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30 septembre 1832 - Numéro 49
 
 

 



 
 
    
AU MÊME.

Monsieur,

Attaqué gravement dans mon honneur, j’ai méprisé long-temps des bruits anonymes. Mon silence a enhardi la calomnie. Ces bruits ont pris de la consistance ; je ne peux plus les tolérer, car il pourrait sembler que je les accepte. J’ai éprouvé des malheurs dans la gestion de mes affaires, je suis prêt à en rendre compte et dans tous les cas je saurais en supporter le poids ; je me tairais donc s’il s’agissait de ma position sociale, mais ce n’est pas là ce dont il est question : on m’accuse, puisqu’il faut le dire, d’être carliste ou mouchard, et je crois même l’un et l’autre ; si j’étais carliste, je l’avouerais tout comme d’autres avouent qu’ils sont républicains ou juste-milieu ; mais je le nie positivement : ce désaveu explicite d’une opinion qui, en elle-même ne serait pas un crime, doit, je pense, suffire. Beaucoup de mes concitoyens plus haut placés que moi, ne voudraient peut-être pas en faire un [4.2]aussi solennel. Si j’étais mouchard, je me cacherais pour remplir ma mission et gagner mon argent ; car enfin on conviendra bien qu’on n’est pas mouchard pour le plaisir de l’être. Eh bien ! je le déclare hautement, je porte le démenti le plus formel à qui voudra l’accepter et me prouver le contraire : qu’on fouille dans les cartons de la police, je la somme de les ouvrir à qui le demandera. Si je suis mouchard, j’ai, sans doute, fait un pacte avec elle ; eh bien ! qu’elle le produise. Qu’elle ne garde aucun ménagement, et pour la pousser à bout, pour qu’elle puisse me confondre, je lui déclare qu’elle est l’institution la plus dangereuse et la plus immorale que la société ait inventée. Autant j’estime et trouve utile la police qui s’attache à la répression des délits, autant je méprise et j’abhorre la police politique, patente et occulte.

Que si, après ces désaveux formels, ce démenti porté en face de la police elle-même, des individus, quels qu’ils soient, persistent à m’accuser, il me sera permis de ne voir en eux que des ennemis personnels ; et alors, s’ils n’ont pas perdu tout sentiment d’honneur, ils se nommeront, et je les attends. Car je n’ai rien à me reprocher.

verpillat,

Grande rue des Capucins, n° 5.

 

 

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