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29 juillet 1832 - Numéro 40
 
 

 



 
 
    

m. tiphaine et les prud’hommes.i1

D’un côté un homme, de l’autre un tribunal. Qu’importe si cet homme résume en lui tout le droit ? Qu’importe si cet homme représente un système ? Silence aux six, disait une orgueilleuse aristocratie ; mais ces six répondirent : Nous avons derrière nous trente millions d’hommes, et ils l’ont prouvé. Ainsi dans M. Tiphaine, ce n’est pas le légiste, le défenseur officieux désappointé auquel nous prêtons le secours de notre plume, nous ne voyons en lui que le citoyen qui s’est mis sur la brèche pour conquérir aux ouvriers un droit qu’on leur refuse, mais qu’il faudra bien qu’on leur accorde ; ce droit, c’est celui de la libre défense. Nous avions ouvert à ce sujet [2.2]une polémique consciencieuse : M. Gamot, prud’homme-négociant, est descendu dans l’arène, mais il a été vaincu sur le terrain de la discussion ; nous devons le croire puisque notre réponse est restée sans réplique. Ses collègues craindraient-ils un semblable échec, et préféreraient-ils en appeler à l’arbitraire ? Qu’ils prennent garde ! l’arbitraire, c’est l’épée de Gainas, qui blesse celui qui s’en sert. Le conseil des prud’hommes, ou pour mieux dire son président, a refusé d’entendre le sieur Tiphaine dans la défense qu’il présentait pour un de ses cliens ou amis. Il y a là un excès de pouvoir qui demande une prompte répression. Le conseil serait-il en cela d’accord avec son président ? nous ne le pensons pas, car, nous le disons à regret, ceux qui veulent restreindre le droit de défense ont sans doute des motifs qu’ils n’osent avouer ; mais nous le leur disons avec franchise, ils entrent dans une carrière où ils succomberont : ils ne sauraient sortir avec honneur de ce duel contre la loi.

Organe de la classe ouvrière, c’est en son nom, c’est pour elle que nous insistons sur le droit de se faire assister dans sa défense. Nous adjurons ses mandataires, les prud’hommes qu’elle a élus, de se joindre à nous pour obtenir le triomphe de la loi

M. Charnier, fort de l’appui de ses collègues chefs d’ateliers, s’est levé pour réclamer en faveur du sieur Tiphaine ; M. le président lui a imposé silence : sans doute il était dans son droit, nous l’avouons ; le président a la police de l’audience, mais la voix publique est plus forte que la voix d’un président.

Espérons que bientôt éclairé par la discussion, averti par la voix infatigable de la presse vigilante, M. le président reviendra d’une erreur que nous voulons croire involontaire, mais qui prolongée serait sans excuse, et ne voudra pas qu’on mette le conseil des prud’hommes sur la même ligne que ce tribunal trop fameux qui lui aussi se croyait le droit, dans des temps déplorables, d’interdire aux accusés l’assistance d’un défenseur.

Ouvriers, prenez-garde à vous ! on attaque, on prohibe le droit que tout citoyen a de s’éclairer des lumières d’un défenseur, d’un ami. Pourquoi ? dans quel but ? Nous attendons une réponse.

Notes (m. tiphaine et les prud’hommes. D’un côté...)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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