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25 novembre 1832 - Numéro 57
 
 

 



 
 
    

Un propriétaire philantrope de cette ville a déposé, dans nos bureaux, un prospectus pour l?établissement, à Lyon, d?une maison centrale de fabrique d?étoffes de soie1, au moyen d?actions. D?après cette combinaison, les chefs d?ateliers et ouvriers, ainsi que les commis employés dans la maison, seraient associés et jouiraient, en sus de leurs appointemens et prix de façon, du partage des bénéfices au prorata de leurs mises, soit en capitaux, soit en métiers. Chaque action en numéraire serait de 1,000 fr., et produirait, indépendamment des bénéfices, un intérêt de 4 pour cent. Chaque métier, [7.2]fourni de tous ses accessoires, et prêt à travailler, serait reçu pour une valeur nominale de 1,000 fr., la part de bénéfice revenant à chaque métier serait partagée entre le chef d?atelier et le compagnon.

Nous sommes d?avis qu?un établissement pareil serait extrêmement avantageux à ceux qui le formeraient, et qu?il arrêterait la ruine imminente de notre fabrique déjà fortement ébranlée par la concurrence des fabricans entre eux, et l?esprit de défiance qui se manifeste également chez les fabricans et les ouvriers. Quoique les obstacles qui s?opposent à la réalisation de cette ?uvre philantropique, soient nombreux et difficiles, ils ne nous paraissent pas insurmontables.

Bon nombre de personnes ont déjà souscrit ; celles qui désireraient prendre part à cette association, soit comme capitalistes, soit comme chefs d?ateliers, pourront se présenter au bureau du journal, où un registre est ouvert à cet effet, et un exemplaire des statuts déposé.

Le gérant, BERGER.

Notes ( )
1 Cette institution semble bien viser l?établissement d?une première coopérative de production. En février 1833, un correspondant demandera des nouvelles sur ce projet de maison centrale. Les rédacteurs avoueront son abandon, évoquant l?ambition trop grande du projet (numéro du 24 février 1833). De fait, impulsé tout au long des années 1833-1834 par la propagande fouriériste, ce sera finalement une première coopérative de consommation qui sera expérimentée en 1835 dans le cadre du Commerce véridique. Michel-Marie Derrion en avait détaillé la constitution peu avant dans une série d?articles de L?Indicateur. Journal industriel de Lyon (décembre 1834 ? janvier 1835). Référence : J. Gaumont, Le Commerce véridique et social (1835-1838) et son fondateur Michel Derrion (1803-1850), Amiens, Imprimerie nouvelle, 1935. Plus récemment : D. Bayon, Le Commerce véridique et social de Michel-Marie Derrion, 1835-1838, Lyon, Atelier de création libertaire, 2002.

 

 

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