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13 novembre 1831 - Numéro 3
 
 

 



 
 
    
RECLAMATIONS.

Nous recevons, tous les jours, un grand nombre de réclamations de la part des chef d'ateliers.

Les uns se plaignent que le tarif au minimum a diminué de dix centimes le prix des façons dont ils étaient payés précédemment, et que les négocians se font un malin plaisir de leur montrer le tarif, en leur diminuant les dix centimes par aune.

D'autres se plaignent que leur article n'est pas assez clairement expliqué, qu'on le leur assimile à des articles tarifés au-dessous, et qu'ils ne savent comment faire entendre raison à ceux qui ne veulent l?entendre.

Enfin, quelques-uns vont jusqu'à dire que les négocians leur annoncent qu'ils ont de l'ouvrage à leur donner, mais qu'ils ne paieront jamais au tarif, parce que cet une ?uvre dérisoire que les ouvriers ont cru pouvoir leur imposer, et que c'est par cela seul qu'ils ne s'y conformeront jamais. Nous voyons que ces messieurs en font preuve en proposant de l'ouvrage à cinq centimes de moins que le prix précédent. Heureusement ils ne feront point fortune par ce nouveau procédé, et l'ouvrier a assez de raison pour savoir que, ne pouvant vivre à ce prix, en l'acceptant il se fait non-seulement du tort, mais il en fait aux négocians honnêtes qui paient au tarif, et plus encore à ceux qui paient au-dessus.

Il en est enfin qui se plaignent que beaucoup d'articles ont été omis au tarif, ou n'y sont pas suffisamment spécifiés. Ces articles sont, pour les unis : les gros de Berlin, les gros de Chine, les gros grains dits gros d'Orient, les gros de Varsovie ou varsovienne, et les gros de Naples chiné, gros des Indes, popelines triples en laine trois bouts, etc. tous articles riches, exigeant une belle fabrication, et dont les commissionnaires et en général tous les négocians reconnaissent pouvoir supporter une augmentation.

Nous répondrons à toutes ces questions que les chefs d'ateliers et ouvriers, dans leur position déplorable, sont considérés comme mineurs, que le conseil des prud'hommes est leur tuteur, et qu'il doit remplir avec une religieuse conscience son devoir envers eux.

Le conseil engage tous ceux qui ont des réclamations à faire de s'adresser à lui, qu'il se charge de leur faire rendre justice. Ce sont les paroles exactes de M. le président du conseil, et que nous lui avons entendu répéter plusieurs fois !

Honneur à ce Magistrat ! si telle est la base de la conduite qu'il s'est tracée, et que nous n'avons pu apprécier lorsque les séances du conseil se tenaient à huis clos ; mais aujourd'hui que les audiences sont publiques, que chacun peut, par lui-même, apprécier la noble impartialité de son caractère, cela ajoutera un nouveau fleuron à la couronne civique que lui réserve un peuple reconnaissant.

 

 

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