan de l?internat, a expliqué les motifs de son changement d?opinion. Le principal de ces motifs est le peu de ressource qui reste à Lamartinière après l?acquisition municipale du claustral des Augustins ; acquisition qui dévore plus de la moitié du trésor que Claude Martin avait légué aux pauvres.

M. le docteur Richard de la Prade a pris occasion de l?aveu de son confrère, pour s?élever avec force contre les empiétemens, les dilapidations de l?ancienne administration municipale ; il a soutenu que l?acquisition absurde et ruineuse devrait être regardée comme non-avenue, et le claustral rester pour le compte de la ville.

M. Tabaraud a répondu dans une improvisation plus aventureuse que logique, tant à M. Chapuy de Montlaville qu?à M. Richard de la Prade.

La discussion sera continuée mardi prochain, et probablement elle se prolongera encore. Dans tous les cas, l?académie manquerait d?une manière grave à ce qu?elle doit au public, si elle fermait la discussion, si elle prononçait sur la question qui l?occupe, avant d?avoir jugé le concours qu?elle-même a ouvert pour le meilleur mémoire sur l?organisation de Lamartinière. Les mémoires qu?on lui destine, et nous savons qu?il y en a plusieurs, ne seraient, s?il nous était permis d?user d?une expression peu académique, mais qui rend bien notre idée, que de la moutarde après dîner.

(Communiqué.)

Note du Rédacteur. ? L?académie, investie de pleins-pouvoirs par M. le major-général Martin, devient, par ce fait, tutrice de ceux pour qui sont destinés les bienfaits de notre généreux compatriote. Il nous semble que puisque l?académie avait ouvert un concours, où des hommes consciencieux et désintéressés pouvaient, par leurs lumières, l?aider dans l?organisation dont elle s?occupe ; il nous semble, disons-nous, qu?elle eût dû attendre, pour délibérer, que les mémoires fussent présentés.

Nous sommes persuadés que l?académie ne demande qu?à remplir religieusement les v?ux du testateur ; mais, encore une fois, elle ne doit rien précipiter. Nous nous garderons bien, nous, simples journalistes, de prononcer sur telle ou telle organisation ; mais nous disons seulement que celle qui fera le plus d?heureux sera la meilleure.

 

 

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