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6 novembre 1831 - Numéro 2
 
 

 



 
 
    
AU MÊME

Veuillez, s'il vous plaît, insérer dans vos colonnes la note suivante :

Ayant appris par plusieurs des chefs d'atelier que nous occupons que le tarif récemment arrêté avait été basé pour faire rendre à chaque ouvrier tisseur la somme de 2 fr. à 2 fr. 25 c. par jour ; les articles mouchoirs 5/8 légers qui se vendent de 12 fr. à 20 fr. la douzaine étant confondus dans ce tarif avec ceux qui se vendent 5 fr. la pièce ; plusieurs de nos maîtres trouvant même exagérées les façons qui leur reviendraient d'après ce tarif ; nos mouchoirs étant d'ailleurs dans l'impossibilité d'être continués aux prix tarifés, nous venons, monsieur, vous prier de nous dire si, en donnant à l'ouvrier un prix convenu pouvant largement lui produire 40 à 45 sous par jour, nous ne serions pas consciencieusement, ainsi que le maître qui prendrait nos pièces, déchargés de toute responsabilité : s'il [6.2]en était autrement, nous déclarons que l'article mouchoir léger est un article exclu de la fabrique lyonnaise, et nous ne pensons pas que la manière régulière et franche avec laquelle les commissaires ont agi, ait voulu atteindre un but aussi nuisible.

Du reste, nous sommes loin de chercher à nous soustraire à un tarif quelconque ; mais pour qu'il puisse s'observer, sa première condition est d'être juste, et de l'aveu même de la majorité de nos maîtres que nous occupons encore, il ne l'est nullement en ce qui touche le genre de fichus que nous fabriquons. Nous prévenons en conséquence tous nos maîtres, qu'en attendant la révision d'un tarif que nous appelons de tous nos vœux, au lieu de mettre à bas tous nos métiers comme font quelques fabricans, nous continuerons tous nos genres de fabrications en augmentant de 25 pour cent le prix de la façon réglé antérieurement au tarif. N'est-il pas également de toute justice de prendre en considération les grands aunages qui procurent encore au maître une certaine compensation ?

Nous serions satisfaits d'apprendre en réponse à la présente si, les pièces données par nous aux maîtres à ces conditions réciproquement consenties, ces mêmes conditions seraient exécutées religieusement, ou si elles doivent se briser contre le tarif.

Nous avons l'honneur de vous saluer,
henry-droiteau et Cie.

Note du Rédacteur. — Nous entrons bien sincèrement dans la réclamation de MM. Henry-Droiteau et compagnie ; mais nous devons leur déclarer qu'il n'appartient qu'aux commissaires qui ont débattu l'article mouchoir, de leur expliquer si ceux qu'ils font fabriquer ont été confondus avec les autres genres, ou s'ils ont été omis. Nous sommes autorisés à les prévenir que le conseil des prud'hommes statuera sur toutes les plaintes portées contre la non-exécution du tarif, sauf à juger d'une manière relative les objets qui n'y seraient pas désignés, ou qui entraîneraient quelques contestations entre le fabricant et l'ouvrier. Sans douter tout-à-fait de la bonne-foi de MM. Henry-Droiteau et compagnie, nous pouvons assurer que beaucoup de leurs maîtres ne se contenteraient pas de 2 fr. 25 c. par jour, par la seule raison que cette somme ne suffirait point à leurs besoins : d'ailleurs quelques-uns, et même le nombre en est assez grand, sont venus protester à notre bureau contre les prix de leur maison.

 

 

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