LITTÉRATURE.
vers sur la mort d’élisa frisel,
par m. de chateaubriand1.
A la préfecture de police, le 17 juin 1832
Il descend ce cercueil, et les roses sans taches
Qu’un père y déposa, tribut de sa douleur,
Terre, tu les portas, et maintenant tu caches
Jeune fille et jeune fleur.
Ah ! ne les rends jamais à ce monde profane,
A ce monde de deuil, d’angoisse et de malheurs.
Le vent brise et flétrit, le soleil brûle et fane
Jeune fille et jeune fleur.
Tu dors, pauvre Elisa, si légère d’années,
Tu ne crains plus du jour le poids et la chaleur :
Elles ont achevé leurs fraîches matinées,
Jeune fille et jeune fleur.
Mais ton père, Elisa, sur ta cendre s’incline :
Aux rides de son front a monté la pâleur,
Et vieux chêne, le temps fauche sur sa racine,
Jeune fille et jeune fleur.