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29 juillet 1832 - Numéro 40
 
 

 



 
 
    
HYGIÈNE.1

Au moment où le choléra semble reprendre une nouvelle énergie et faire plus de progrès, au moment où les fruits deviennent abondans, et où l’abus qu’on en fait peut prédisposer à cette funeste maladie, nous croyons de notre devoir de donner quelques conseils à nos lecteurs.

L’usage modéré des fruits bien murs, joint à d’autres alimens, ne peut pas être nuisible. Malheureusement quelques ouvriers sont obligés d’en composer la plus grande partie de leur nourriture, et comme ils sont forcés d’aller à l’économie, ils achètent des fruits qui ne sont pas de la première qualité et souvent n’ont pas atteint leur degré de maturité.

Nous leurs conseillons donc de les manger autant que possible cuits. Tous sont bons cuits, et la préparation en est simple. On les fait cuire avec de l’eau, de manière à ce qu’il reste toujours un peu de sauce ; on y ajoute (afin qu’ils digèrent mieux) un peu de canelle, [5.1]ou ce qui est moins cher, un petit sachet de graines de fenouil. On peut aussi, vers la fin de la cuisson, ajouter une goutte de vin. On verse le tout sur des tranches de pain. On les mange froids ; chacun peut selon son goût ou ses moyens y ajouter du sucre. Les cerises douces (telles que les bigarreaux) n’exigent point de sucre, non plus que les petites mérises. Les abricots sont beaucoup plus acides ainsi que les prunes dont les meilleures pour cuire sont les violettes longues. Les poires et les pommes d’automne ne peuvent se cuire sans sucre. Les pêches ont beaucoup plus d’acide. Tous ces fruits sont beaucoup plus doux si on les fait cuire sans la peau, qui d’ailleurs digère toujours difficilement.

On peut encore prendre de la pâte de pain de l’épaisseur d’un pouce, lorsqu’elle est lavée la couvrir de ces fruits coupés en morceaux, et faire cuire le tout au four comme une tarte.

Cet usage de manger tous les fruits cuits est surtout très-répandu dans le nord de la France et de l’Europe où souvent ils ne mûrissent pas aussi parfaitement que dans nos contrées.

Lortet.

Notes (HYGIÈNE.)
1 L’auteur de ce texte est Pierre Lortet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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