Retour à l'accueil
5 août 1832 - Numéro 41
 
 

 



 
 
    
DE LA CONDITION DES SOIES.1

Le Courrier de Lyon voit dans la condition des soies2 le thermomètre exact de la fabrique de Lyon ; mais en cela, comme en toute autre chose, il se trompe étrangement. Il est entré à la condition publique, dans le [4.1]courant du mois de juillet, 849 ballots de soies, ce nombre est inférieur de 115 à celui du mois précédent. Il est facile d?expliquer cette différence : dans le courant du mois de juin, de nombreuses commandes furent faites d?articles de divers genres : cela fut cause que les fabricans achetèrent de suite des soies, et la condition en fut encombrée sur la fin du mois ; maintenant ces matières se travaillent. S?il y a depuis quelques jours, un ralentissement dans la vente des soies, la cause en est généralement connue, la récolte ayant été très-abondante, on s?attend à une baisse générale sur tous les marchés ; il n?est donc pas étonnant que les fabricans, en attendant un prix régulateur, n?achètent que les matières qui leur sont nécessaires pour compléter leurs commissions, et s?abstiennent de faire provision.

Deux choses prouvent encore que le nombre des ballots de soie qui passent à la condition, sont loin d?être une base sûre pour connaître l?activité de notre fabrique, 1° le nombre plus ou moins grand des demandes faites par les manufacturiers du dehors, à leurs agens chargés d?acheter sur la place de Lyon, des soies, de les faire conditionner et teindre, pour ensuite être expédiées, soit pour les fabriques de l?intérieur, soit pour celles de la Suisse. On sent bien qu?il faudrait vérifier les livres de la condition, pour défalquer les soies dont vient d?être parlé, du nombre de celles employées au tissage des étoffes de Lyoni ; 2° dans le genre des commandes qui sont faites à notre fabrique, comme les schals en crêpe de Chine, et les schals en grenadine, dont il s?est beaucoup fabriqué les mois passés, et où la journée d?un ouvrier emploie trois fois plus de matières que sur un article marabou ou crêpe zéphir.

Ces motifs nous confirment dans la conviction où nous sommes, que c?est ailleurs qu?il faut chercher le signe de l?activité de la fabrique.

F.......t

Notes (DE LA CONDITION DES SOIES.)
1 L?auteur de ce texte est Joachim Falconnet d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 Après plusieurs initiatives privées à l?extrême fin du XVIIIe siècle ? notamment la Condition fondée par Jean-Louis Rast-Maupas ? la condition des soies de Lyon avait été constituée comme établissement public, placé sous le contrôle de la Chambre de commerce par un décret de l?Empereur, en avril 1805. Cette institution contrôlait poids et valeur des soies moulinées. Le chiffre des entrées et sorties constituait alors l?un des rares moyens de vérifier l?activité économique de la Fabrique. Voir Adrien Perret, Monographie de la condition des soies de Lyon, Lyon, Pitrat Aîné, 1878.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique