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11 novembre 1832 - Numéro 55
 
 

 



 
 
    
 ASMODEE.

satire hebdomadaire par l. a. berthaud.

Nous avons souvent entretenu les lecteurs d’Asmodée, satire hebdomadaire qu’un jeune lyonnais M. Berthaud, publiait à l’imitation de la Némésis de Barthélemy alors si grand. Tout à coup Asmodée cessa de paraître ; son auteur s’était fait saint-simonien. Nous connaissions trop l’ame candide et patriote du poète, pour ajouter foi aux bruits qui coururent, que son silence était acheté, mais nous gémissions pour lui et pour la société de la perte d’un talent si élevé. Heureusement, il nous est rendu, l’enfant prodigue rentre au logis, amis, il faut tuer le veau gras en signe de réjouissance. Il revient pur de toute souillure, et dans une nouvelle satire intitulée Moi, qui a paru dimanche dernier, il rend compte [7.2]des motifs de son silence ; il se justifie et prouve que son génie n’a pas faibli. Barthélemy, du haut de son trône est tombé dans la fange, sois son successeur, toi, qui te pares du nom de poète prolétaire. Sers la cause du peuple dans tes vers brûlans de patriotisme, mais n’oublie jamais qu’un seul jour de honte efface toute une vie de gloire. Vois Barthélemy et frémis ! Entre dans l’arène, parcours le stade d’un pas vainqueur, renverse en courant tous tes rivaux, atteins le but, et prends la couronne : tu en es digne.

Je ne saurais faire un choix dans cette satire d’une verve peu commune, il faut la lire en entier et applaudir. – Voici les derniers vers :

Oh ! ne m’accusez pas, car je n’ai que vingt ans :
Car mes jours sont encor inconnus dans le temps ;
Et j’ai tout l’avenir pour étendre ma course ;
Goutte à goutte le fleuve est éclos de sa source,
Puis il suit, incertain, des sentiers tortueux.
Quelques milles plus loin il roule impétueux ;
El les flancs à l’étroit dans son lit qu’il tourmente,
Le fleuve souverain veut la mer pour amante.

La deuxième satire paraît aujourd’hui, elle a pour titre la Guillotine. Poursuis, Berthaud, de long-temps les sujets ne manqueront à ta muse, monte quelquefois ta lyre sur le ton de l’épopée, chantes la république et ses mâles vertus ! Les trois journées attendent un Homère, remplis cette tâche glorieuse, mais arrête-toi bien à la troisième ! Célèbre aussi ce Jeanne héroïque, chef de citoyens égarés, mais sublimes.

 

 

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