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4 novembre 1832 - Numéro 54
 
 

 



 
 
    
 AU RÉDACTEUR.

Lyon, 30 août 1832.

Monsieur,

Le mot polymithes (?????) polymitus peut-il remplacer celui de ferrandinier, pour désigner la classe générale des ouvriers en soie ?

Quoi qu?il n?y ait point de synonymes parfaits, il semble, néanmoins, que deux langues se trouvent dans la même langue. Les mots anciens, et les mots nouveaux d?une langue sont synonymes. C?est ainsi que jusqu?alors Ferrandiniers a été regardé comme synonyme des ouvriers en soie, quoi qu?il y ait une grande différence entre ces mots ; le premier, considéré mot collectif, a été adopté parce qu?il est fort inutile d?avoir plusieurs mots pour une idée, et qu?il est avantageux d?avoir des mots particuliers pour toutes les idées qui ont quelque rapport entre elles. On juge de la richesse d?une langue par le nombre des pensées qu?elle peut rendre, et non par le nombre des articulations de la voix. Or les mots : Ferrandinier, satinier, taffetatier, etc., lorsqu?il ne s?agit que de faire entendre l?idée commune, sans y joindre ou sans en exclure les idées accessoires, peuvent être employés indistinctement, puisqu?ils sont tous propres à exprimer ce qu?on veut faire entendre. Mais ils ne peuvent être employés pour exprimer une idée générale, puisque chacun d?eux a une force particulière qui le distingue de l?autre.

La classe générale des ouvriers en soie me parait pouvoir être désignée par le terme polymithes que je propose, parce que dans ce seul mot je trouve plusieurs significations, telles que : fil, trame, tissu, broderie, et par cela même me paraît le plus propre à désigner la classe des ouvriers en soie, sous la dénomination de Classe polymithérienne. Cette expression est une synecdoque, ou si l?on préfère, une métonymie, puisque je donne une signification générale a un mot qui en a quatre particulières.

J?ai l?honneur d?être, etc.

BITRY.

 

 

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