A MA LISETTE.
(2me chanson.)
Air du bon Pasteur (de Béranger.)
Ma Lisette, ô toi que j'aime !
Quel sort, hélas ! te poursuit !...
Tu crus au bonheur suprême,
Ce bonheur s'évanouit.
Des grands la voix indiscrète
A prédit un prix nouveau ;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
Ce bleu, sans aucun nuage,
Semble l'azur de tes yeux ;
Ce rose est la douce image
De tes attraits merveilleux ;
Ce blanc, qu'un noble regrette,
Entre deux est assez beau ;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
On trompe ton espérance ?
Sois riche de mes amours !
Gagne peu, mais sers la France,
Et je t'aimerai toujours.
Le guerrier, sous son aigrette,
Mettra ce léger réseau ;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de son drapeau.
Que de goût et que d'adresse,
Lise, dans ce que tu fais ;
Ce tissu, que ta main presse,
Me rappelle nos hauts faits.
De ton père c'est la fête ?
J'en veux parer le tombeau ;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de son drapeau.
Allons ! chante, mon amie,
Chante un meilleur avenir ;
Ne crains point ce noir génie
Qui semble nous désunir,
La liberté, sur sa tête,
A secoué son flambeau ;
Tisse toujours, bonne Lisette,
C'est l'étoffe de mon drapeau.
A. V.1