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26 août 1832 - Numéro 44
 
 

 



 
 
    
lectures prolétaires.1

M. Marius Ch...g l?un de nos collaborateurs, a promis de nous donner divers morceaux, ou pensées choisies, extraits de divers auteurs et nous les insérerons sous ce [8.1]titre, pour l?instruction des prolétaires qui n?ont pas le temps de lire eux-mêmes.

L?état doit à tous les citoyens une subsistance assurée, un vêtement convenable, et un genre de vie qui ne soit pas contraire à la santé. Montesquieu2.

Chacun ayant son nécessaire physique égal, on ne doit taxer que l?excèdant. Idem.

Ce sont les petits malheurs de chacun qui composent à la fin le malheur public. Idem.

Qu?ils sont dangereux les hommes infiniment à plaindre. Delandine3.

Les malheureux ont toujours tort, tort de l?être, tort de le dire, tort d?avoir besoin des autres, et de ne pouvoir les servir. Mirabeau4.

Quand on est couché sur des roses, on dit encore, au malheureux qui gémit sur des pointes acérées : taisez-vous, vous faites trop de bruit. Servan5.

Quand la porte d?un cachot crie sur ses gonds, toute la société devrait l?entendre, et l?écouter. Idem.

Quand la politique humaine attache sa chaîne au pied d?un esclave, la justice divine en rive l?autre bout au cou du tyran. Bernardin St.-Pierre6.

L?orgueil d?un homme de lettres est babillard, et quelquefois instructif ; celui d?un ecclésiastique est dissimulé, mais flatteur ; celui d?un gentilhomme est altier, mais franc ; celui d?un paysan est insolent, mais naïf ; mais l?orgueil d?un bourgeois est morne et stupide, c?est l?orgueil à son aise, l?orgueil en robe de chambre. Idem.

Les haillons qui couvrent l?indigent, n?empêchent point son c?ur de battre avec fierté. Lewis.

Une grande erreur du siècle, c?est que la propriété, le plus lourd et le plus pesant des priviléges, s?imagine de bonne foi n?être pas un privilége, c?est qu?elle ne veut pas voir que la magistrature et le patriciat sont ses avant-postes, et le sacerdoce, son rempart. L?industrie et la science, héritiers présomptifs du sceptre de la propriété, n?ont garde de la mettre à sa place, et de se connaître elles-mêmes. A. de V7? (Ebauche d?un cours préliminaire de droit naturel).

Comme Rousseau l?a remarqué judicieusement, la grande division du monde social est formée par les riches et les pauvres ; la richesse est la couleur tranchante, auprès de laquelle les autres privilèges ne sont que des nuances imperceptibles. Idem.

Notes (lectures prolétaires.)
1 L?auteur de ce texte est Marius Chastaing d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). La rubrique « Lecture prolétaires » va rapidement s?imposer dans les pages de L?Echo de la fabrique. Mi-octobre 1832, M. Chastaing fera un premier bilan et mentionnera les « encouragements à continuer » ces « lectures à l?usage des prolétaires ». Concernant leur utilité il soulignera outre le fait de répandre le « goût de la lecture » chez les ouvriers, un véritable « enseignement moral » et il notera « chaque pensée doit être lue et méditée avec soin, soit qu?on l?approuve soit qu?on la rejette, afin de se rendre raison des motifs d?approbation ou de blâme » (numéro du 14 octobre 1832). Il est à noter que les citations sont en partie réécrites par Chastaing ; par exemple, ci-après la citation originelle dans Arsace et Isménie de Montesquieu qui était « Ce sont les petits
malheurs de chacun qui composent le malheur général » devient dans ce numéro de L?Echo, « Ce sont les petits malheurs de chacun qui composent à la fin le malheur public ».
2 Les deux premières citations sont tirées de, Montesquieu, Charles-Louis de Secondat (1689-1755),  De l?esprit des lois, [1748] la troisième de Arsace et Isménie : histoire orientale [1783].
3 Antoine-François Delandine (1756-1820) né et mort à Lyon, sera notamment député à l?Assemblée constituante en 1789, auteur de très nombreux mémoires, notes et ouvrages.
4 Citation tirée de, Honoré de Mirabeau (1749-1791), Lettres originales écrites du donjon de Vincennes pendant les années 1777, 1778, 1779, 1780 [1780].
5 Ces citations peuvent provenir probablement de l?un des deux auteurs suivants : soit Joseph Servan (1741-1808), auteur en 1780 de Le soldat citoyen, ministre de la guerre en 1792, Inspecteur Général des troupes du Midi sous le Directoire. Soit Antoine-Joseph Servan (1737-1807), magistrat, auteur en particulier d?un Discours sur le progrès des connaissances humaines en général et de la législation en particulier (1781).
6 Les deux citations sont tirées de Bernardin de Saint-Pierre, Etudes de la nature.
7 Aimé de Virieu, Ebauche d?un cours préliminaire de droit naturel ayant pour objet de ramener la morale et la politique à la loi de Dieu et de nature et aux maximes de l?Evangile. Première partie, notes analytiques et critiques sur le « Contrat social » de J.-J. Rousseau, Lyon, impr. De J.-M. Barret, 1829.

 

 

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