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30 septembre 1832 - Numéro 49
 
 

 



 
 
    
VARIÉTÉS.

écoles rurales d?enfans pauvres.

La Suisse est parsemée de petites colonies où l?agriculture fournit aux enfans pauvres une occupation lucrative, qui leur permet, avec le temps, d?acquitter par eux-mêmes les frais de leur pension, et de se préparer un petit pécule pour le moment de leur sortie.

Chaque jour vient démontrer les avantages économiques et moraux de cette combinaison, qui change à la fois un sol pauvre en riches cultures, et de malheureux petits mendians en cultivateurs honnêtes, laborieux et instruits.

[7.1]Hors de leur enceinte, ces écoles exercent encore une salutaire influence : le spectacle de leur prospérité, de l?ordre, des vertus, du bonheur qui règnent parmi les élèves, frappe l?esprit, gagne le c?ur des parens, et les fait insensiblement participer aux progrès de leurs enfans.

Ces sortes de producteurs forment une sorte de communauté où les forces, les talens les plus âgés, sont employés aux progrès de l?éducation des plus jeunes, et aux développemens de la prospérité de l?établissement.

L?ordre et la suite des occupations sont variés en raison de la saison et de l?état du ciel.

Chaque escouade a son chef, qui préside aux travaux agricoles. Les petits enfans sont chargés du sarclage, les plus grands de la plantation des haies ; d?autres font la récolte. L?instituteur, qui les surveille tous, va continuellement des uns aux autres, leur donne des avis, des exemples, du secours, selon le besoin.

Des étendues considérables de terrains incultes, malsains, infestés par la mendicité, ont été entièrement transformés par les seuls travaux d?une cinquantaine d?enfans robustes et joyeux.

C?est vers l?enfance surtout qu?il faut porter les soins régénérateurs de la morale : on corrige difficilement les hommes imprégnés de vices ; ce sont les jeunes mendians qu?il faut séparer, quand il en est encore temps, des vétérans de la mendicité.

On se plaint de la dépopulation d?une partie de nos campagnes, dont les enfans viennent imprudemment encombrer les ateliers, les fabriques, les magasins des villes. Rendez aux champs les bras qu?ils perdent, en multipliant les écoles des enfans des pauvres et des orphelins de nos cités, en les disposant à embrasser la vie agricole, si heureuse quand on en connaît tous les biens.

Le nombre des prolétaires, dit-on, devient menaçant ! Eh bien ! c?est aux propriétaires qu?il faut crier : « Le travail diminue, la mendicité s?accroît ! Améliorez vos terres pour occuper les bras inactifs ; multipliez les écoles rurales, pour amoindrir le nombre des vagabonds ; les associations de bienfaisance pour assurer la famille de l?homme laborieux contre l?accident qui peut, en le privant quelques mois de travail, le réduire toute sa vie à la misère. »

Il faut que la propriété, sous peine de destruction, se retranche derrière toutes les institutions utiles et bienfaisantes.

emile girardin.

(Extrait du Journal des connaissances utiles.)

 

 

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