Retour à l'accueil
2 décembre 1832 - Numéro 58
 
 

 



 
 
    
 REVUE MENSUELLE.

ÉTRANGER.

Antoine Scarpa1, célèbre professeur d’anatomie, est mort le 31 octobre 1832, à Pavie, en Italie.

Oriani2, célèbre astronome, est mort à Milan le 12 novembre.

Belgique. – L’armée française, sous les ordres du maréchal Gérard3, est entrée le 15 novembre, sur le territoire belge, pour forcer le roi de Hollande à évacuer Anvers.

INTÉRIEUR.

Gamon4, ex-conventionnel, est mort à Privas (Ardèche), le 1er novembre courant.

Le célèbre médecin Delpech5 a été assassiné à Montpellier, par un Corse nommé Demptos, le 29 octobre, à deux heures après-midi.

J. B. Say, de Lyon, célèbre économiste, est mort à Paris le 15 de ce mois. Nous lui consacrerons une notice.

Nantes. – La duchesse de Berry a été arrêtée dans cette ville le 7 novembre, avec trois de ses complices, MM. Menars, Quibourg et demoiselle Stylie de Kersabice. Elle a été transférée au château de Blaye, près Bordeaux (Gironde), où elle est arrivée le 15, en attendant qu’il soit décidé sur son sort, par les chambres, conformément à une ordonnance du 8.

Paris. – Institut. Une ordonnance du 26 octobre, sur le rapport de M. Guizot, rétablit, sous le nom d’académie, la classe des sciences morales et politiques que la convention avait créée et que l’empire avait supprimée.6

Justice criminelle. – Une ordonnance, en date du … réduit de moitié le nombre des exécuteurs des arrêts de justice criminelle, et supprime tous les aides dans les départemens autres que ceux du Calvados, de la Corse, de l’Eure, d’Ile-et-Vilaine, de la Manche, du Nord, de l’Orne, du Pas-de-Calais, du Rhône, de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-Inférieure. Cette ordonnance diminue, pour l’avenir, leurs salaires. Elle est précédée d’un rapport de M. Barthe7, qui porte que le nombre des condamnations capitales a été, en 1828, de 114, dont 75 ont été suivies d’exécution ; en 1829, de 89, dont 68 ont été exécutées ; en 1830, de 92, dont 38 exécutées ; et en 1831, de 108, dont 28 seulement ont eu lieu. La même progression décroissante s’est fait remarquer à l’égard de la peine de l’exposition publique : ainsi, à Paris, 338 individus ont été exposés en 1829 ; 282 en 1830, et ce nombre a diminué en 1831.

Idem. – Colonies agricoles8. Une ordonnance du 31 octobre, sur le rapport de M. d’Argout, a nommé une commission à l’effet de préparer le plan d’établissement, en France, d’une ou plusieurs colonies agricoles.

Vainqueurs de la Bastille. – Une ordonnance du 1er novembre, rendue [5.2]en exécution d’une autre ordonnance du 8 mai, accorde à 401 des vainqueurs de la Bastille, une pension viagère de 500 fr., à partir du 1er janvier dernier. Une loi doit être présentée pour convertir en rente viagère ce secours annuel.

Nota. Nous avons remarqué, au nombre de ces nobles restes de 89 : Maurice Vichard, dont nous avons entretenu nos lecteurs dans le n° 21 de l’Echo. Cet homme était traduit comme mendiant devant le tribunal de police correctionnelle, et l’Etat était son DEBITEUR. Si l’espace nous le permet, nous publierons la liste complète de ces honorables citoyens. On la trouve dans le n° 308 du Messager des Chambres (5 novembre 1832).

Décorés de juillet. – Il résulte d’un rapport présenté au roi, par M. d’Argout, que le nombre des combattans morts pendant les journées de juillet, ou par suite de leurs blessures, s’élève à 609. Parmi ceux qui ont survécu, 864 ont reçu de l’emploi comme officiers ou sous-officiers ; 197 dans diverses administrations ; 876 ont reçu des pensions, et 2594 des secours temporaires ; 3831 ont été décorés de la médaille, et 1830 de la croix de juillet.

Sous-officiers décorés de juillet.– Une décision du ministre de la guerre porte que l’art. 60 de l’ordonnance du 26 mars 1816 modifié par l’ordonnance du 23 novembre 1818, et celles de l’art. 305 de l’ordonnance du 13 mai 1818, relatives aux sous-officiers décorés de la légion-d’honneur, seraient applicables à ceux décorés de juillet. Ils ne peuvent être cassés qu’en vertu d’une autorisation spéciale du ministre qui est tenu de prendre les ordres du roi.

Le 19 novembre a eu lieu l’ouverture des chambres. Le roi a prononcé un discours après lequel elles se sont séparées.

Chambres des députés. – Séance du 21 novembre. M. Dupin aîné a été nommé président à la majorité de 234 voix sur 376 votans. M. Laffitte, son concurrent, a eu 136 voix.

Séance du 22 novembre. – MM. Bérenger9, Etienne, Benjamin Delessert10 et Schonen11 ont été nommés vice-présidens. Le premier a eu 270 voix, le second, 255, le troisième, 194, et le quatrième 179. – MM. Cunin-Gridaine12, Ganneron13, Martin-Dunord14 et Félix-Réal15 ont été nommés secrétaires.

Coup de pistolet tiré sur le roi. – Cet événement a eu lieu au moment où il allait ouvrir la session, le 19 novembre. On est à la recherche de son auteur.

Garde nationale. – Un comité consultatif a été créé par ordonnance du 21 novembre.

Châlons-sur-Saône. – La garde nationale de cette ville vient d’être dissoute, par ordonnance du 17 novembre.

Riom. – MM. Dervieux et Perrenon, accusés d’avoir voulu renverser le gouvernement lors des journées de novembre, viennent d’être acquittés par le jury de Riom, après cinq minutes de délibération.

LYON.

La passerelle du pont St-Vincent a été livrée au public le 1er novembre.

Le cours d’histoire gratuit de M. Savagner, ex-professeur au lycée, a été prohibé le 25 novembre. C’était la quatrième séance.

Le même jour, la police a fait apposer les scellés sur une salle, rue Masson, n° 17, où MM. Germain et Romano, saints simoniens, donnaient des leçons gratuites de mathématiques aux ouvriers.

La quatrième livraison d’Asmodée, satire hebdomadaire et en vers, de M. Berthaud, intitulée au roi, a été saisie. Le succès de cette entreprise littéraire va toujours croissant.

L’élection des officiers et sous-officiers de la garde nationale sédentaire a commencé le 1er de ce mois.

Eu vertu d’une ordonnance du 17 octobre, le péage du pont de Serin est perçu, à compter d’hier, au même taux que les autres.

Nota. Nous avons omis un grand nombre de nouvelles sans doute peu importantes, mais qu’il aurait convenu de conserver. Cela ne nous arrivera plus. Nous sommes en mesures et nous publierons toutes les deux semaines une revue quindecimale. Ne pouvant avoir la primeur des nouvelles, nos lecteurs auront au moins l’avantage de n’en avoir que d’exactes, et par conséquent entrées dans le domaine de l’histoire.

Notes ( REVUE MENSUELLE.)
1 Antoine Scarpa (1752-1832), anatomiste italien.
2 Barnabus Oriani (1752-1832), astronome et cartographe italien.
3 Il s’agit du maréchal Étienne-Maurice Gérard (1774-1852).
4 François-Joseph Gamon (1767-1832), député de l’Ardèche à la Convention.
5 Jacques-Mathieu Delpech (1777-1832), médecin et anatomiste français.
6 Supprimée en 1803 par Napoléon, la classe des sciences morales et politiques venait d’être restaurée par décret par Louis-Philippe sous la pression de son ministre de l’instruction François Guizot. Elle était divisée en cinq sections : philosophie ; morale et législation ; droit public et jurisprudence ; économie politique et statistique ; Histoire générale et philosophique.
7 Félix Barthe (1795-1863), député puis ministre de l’Instruction publique puis de la Justice au début de la monarchie de Juillet.
8 L’essor industriel pendant la monarchie de Juillet favorise l’essor d’un prolétariat urbain porteur d’émeutes et de révoltes. Les classes laborieuses sont perçues comme des classes dangereuses. L’idée selon laquelle il faut éloigner les enfants des dangers de la ville, et favoriser leur placement dans le monde rural, se développe assez vite. Cette circulaire du ministre d’Argout avait envisagé que les mineurs acquittés de l’article 66 du Code pénal puissent être considérés comme des enfants de l’assistance publique et placés dans des familles rurales pour y être élevés. Ces enfants échappaient à la prison mais l’expérience fut semble-t-il très éphémère. De cette circulaire d’Argout, Demetz, magistrat qui présida au début de la monarchie de Juillet le tribunal de police correctionnelle de la Seine et fonda la première colonie agricole, retiendra surtout la référence au monde rural, mais il substituera au placement dans une famille la création d’une institution. C’est dans ce contexte que s’élaborera, en particulier en 1839, le projet de colonie de Mettray. La colonie sera destinée aux enfants vagabonds et délinquants acquittés par les tribunaux. Mettray illustrera la formule de C. Lucas : « Sauver le colon par la terre et la terre par le colon ». Voir : J. Bourquin et E. Pierre, (dir.), La Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, Paris, l’Harmattan, 1997.
9 Alphonse Bérenger (1785-1866), alors député de la Drôme.
10 Benjamin Delessert (1773-1847), lyonnais d’origine, connu pour son action en faveur des caisses d’épargne, député de Maine-et-Loire au lendemain de Juillet.
11 Augustin Schonen (1782-1849), alors député de Paris.
12 Laurent Cunin-Gridaine (1787-1859), député puis plus tard ministre de l’Agriculture de Louis-Philippe (1840-1848).
13 Auguste Ganneron (1792-1847), député de la Seine.
14 Nicolas Martin (1790-1847), député du Nord à partir de 1830.
15 Félix Réal (1792-1864), alors député de l’Isère.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique