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4 décembre 1831 - Numéro 6
 
 

 



 
 
    
UN MOT SUR M. DU MOLART, PRÉFET DU RHONE1.

Nous n'avons jamais blâmé l'autorité, nous ne l'avons point flattée ; ce n'est pas là notre affaire. Nous laissons aux feuilles politiques le soin de fouiller dans les actes da l'administration, ce qui a trait aux catégories de résistance ou de mouvement, d'extrême ou de juste-milieu2; notre mission est tout industrielle ; et, si nous avons montré les opinions politiques que nous professons, c'est [3.2]moins pour plaire à cette administration que pour apprendre aux partisans de la dynastie déchue, qui certes ne sont ni nombreux, ni influens dans notre ville, que nous aurions été les premiers à prendre les armes pour défendre la dynastie de juillet. Mais nous ne pouvons passer sous silence les calomnies dirigées par quelques négocians contre le premier magistrat du département, calomnies d'autant plus atroces, qu'on l’a montré comme favorisant des projets factieux ! Pourrait-on accuser M. Du Molart d'être l'ennemi du gouvernement établi ?3 Homme vertueux, sorti de sa retraite pour administrer notre département, n'ayant porté qu’une seule cocarde, celle qui brille aujourd'hui à nos chapeaux ; pourquoi chercherait-on à jeter du blâme sur sa conduite ? Serait-ce parce M. le préfet avait osé soulever le voile de l'égoïsme ? serait-ce parce que son ame généreuse avait résolu de fermer les plaies de la misère ? serait-ce parce que ses actions s'accordent avec son ame ? serait-ce enfin parce que, nommé par le Roi-citoyen, il avait compris sa mission, et mérité, par sa popularité, le titre qui devrait être envié par tous les magistrats, de père des ouvriers ? M. le préfet Du Molart est en paix avec sa conscience, et si, par une conduite toute généreuse, il a encouru la disgrâce de quelques hommes, il en est dédommagé par l'amour et la reconnaissance d'une immense population.

Notes (UN MOT SUR M. DU MOLART, PRÉFET DU RHONE.)
1 L’auteur de ce texte est Joachim Falconnet d’après la Table de L’Echo de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 Sous la Restauration le « juste milieu » ralliait les partisans du libéralisme et de la Monarchie Constitutionnelle, opposés aux « Ultras », légitimistes d’opinions extrêmes. Après 1830, Le « juste milieu » désigne également la politique modérée et bourgeoise suivie dès le ministère Casimir Périer.
Au début de la Monarchie de Juillet on pouvait distinguer le parti du « mouvement » et celui de la « résistance ». Le « mouvement » avait été au pouvoir jusqu’au mois de mars 1831 avec le ministère Lafitte. Ses partisans estimaient que la Charte d’août 1830 n’était qu’une étape vers un régime plus démocratique et ils étaient favorables à toutes mesures permettant l’extension du droit de vote. Sur le plan extérieur ils étaient favorables à un politique d’aide en faveur des nationalités cherchant alors à se dégager des tutelles étrangères.
Le parti de la « résistance » estimait en revanche que l’essentiel avait été accompli avec la Charte de 1830. En décembre 1831 il était alors au pouvoir avec le ministère Casimir Périer et le demeurera plus solidement encore avec le ministère Soult (1832-1834).
3 Le 6 décembre Bouvier-Dumolart sera rappelé à Paris par Casimir Périer pour rendre compte de sa conduite pendant l’insurrection. Il publiera à Paris en 1832 un Compte-rendu des évènements qui ont eu lieu à Lyon au mois de novembre 1831 peu après réédité à Lyon sous le titre, Relation de M. Bouvier du Molart, ex-préfet du Rhône, sur les évènements de Lyon, Lyon, Bureau du Journal du Commerce.

 

 

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