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30 septembre 1832 - Numéro 49
 
 

 



 
 
    

Résultat de la réclamation du gérant de l?echo à son confrère du papillon1.

Nous avons annoncé, dans notre dernier numéro, que notre gérant avait écrit à M. Eugène Lamerlière, gérant du Papillon, journal entièrement littéraire, spécialement destiné aux dames et à ce qu?on appelle la haute société, pour obtenir la rétractation d?une expression inconvenante, insérée dans un de ses numéros. Voici le sujet de notre plainte :

M. L? B?, décrivant le quartier St-Jean, terminait ainsi son article : « C?est un quartier mort, le silence de ses rues n?est interrompu que par le cliquetis monotone de l?ouvrier en soie, machine qui mène une autre machine, etc. »

Nous ne pensons pas avoir poussé trop loin la susceptibilité en nous offensant de ce terme de machine appliqué à l?ouvrier en soie lui-même. Il faut qu?on sache bien que la classe ouvrière est déterminée à ne souffrir aucune insulte, aucun lazzi, aucune offense, aucune injustice, de quelque part et par qui que ce soit.

M. Lamerlière vient d?insérer dans le N° 25 du Papillon, la note suivante :

« Une phrase de l?article intitulé : le quartier Saint-Jean, inséré dans notre 22e numéro, ayant, à ce qu?il paraît, éveillé la susceptibilité de quelques ouvriers, et M. Berger, gérant de l?Echo, s?étant rendu l?interprète de leur plainte, nous nous empressons de déclarer ici que cette phrase nous a semblé toute littéraire, et qu?il était bien loin de notre pensée de jeter aucune idée défavorable sur une classe de citoyens pour laquelle nous n?avons qu?estime et sympathie, la regardant avec raison comme une des principales bases de la prospérité lyonnaise. »

Nous pensons devoir nous contenter de cette amende honorable, observant néanmoins que les ouvriers en soie veulent être respectés comme hommes et citoyens, et non pas seulement parce qu?ils sont la principale base de la prospérité lyonnaise, ce qui équivaudrait à dire qu?on ne les estime qu?à raison de leur utilité et des jouissances qu?ils procurent à la classe oisive. Si l?on pense ainsi dans les salons où le Papillon pénètre, peu nous importe, pourvu que cela n?ait pas du retentissement hors des lambris dorés. L?Echo n?a jamais dit ce que dans les ateliers on pense des salons.

Notes (Résultat de la réclamation du gérant de...)
1 L?auteur de ce texte est Marius Chastaing d?après la Table de L?Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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