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19 août 1832 - Numéro 43
 
 

 



 
 
    

Tout ce qui touche aux besoins de la classe prolétaire, tout ce qui peut porter à réfléchir sur ses besoins, sur son amélioration, tout cela est de notre ressort. C’est pourquoi nous insérons ces réflexions de l’Européen, extraites du n° 21 (du 21 avril 1832, page 326,) qui nous paraissent utiles.

Nous avons souvent dit que la politique n’était que la prévoyance des besoins du peuple… Car enfin, pour les hommes qui dorment pendant toute leur vie du profond sommeil de l’égoïsme, et qu’une révolution, une épidémie ou une disette réveillent tout les dix ans pour donner quelques heures à quelques-uns ; pour ces hommes, il demeurera prouvé qu’il existe dans Paris, un peuple qui est aux avant-postes de la mort et de toutes les destructions ; qu’une épidémie qui attaque le centième de la population générale, frappe le dixième de ce peuple ; que [5.1]la mort qui est le résultat de cette épidémie, enlève le sixième des malades en général, et le treizième parmi ce peuple : qu’enfin la terminaison de ces souffrances, qui pour les autres, est la convalescence entourée de toutes les consolations, de tous les charmes de la renaissance à la vie et à la joie, est pour ce peuple la misère et toutes ses souffrances, car là où il y a un père de famille mort, il y a une femme et des enfans sans ressources….. Voilà ce qu’est ce peuple qui, disent en souriant M. Dupin et le journal des Débats, n’est ni vous, ni moi, ni la garde nationale, ni les marchands de Paris.

Mais la maladie cessera, l’égoïsme se rendormira ; aux douces voluptés des sens, aux charmes du pouvoir ou de l’oisiveté, les cœurs un instant ulcérés par la pitié, ou serrés par la peur, s’épanouiront ou se refermeront, et on oubliera qu’il y a un peuple ; cependant ce peuple est le mème. Une augmentation de 5 cent. dans le prix du pain, détruit le vingtième de ses ressources : il est en proie, tous les cinq ans, aux résultats des crises financières qui diminuent le cinquième de son travail. En temps ordinaire, sur 25,000 personnes qui meurent, 15,000 appartenant au peuple, sont enterrées par la charité publique ; 60,000 personnes du peuple entrent par an dans les hopitaux ; et dans les quartiers riches, la mortalité est de 1 sur 44 par an, et dans les quartiers pauvres de 1 sur 28. Voilà la vérité, la triste vérité.

 

 

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