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7 octobre 1832 - Numéro 50
 
 

 



 
 
    
 AU REDACTEUR.

Nous publions la lettre d?un marchand fabricant dont nous avons parlé dans notre dernier numéro ; l?auteur s?étant fait connaître à nous.

Lyon, 24 septembre 1832.

Monsieur,

J?ai lu dans vos derniers numéros plusieurs articles traitant des discussions élevées sur les tirelles et le laçage des cartons. Je vous adresse mes observations, et si vous les croyez utiles, vous en tirerez parti ; je fais fabriquer les articles marabout, mouchoirs, écharpes, robes ; je fabrique également des courons façonnés gros de Naples, satins et autres.

J?ai toujours suivi la règle de donner 15 grammes de tirelles en outre pour les marabouts, mouchoirs ; je reçois à chaque coupe une tirelle légère pour faciliter l?aprêt, en outre, le déchet usuel. Presque tous les maîtres que j?occupe sont en avance de soie, et cependant ceux qui tissent le marabout avancent plutôt moins et recueillent moins de leurs avances, parce que le prix du cru est moindre que celui du cuit, et aussi parce que malgré toute bonne foi, il arrive quelques fois que, pressé, on est obligé de donner le marabout arrivant du moulin et chargé d?humidité ; il m?est arrivé plus d?une fois de balancer des comptes où le maître eût été lézé par ce fait sans qu?il y eût aucune mauvaise intention.

Il est de toute justice que cet ancien réglement de la fabrique soit maintenu, le déchet et la tirelle sont des primes favorables au maître et même au marchand, car dans les fabriques particulières où cet encouragement n?existe pas, toute surveillance ne parviendra jamais à empêcher une perte de soie bien plus considérable : les faits sont faciles à citer.

J?ajouterai aussi que les localités produisent des différences ; j?ai occupé plus d?un maître qui avançait beaucoup dans tel appartement, et changeant de local avançait beaucoup moins, et vice versa ; mais quelques maîtres avanceraient sans déchet et sans tirelle ; ce sont des exceptions qui ne doivent point faire enfreindre les réglemens.

Quand au laçage des cartons, j?ai adopté la décision du conseil ; car il est juste que des cordes qui deviennent notre propriété soient à nos frais, le maître doit seulement les entretenir durant qu?il s?en sert.

Tous ces réglemens seront sans doute adoptés par le conseil des prudhommes, afin que, dans tous les cas, le maître obtienne leur rigoureuse exécution.

C?est avec plaisir que je vous adresse mes observations, je ne désire rien tant que l?extirpation de l?abus, mais pour y parvenir, il ne faut aigrir personne ; car tel gens de bonne foi se méfiant les uns des autres, ne se comprennent pas. Je me plais à vous dire que j?aperçois dans vos colonnes moins de fiel qu?à votre début, remplissez votre mission conciliatrice, et vous trouverez le concours de tous les amis du bien.

[3.2]Je garde l?anonyme, parce que je ne veux point m?étendre en discussion ni en réponses, et que je vous fais part de ma conviction avec certitude, qu?il me faudrait bien des faits pour la détruire et non des paroles.
Un marchand fabricant.

 

 

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