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26 août 1832 - Numéro 44
 
 

 



 
 
    
LYON.1

RÉPONSE AU PRÉCURSEUR.

Trois lignes insérées dans l’Echo, du 19 ont donné lieu au Précurseur, nous attaquer dans son numéro de mercredi dernier. Nous avions dit que le rachèterait certaines expressions contenues dans un de ses derniers numéros, et qui avaient offusqué la classe ouvrière, nous ajoutions, nous sommes convaincus que son patriotisme les lui a arrachées, et qu’il s’en est aussitôt repenti.

Pour que nos lecteurs jugent en connaissance de cause, nous devons dire que le n° du Précurseur auquel nous faisions allusion, était celui du jeudi neuf de ce mois. Nous ne pensions plus à ce débat : il nous suffisait d’avoir exprimé notre pensée, et celle d’une grande majorité de la classe que nous nous faisons gloire de représenter : nous avons employé toute la décence possible car le Précurseur [1.2]ne saurait le nier, nous rendons justice à son patriotisme, toutes les fois que l’occasion s’en présente, et nous l’avons fait même dans l’article qu’il incrimine ; si l’opinion d’un certain nombre de ses concitoyens est indifférente, libre à lui de la braver et de ne pas se repentir, mais il ne devrait pas le dire.

Il n’y a dans les replis les plus secrets de notre cœur, aucun fiel contre le Précurseur, aussi nous ne pouvons avoir contre lui de paroles amères. Nous marchons sous la même bannière, ses principes sont les nôtres, pourquoi nous diviser. Nous souhaitons que cette altercation n’aille pas plus avant, nous ne demanderons donc pas au Précurseur quels motifs il a eus pour ne pas insérer la protestation des 145 chefs d’ateliers dont il s’agit ; par contre, il ne nous demandera pas de préciser ce qui a déplu dans son article ; nos motifs pourraient bien avoir beaucoup de rapport avec les siens, peut-être à son insu ; il est des choses qui se sentent et ne peuvent se dire, à bon entendeur demi mot ; il faut être avec César ou avec Pompée, c’est dans ce sens que nous avons cru bien faire, en donnant au Précurseur l’avis qui lui a paru mal à propos hostile. S’il ne veut pas en profiter, tant pis, nous ne nous expliquerons pas davantage, même nous ne le pouvons pas. Assez de divisions existent dans le parti patriote, n’en créons pas de nouvelles : pour nous nous donnerons l’exemple de la modération, en nous abstenant de prolonger ce débat.

Le Précurseur ne doit voir en nous que des collègues qui peuvent se tromper, mais qui se tromperaient de bonne foi, et qui dans tous les cas sont obligés d’exprimer les opinions de ceux qu’ils représentent, il ne doit voir en nous que des amis politiques. Nous espérons recevoir de lui la même justice que nous lui rendons.

Notes (LYON.)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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