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28 octobre 1832 - Numéro 53
 
 

 



 
 
    
L’EUROPÉENi,1

journal des sciences morales et économiques.

Au nombre des journaux qui ont compris la mission de la presse dans ce siècle positif en même temps que progressif, nous devons citer l’Européen. Depuis dix mois qu’il existe, il a abordé avec une franchise toute républicaine les questions les plus vitales de l’économie sociale et les a toutes résolues avec autant d’énergie que de science. Aujourd’hui, il désirerait devenir politique et il s’adresse avec une noble confiance aux amis de la presse. Nous ne doutons pas que s’il parvient à son but, il ne porte dans les questions politiques la même clarté, la même hardiesse, le même patriotisme dont il a fait preuve dans les questions non moins graves, qu’il a pu traiter jusqu’à ce jour.

Pour parvenir à son but, l’Européen propose la création d’actions de mille fr., divisibles en coupons de 250 fr. Chaque action donnera droit à un abonnement gratuit. Lorsque le journal dépassera ses frais (jusque-là [8.1]la rédaction continuera d’être gratuite), les bénéfices seront employés, savoir : un tiers au remboursement du capital des actions ; un tiers à la rédaction, et le dernier tiers sera distribué au marc le franc entre les actionnaires.

Nous faisons des vœux sincères pour la réussite de cette entreprise. Nous affirmons, en conscience, que l’Européen rédigé dans le sens et de la manière dont il l’a été jusqu’à ce jour, serait en abordant la politique, un rival redoutable pour le National, la Tribune et les autres journaux patriotes. Comme nous n’avons pas la prétention d’être crus sur parole, voici un extrait de son prospectus, en parlant de l’opposition :

« Ce qui lui a manqué, ce qui lui manque encore, c’est de dire pourquoi elle existe, ce qu’elle prétend obtenir… L’Européen est venu pour affirmer partout où l’on doute. Son premier principe a été que le gouvernement représentatif avait été institué comme instrument de progrès, dans l’intérêt du peuple et non comme moyen d’équilibrer des forces hostiles. Il a adopté les mots : liberté, égalité, fraternité universelle. Pour lui la liberté, c’est la possibilité pour chacun de choisir entre le bien et le mal. Or, la masse des hommes est liée au serrage du salaire ; elle n’est pas libre : l’égalité n’est pas seulement la négation des droits de naissance, c’est en fait, l’association : la fraternité universelle, c’est la fédération européenne. Nous avons vu la nation divisée en deux classes, les hommes de loisir et les hommes de travail ; les égoïstes qui consomment et les dévoués qui produisent ; les exploitans qui gouvernent et les salariés qui souffrent. Nous avons pensé qu’il fallait travailler et détruire cette opposition et non à la maintenir. Nous avons proposé les moyens de la faire disparaître successivement en améliorant la condition des classes pauvres, etc., etc. »

Ceux qui voudraient concourir à cette œuvre patriotique, pourront, pour de plus amples renseignemens, s’adresser au bureau de l’Echo, ou écrire franco à M. Varagnat, rédacteur-gérant de l’Européen, rue Chabannais, n° 8, à Paris.

Notes (L’EUROPÉEN,)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

 

 

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