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12 août 1832 - Numéro 42
 
 

 



 
 
    
A LA MÉMOIRE DE A. VIDAL.

Elle a sonné pour toi, l’heure fatale,

Du rendez-vous où chacun est admis !

Pourquoi faut-il que la parque brutale

T’ait enlevé si jeune à tes amis.

S’ils sont nombreux, tous ceux qui te regrettent,

C’est qu’ils ont su le prix que tu valus,

Et tous les jours leurs tristes voix répètent :

Pleurons, amis, pleurons, Vidal n’est plus.

Je l’ai connu dans son modeste asile ;

Lambris doré jamais ne l’abrita,

C’est aux cœurs froids qu’il sert de domicile,

Et la vertu rarement l’habita.

Là, je l’ai vu soulageant son vieux père,

Il n’avait pas de trésors superflus ;

Plus tard son bras soutint sa belle-mère ;

Pleurez, bon fils, pleurez, Vidal n’est plus.

Je l’ai connu, ce cœur plein de noblesse,

Qu’au nom d’esclave on sentait frissonner ;

Du fier Romain il avait la rudesse ;

Il savait vaincre et savait pardonner.

Un four viendra, l’on saura par l’histoire,

Si ses accens furent bien entendus ;

Dans la concorde il rechercha la gloire :

Il est mort !… pleurons, Vidal n’est plus :

Il combattit dans l’arène glissante

Où l’écrivain trouve plus d’un écueil :

Il signala de sa plume brûlante,

Ces cœurs de bronze insensibles au deuil.

Pour eux aussi viendra l’heure dernière ;

Là, point d’amis, point de pleurs répandus,

Le froid mépris planera sur leur bière ;

Cœurs généreux, pleurez, Vidal n’est plus.

Muses, pleurez, vous fûtes son idole ;

Il a chanté les beaux arts, les amours :

Pleurez aussi, vainqueurs du Capitole,

Il célébra les succès des grands jours.

[5.1]Nous, artisans, classe de prolétaires,

Dont il fut fier de n’être pas exclus,

De ses enfans soulageons les misères ;

Sa veuve en pleurs, nous dit : Vidal n’est plus.

J. M. Chef d’atelier.

 

 

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