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26 août 1832 - Numéro 44
 
 

 



 
 
    

Sur la salle d?Asile pour les petits enfans, ouverte à Lyon, quartier St-Paul, montée des Capucins, n° 10.

Dans notre avant-dernier numéro, nous avons annoncé que nous venions d?écrire à Mme la présidente du comité, pour avoir des renseignemens. Cette dame, Mme Gasparin, s?est empressée de nous donner les détails que nous lui avions demandés, avec un zèle et une obligeance digne d?éloges. Nous insérons sans en rien retrancher le prospectus de cet utile établissement.

[5.1]« Toutes les personnes qui s?intéressent à l?enfance et aux progrès de la morale publique, apprendront avec plaisir l?ouverture d?une école, destinée aux enfans de deux à six ans, que le genre de travail de leurs parens, prive chez eux de la surveillance nécessaire à leur jeune âge. Ce nouveau genre d?établissement, a pour but, en donnant un asile et une première éducation à ces pauvres petits, de les soustraire aux dangers et aux inconvéniens grâves de la vie des rues. On sait que tous y sont exposés à mille accidens, et que le plus grand nombre y prend des habitudes de paresse, d?indiscipline, de brutalité, qu?une éducation plus tardive ne corrige pas et qui, malheureusement pour eux et pour la société entière, influent sur tout le reste de leur vie.

« Pour ces enfans, la salle d?asile est une véritable providence. Ils y sont reçus dès le matin et gardés jusqu?au soir ; ils apportent à manger pour la journée : une maitresse préside à l?emploi de leur temps, qui se partage en une suite de leçons courtes et simples, sur des objets à leur portée. Ces leçons qui se donnent an moyen de gravures, de tableaux, de figures en relief, propres à frapper les sens et à captiver l?attention, sont encore entremélées de marches cadencées, de chants, de petites récréations, qui développent les forces physiques, tout en prévenant l?inaction ou la fatigue de l?esprit. Une seconde personne est spécialement chargée du soin des plus petits et de tous les détails de propreté, de nourriture, etc., qu?exige un âge si tendre ; un médecin, (M. Théodore Perrin,) fait chaque semaine la visite de l?école, et neuf dames prises dans le comité que préside madame de Gasparin, remplissent à tour de rôle les fonctions d?inspectrices.

« La salle d?asile est ouverte depuis trois mois, et déjà plus de trente enfans s?y rendent habituellement. Leurs pères et mères trouvant un grand avantage à n?être plus détournés de leur travail, par le soin de leur petite famille, payent volontiers le prix demandé de 50 centimes par mois : cette légère rétribution ménage l?amour propre des parens les plus aisés et rappelle aux plus pauvres, la saine obligation de faire quelques sacrifices pour donner à leurs enfans une bonne éducation.

« Ainsi donc, cette institution naissante promet les plus heureux résultats ; ceux qu?elle à déjà obtenus garantissent assez sa réussite pour qu?il lui soit donné une organisation régulière avec une existence assurée, jusqu?au moment ou elle pourra être rangée sous l?autorité municipale : en effet, M. le maire, ayant arrêté le bienfaisant projet de fonder, aussitôt que les circonstances seront plus favorables, une première salle d?asile modèle, il consentira, nous osons le croire, à ce que l?essai particulier, fait à la montée des Capucins, prenne le second rang, et devienne aussi un établissement public.

En attendant, les dames du comité espèrent, que tous les amis de l?enfance et de l?humanité, voudront bien les aider à soutenir et à faire prospérer, une ?uvre qui peut devenir si féconde. Dès qu?une somme suffisante aura été recueillie pour compléter le matériel de l?école, et pour subvenir aux dépenses courantes, pendant un certain laps de temps encore ; les nouveaux bienfaiteurs de l?établissement, réunis à ceux qui l?ont soutenu jusqu?à ce jour, seront convoqués par la présidente, en assemblée générale, pour entendre le compte-rendu des mois déjà écoulés, et pour nommer, s?ils le jugent convenable, un nouveau comité de direction. »

Un règlement sage et dont on peut prendre connaissance dans nos bureaux, a été adopté pour l?ordre de cet établissement. Nous ne saurions trop appeler l?attention [5.2]des personnes philantropes, sur cette institution qui développée, comme nous l?espérons, donnera à la classe ouvrière, un avenir meilleur, par suite de l?amélioration physique et morale de ses enfans.

 

 

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