Antoine Vidal, tulliste de profession, homme de lettres et gérant de l’Echo de la Fabrique, est né à Ganges, département de l’Hérault, le 4 octobre 1796. – Il est décédé le 5 de ce mois, âgé de 36 ans, à Lyon, sa patrie adoptive depuis 1815, où la guerre civile qui désolait son pays, l’avait forcé de se réfugier avec sa famille. Il y avait été accueilli avec bienveillance. Une société lyrique, aujourd’hui dissoute, l’avait même admis dans son sein.
Ses ouvrages2 sont peu nombreux, mais tous ont du mérite. Comme chansonnier, Vidal ne craint aucune comparaison, il ne le cède qu’à Béranger, et dans quelques chansons il l’égale.
En 1820, a il publié une pièce de vers de l’enseignement mutuel et de ses détracteurs. C’est de cette époque que date notre liaison avec lui ; en 1825, il a fait imprimer un poème intitulé la Bienfaisance, dédié à la société des dames protestantes de la ville de Lyon, et en 1827, un recueil de chansons et de poésies diverses, sous ce titre : Le Galoubet d’un patriote. Plusieurs de ces chansons sont devennes populaires. Tous les cafés de Lyon ont retenti de celle qui a pour titre le Pécheur, et dont voici le refrain :
Et comme soldat j’ai suivi sans repos
Du Caire à Moscou nos immortels drapeaux.
Il a laissé quelques poésies manuscrites.
Il était instituteur à St-Didier au Mont-d’Or, lorsque M. Falconnet alla le chercher pour en faire son collaborateur à la rédaction de l’ Echo de la Fabrique. Il a rédigé ce journal depuis sa création, 30 octobre 1831, jusques et y compris le 1er juillet dernier ; depuis le 13 mai précédent il signait en qualité de gérant, ayant été nommé à l’unanimité à cet emploi en remplacement de M. Falconnet qui avait cru devoir comme prud’homme, et pour éviter toute accusation de cumul et de dépendance, donner sa démission.
Un style simple, facile, académique, une imagination vive et brillante, voilà ce qui distinguait cet homme de lettres. Sous le rapport du patriotisme, il ne le cédait à personne. Nous devons lui rendre cette justice, qu’il regardait sa fonction de gérant, comme un apostolat, comme une mission de paix.
Afin de justifier les éloges que nous lui avons donné comme chansonnier, nous insérons à l’article littérature, une chanson extraite du Galoubet.
L’état de détresse auquel s’est trouvé réduit Vidal, était le résultat de son indépendance littéraire, de sa philosophie et surtout de sa piété filiale. Ses amis n’ont pas à en rougir, et lui-même parlait de sa pauvreté sans honte ni orgueil.
Marius Ch......g.