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1 juillet 1832 - Numéro 36
 
 

 



 
 
    
AU MÊME.

Monsieur,

Vous indiquez des réunions de fabricans et d?ouvriers comme une chose utile pour parvenir à la répression des nombreux abus qui se sont introduits à Lyon ; parmi ces abus il en est deux surtout qui sont et seront d?autant plus difficiles à extirper qu?ils sont appuyés sur des décrets de l?empire. Je veux parler des courtiers pour la soie et de la condition unique.

Personne, je pense, ne contestera que dans une ville où il se fait un immense commerce de soie, si le gouvernement juge à propos de donner un privilége sur toutes les affaires de ce genre à 20 agens seulement, il doit fixer leurs rétributions de manière à ce qu?elles ne soit pas trop onéreuse au commerce, et que leurs bénéfices soient en rapport avec celui des commerçans qui sont obligés de les employer ; il n?en est rien cependant. Et les privilégiés ont encore eu l?avantage de donner une extension aux termes du décret ; en effet, le courtier réclame 3/4 pour % au marchand de soies, et 3 f. par 50 k. au fabricant. L?escompte sur la soie est de 12 et 1/2 p. % : il y a long-tems que marchands de soies et fabricans sont d?accord que cet escompte est une dérision, mais il est impossible de traiter différemment. MM. du privilége se faisant payer sur le brut, c?est-à-dire sur une somme qui n?existe pas, n?ont jamais consenti à indiquer le prix réel ; c?est donc 7/8me que donne le marchand de soie au courtier, et le fabricant 1 pour %. Il n?est donc pas étonnant d?entendre dire que M. tel se fait 36 à 40 mille francs de revenus. Aussi le droit d?être présenté pour successeur courtier a-t-il été payé jusqu?à 135 mille francs, et est payé communément 110 et 115 mille, En résultat, c?est le fabricant et le travailleur qui payent ce droit onéreux qui n?existe pas dans les autres villes de fabrique, à Nîmes, par exemple.

Pourrait-on demander à MM. de la chambre du commerce, si c?est en vertu du décret du 13 avril 1805, qu?ils font payer la décharge des soies plus du double qu?elle ne leur revient et surtout pourquoi ils les font si mal sécher ? Il y a 4 ans que ces messieurs promettent des améliorations. Je leur demanderai par la même occasion si le décret précité ne leur impose pas de choisir pour directeur un fabricant qui aurait mal fait ses affaires, mais dans tous les cas un fabricant retiré. La place étant devenue vacante, ces messieurs ont choisi M. Félicent qui peut être un très-bon directeur, mais qui était marchand de laine. Il y avait cependant un assez grand nombre de fabricans retirés qui, aux termes du décret, devaient avoir la préférence.

Veuillez M. le rédacteur publier mes réflexions dans votre prochain numéro.

Agréez, etc.

Un Fabricant.

 

 

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