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1 juillet 1832 - Numéro 36
 
 

 



 
 
    
LITTÉRATURE.

vers sur la mort d?élisa frisel,

par m. de chateaubriand1.

A la préfecture de police, le 17 juin 1832

Il descend ce cercueil, et les roses sans taches
Qu?un père y déposa, tribut de sa douleur,
Terre, tu les portas, et maintenant tu caches
Jeune fille et jeune fleur.

Ah ! ne les rends jamais à ce monde profane,
A ce monde de deuil, d?angoisse et de malheurs.
Le vent brise et flétrit, le soleil brûle et fane
Jeune fille et jeune fleur.

Tu dors, pauvre Elisa, si légère d?années,
Tu ne crains plus du jour le poids et la chaleur :
Elles ont achevé leurs fraîches matinées,
Jeune fille et jeune fleur.

Mais ton père, Elisa, sur ta cendre s?incline :
Aux rides de son front a monté la pâleur,
Et vieux chêne, le temps fauche sur sa racine,
Jeune fille et jeune fleur.

Notes (LITTÉRATURE.)
1 Elisa Frisell, fille d?un ami de Chateaubriand décédée à 17 ans dans le courant de juin 1832. Sa mort inspira « vers élégiaques » et « strophes » à Chateaubriand qui était alors en détention à la préfecture de Paris car suspecté d?être impliqué dans le complot légitimiste de la duchesse de Berry.

 

 

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