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2 décembre 1832 - Numéro 58 |
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A M e AUGIER, AVOCAT. 1
Avocats ! Médecins ! il est vrai de dire qu’on vous trouve en majorité sur le chemin de l’honneur et de la liberté ! Cela console et soutient la classe prolétaire. – l’Echo n° 21, Vichard, etc. Notre clameur de haro n’a pas été perdue. Nous savions bien que les avocats, défenseurs habituels de leurs concitoyens, ne souffriraient pas qu’un tribunal, quel qu’il fût, se mît au dessus de la loi. Notre attente est remplie, nous n’espérions pas moins. La presse avait fait son devoir ; après avoir parcouru toutes ses limites, elle avait jeté un cri d’impuissance… Vous vous êtes présenté, Me Augier, fort de votre caractère, de votre droit incontestable, de la gravité de la cause, du vœu de toute une population, de celui des huit prud’hommes qui représentent la classe ouvrière… Vous avez noblement accepté un combat singulier avec l’arbitraire : l’arbitraire sera vaincu… Maintenant ce n’est plus notre affaire ; c’est la vôtre, Me Augier : vous et vos confrères êtes personnellement intéresses dans ce débat ; car on nous a dit que vous étiez tous solidaires… Me Augier, est-ce par ignorance de la loi ? est-ce par révolte contre elle que vous vous êtes présenté pour plaider devant le conseil des prud’hommes ? Dites ! un homme public doit compte de ses démarches… D’autres sont dans le cas de vous imiter… les auriez-vous induits en erreur ?… Vous vous devez à vous-même, vous devez à vos collégues, vous devez à la société la justification complette de votre conduite… Tant pis, si elle ne peut se faire qu’aux dépens de ceux qui ont refusé de vous entendre ! de vous entendre même sur [1.2]la question de savoir s’ils avaient le droit de refuser. Vous ne souffrirez pas, dans l’intérêt public, que le droit sacré de la défense ait été impunément violé dans votre personne. Vous ne déserterez pas la noble cause de la justice. Avocat ! la cause est grave : cent mille justiciables du conseil des prud’hommes vous attendent ; une tribune vous est ouverte dans notre journal. Jamais vous n’eûtes plus belle cause ni plus nombreux auditoire !
Paix aux hommes de bonne volonté.1 Il y a près de deux mille ans que le fils de Marie adressa ces paroles d’un grand sens, aux pharisiens et docteurs de la loi : Paix aux hommes de bonne volonté, c’est-à-dire indulgence et pardon à l’erreur ; car l’erreur, plus à plaindre qu’à blâmer, est trop souvent le partage de l’homme ici-bas ; mais guerre à ceux qui ferment les yeux pour ne pas voir, l’oreille pour ne pas entendre. Ainsi, nous avons cru long-temps que les prud’hommes-négocians étaient de bonne foi dans leur refus d’entendre M. Tiphaine, lorsqu’il se présenta assisté de deux ouvriers. Eh ! qui ne l’aurait cru, à voir l’imperturbable sang-froid, ou pour mieux dire la bonhomie avec laquelle le président opposait l’article 19 du décret du 11 juin 1809. On pouvait bien l’accuser non-seulement de l’appliquer d’une manière judaïque, mais encore de ne pas savoir le lire ; car cet article ne dit nullement ce qu’on veut lui faire dire ; mais personne ne pouvait suspecter la bonne foi d’hommes estimables, d’ailleurs comme négocians. Leur aveuglement comme magistrats pouvait ne pas être incurable. Il a été dit, quelque part, qu’il n’y avait de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, ajoutons qu’il n’y a pas d’aveugle tel que celui qui ne veut pas voir. Nous en avons fait l’essai. Après avoir personnellement rempli le devoir d’éclairer M. le président sur son erreur, et les suites qu’elle pourrait avoir, n’obtenant rien de cette démarche de convenance, nous dûmes l’attaquer de front dans le journal institué pour la défense des ouvriers. Nos confrères, avertis par nous, furent unanimes sur ce sujet. La presse indépendante lyonnaise n’eut qu’une voix, et le silence du Courrier de Lyon fut peut-être encore plus expressif. Le Temps [2.1]lui-même, journal grave et hors de tous intérêts de localité, se prononça dans le même sens, c’était certes beaucoup, mais pas assez pour nous. Nous pensâmes devoir nous éclairer des lumières du barreau. MM. Chanay et Charassin, consultés, donnèrent un avis motivé en faveur de la libre défense. Leur mémoire, inséré dans le Précurseur et l’Echo de la Fabrique, méritait au moins l’honneur d’une réponse. Déjà le rédacteur en chef de l’Echo avait soutenu une polémique à ce sujet avec M. Gamot, prud’homme, et D....., ancien membre du conseil, et à ses argumens il n’avait rien été répliqué. La raison était donc de son côté et de la thèse qu’il défendait. Il y a mieux : un homme célèbre, comme député et comme avocat, informé de ce débat et prié de donner son avis, se prononça en faveur du droit d’assistance, dans une lettre que nous avons rendue publique. M. Odillon-Barrot éprouva le même dédain qu’avaient subi, sans en être offensés, MM. Chanay et Charassin. L’Echo ne perdit pas une occasion d’attaquer le conseil à ce sujet, afin de l’amener à une explication dont l’issue n’eût pas été douteuse ; le conseil resta impassible. L’amour-propre seul, ce tyran des petites ames était-il en jeu ? ou bien la crainte aristocratique de voir surgir et s’élever, sous le titre d’agens d’affaires, des hommes nouveaux, libres de tout esprit de corporation, affranchis de tous priviléges et monopoles2 ; cette crainte, vraiment odieuse dans notre âge d’émancipation, était-elle le motif dirimant qui engageait le conseil à persister dans sa voie arbitraire ? Des hommes bien intentionnés, mais faibles d’esprit, ont pu le croire. Qu’ils soient détrompés ! Une occasion vient de se présenter, occasion honorable pour le conseil de revenir sur ses pas, et de mettre fin à un scandale trop prolongé. Une question grave était pendante, question si tellement grave que son application, dans d’autres temps, fut le signal de la guerre civile et de l’émigration d’un grand nombre de nos ouvriers. Question si tellement grave, que M. le président avait cru devoir prendre lui-même, ou s’était fait remettre par le négociant-défendeur la consulte écrite d’un avocat. Eh bien ! dans cette affaire, dont l’examen méritait une discussion approfondie, un autre avocat, assisté du client, se présente pour plaider. On refuse de l’entendre… Justement étonné de ce déni de justice, auquel nos mœurs ne sauraient se plier, cet avocat demande à plaider l’incident. Voyez jusqu’où peuvent aller l’omnipotence du pouvoir discrétionnaire ! M. le président, sans consulter ses collégues, refuse encore ; et pourquoi ? Savez-vous si la plaidoirie de Me Augier, sur cette question préjudicielle, n’eût pas convaincu les membres dissidens, ou savez-vous s’ils ne veulent être convaincus en aucune façon, ou bien encore est-ce vous seul qui ne voulez pas qu’ils soient convaincus ?… Me Augier a dû céder à la force ; déjà sans doute l’huissier attendait le signal pour porter ses mains sur lui, s’il eût voulu comme il en avait le droit, et peut-être comme c’était son devoir, protester contre l’arbitraire. C’eût été un beau spectacle ! Interjettez appel, a-t-on dit ! Et si le client n’a pas de quoi soutenir un procès ! On spécule sur la misère du pauvre ouvrier ! Infamie ! Oh ! nous ne croirons plus à votre bonne foi, vous qui fermez les yeux pour ne pas voir, l’oreille pour ne pas entendre ! vous qui ne voulez pas qu’on vous éclaire ! Paix aux hommes de bonne volonté ! guerre a tous les autres !
INCONVENANCE DU VOTE des Prud’hommes étrangers à la fabrique des étoffes de soie,
Dans les affaires spéciales à cette fabrique.1 [2.2]Nous aurions désiré nous dispenser de traiter cette question que notre devoir nous force d’aborder ; car il répugne toujours de paraître faire une question de personnes de ce qui, quant à nous, n’est qu’une discussion de principes. Il n’y a rien de personnel dans tout ce que nous allons dire, ni de désobligeant pour MM. les prud’hommes des sections autres que celles de la fabrique d’étoffes de soie. Cette explication faite, nous entrons en matière : Pour bien se rendre compte de l’inconvenance du vote des prud’hommes étrangers à la fabrique d’étoffes de soie, dans les questions qui lui sont spéciales, quelques observations sur les conseils de prud’hommes en général paraissent nécessaires. Nous examinerons de quelle nature sont ces tribunaux institués pour certaines industries, et nous chercherons pourquoi ils ont été établis, afin d’arriver à connaître, si dans leur composition actuelle, ils remplissent le but qui leur était assigné dans les prévisions législatives. Les conseils des prud’hommes sont des tribunaux d’exception ; ils sont à la fabrique et à certaines industries, ce que les tribunaux de commerce sont au commerce en général. En créant des tribunaux spéciaux, les législateurs ont eu pour but, non seulement de décharger d’autant les tribunaux ordinaires, et leur faciliter l’expédition des affaires qui naissent chaque jour au sein de cités populeuses, mais encore d’abord de faire juger, par leurs pairs, les hommes de certaines professions, et ensuite principalement de se dispenser de recourir à des expertises longues et ruineuses, en donnant à certaines affaires des juges experts habitués à en traiter pour leur propre compte de semblables. C’est en quelque sorte l’introduction du jury dans les procès civils, et une réminiscence confuse de la loi primitive du talion. Nous ne doutons pas que telle ait été l’intention de ceux qui les premiers ont réclamé l’établissement de tribunaux spéciaux. Aussi dans cet établissement ; s’est-on, avec raison, plus occupé de la matière que des personnes. Ces dernières sont restées soumises à l’empire du droit civil ordinaire, toutes les fois qu’elles n’ont pas eu à répondre sur des causes étrangères à la vie commune. Peu importe, par exemple, qu’un homme soit ou non négociant, ce n’est pas dans sa qualité qu’un tribunal de commerce ira chercher une base à sa compétence ; il ne s’enquerra que de l’acte en lui-même, soumis à son jugement. Deux hommes peuvent plaider à la fois devant les diverses juridictions de la manière suivante : Supposons un négociant et un chef d’atelier. Ils peuvent, le même jour, plaider devant le tribunal de commerce sur une lettre de change, devant le conseil des prud’hommes sur le réglement de leur compte, à la justice de paix sur le paiement d’une somme de 100 fr., et au tribunal civil sur le partage d’une succession qui leur serait échue. La justice de paix et le tribunal civil, voila les deux tribunaux ordinaires, car ils jugent toutes les contestations qui peuvent s’élever, le tribunal de commerce et le conseil des prud’hommes sont au contraire deux tribunaux exceptionnels ; ils ne jugent chacun, que des matières qui leur sont spécialement [3.1]soumises, et qui ont été distraites de la compétence des deux premiers, par la volonté seule de la loi, et non par la nature même des choses. (La suite au prochain numéro.)
MAISON CENTRALE
de fabrique d’étoffes de soie. Lundi, 26 novembre dernier, plusieurs chefs d’ateliers se sont réunis dans les bureaux de l’Echo, pour les opérations préliminaires à l’établissement de la maison centrale de fabrique d’étoffes de soie, sur laquelle nous avons appelé l’attention des lecteurs dans notre dernier numéro. Ils ont nommé une commission provisoire de quinze membres, qui s’est immédiatement constituée par la nommination d’un président, d’un secrétaire et d’un trésorier, et a commencé ses fonctions gratuites le jeudi suivant. Nous entretiendrons plus amplement nos lecteurs de cette entreprise industrielle qui, si elle réussit, comme tout donne lieu de le croire, réalisera sans secousse, pour la société, un problème regardé jusqu’à ce jour comme insoluble. Nous invitons tous les chefs d’ateliers à venir au bureau prendre connaissance des statuts provisoires de cette association.
SOUSCRIPTIONS
En faveur des blessés, des veuves et orphelins de novembre 1831. M. Cesmate, cabaretier à Caluire, a versé le montant d’une collecte faite par lui, montant à : 15 f 15 c MM. Coste et Cousin, rue des Capucins : 10 f Total : 25 f 15 c Cette somme a été distribuée à plusieurs blessés. Une collecte, faite par divers chefs d’ateliers et autres, a produit : 598 f Une autre collecte, faite à l’église de la Croix-Rousse, a produit : 92 f Total : 690 f Cette somme a été distribuée entre les veuves, orphelins et blessés de novembre. Nous avons déjà reçu plusieurs souscriptions mensuelles. Nous ne saurions trop recommander aux chefs d’ateliers et philantropes ce mode de souscription, le seul qui puisse assurer une existence aux malheureuses victimes de cette époque. Toutes les autres ne peuvent produire qu’un soulagement momentané. Le gérant, BERGER.
CONCOURS.
Un apprenti ouvrier en soie nous écrit pour proposer le mot de tissandier ; M. V…. propose celui de politisseur, formé du mot grec poli, plusieurs, et du mot français tisseur, c’est-à-dire tisseur de plusieurs choses. Il nous fait observer que ce mot, qui a une affinité complète avec ceux de polytechnique, polygraphie, etc., et par conséquent est déjà entré dans la langue actuelle, doit remplir les exigences du concours, étant à la fois générique, complet et euphonique, et qu’il est préférable à ceux de polimithe, trop abstrait, et de omnitisseur qui n’est pas exact. M. Beaulieu propose le mot de orientalin, [3.2]dans le cas où l’on ne voudrait pas conserver celui de cannu, dont il donne l’étymologie dans une lettre qui sera insérée dans le prochain numéro. Nous donnons ci-après la lettre de M. Méziat, que nous avons promise, et celle de M. Beaulieu, sur l’importance de l’étymologie des noms collectifs, généraux et partitifs. Nous donnerons dans le prochain numéro une seconde lettre de M. Méziat, avec celle de M. Beaulieu, annoncée ci-dessus, et nous réitérons l’avis que la commission s’assemblera incessamment.
AU RÉDACTEUR.
Lyon, 12 novembre 1832. Monsieur, Je viens de lire, dans une lettre signée un veloutier (Echo n° 54), une observation sur une règle générale à appliquer en néologie ; elle m’a paru juste, quoi qu’on n’en doive pas toujours tirer une induction absolue, puisque dans notre langue on trouve des cas exceptionnels à cette règle. Cependant, pour me conformer à l’usage reçu, je viens joindre au mot tissericien celui de tissericier ou de tissericeur ; tous les trois sont formés avec les racines des mots : Tisseur et sericum, et présentent la parfaite étymologie de tisseurs d’étoffes de soie, ou de serica, tisseurs en soie ; ils réunissent les qualités exigées, car ils sont simples, euphoniques et complets. Quant au mot tisseur que vous proposez d’adopter, je suis loin de l’approuver ; car on peut tisser de la laine, du laiton, du chanvre, de l’osier, etc. Il en est de même de soieriniers, etc., puisqu’il pourrait s’appliquer à celui qui file les cocons, qui éprouve le titre des soies, etc. Il faut un nom complet qui désigne celui qui passe la navette, qui remplace celui de canut. Je soumets ces observations au jugement éclairé des membres de la commission, et suis bien persuadé qu’ils n’agiront que dans l’intérêt de la science. Dans le cas où ces Messieurs voudraient un nom qui désignât en général la classe des ouvriers en soie, je leur rappelle le premier mot que j’ai le premier offert, séricarien, en lui appliquant la règle en néologie dont j’ai parlé plus haut. Agréez, etc. MEZIAT.
AU MÊME.
Monsieur, Ainsi que je l’ai promis dans ma précédente lettre, je vais remplir mes engagemens, puisque vous pensez que ces observations peuvent jeter quelques éclaircissemens utiles. Je commencerai donc, comme je l’ai indiqué, à parler de l’importance de l’étymologie des noms, en me renfermant cependant dans le sujet dont il est question, et en n’en donnant qu’une idée générale, et sous le rapport du mot qui nous occupe. Etymologie : ce mot est dérivé du grec ; ses racines sont : ety, qui dépend, mologie, parole, c’est-à-dire parole dépendante d’une autre, ou analogue à une autre d’un même sens. L’étymologie est fille de l’origine ; et pour établir combien sa conservation peut être utile, on remarquera que c’est elle qui est la clé qui nous ouvre l’histoire des siècles passés ; puisqu’elle nous conduit jusqu’à découvrir l’origine, comme on le verra en parlant des mots orientalis, byssus ou satin, qui sont les mots dont les anciens se servaient pour indiquer la soie et sa fabrication. L’étymologie des noms s’établit de trois manières. La première, fondée sur la nature même des choses, se crée par l’effet que produit sur nos sens l’apparence de cet objet même exprimé d’après la signification du langage dont on se sert, pour établir ce nom, tels que brute, naïf, etc. La deuxième manière, par l’analogie ou ressemblance avec quelque autre objet primitif, tels que printemps de la vie, glace de miroir, etc., et tout ce qui rentre dans l’explication des tropes. La troisième, par une dénomination fantastique, venant souvent du nom de celui qui crée la forme de l’objet, tels que quinquet (de Jean Quinquet, inventeur de ces sortes de lampes.) Souvent, du nom d’un pays, d’une ville, etc., tels qu’un Elbeuf, un Sedan, un Florence, pour des étoffes fabriquées primitivement dans ces villes, etc. D’après l’aperçu de ces citations, on voit que l’étymologie, prise dans sa signification primitive, a un sens dont la conservation est d’autant plus essentielle qu’elle sert à maintenir un rapport dans nos idées, ce qui est le moyen de transmettre d’âge en âge des expressions intelligibles, qui, si elles étaient changées arbitrairement, causeraient un désordre dans l’interprétation, dont le résultat pourrait nuire à l’intérêt de chaque individu, ou à ceux de la société. [4.1]Quant aux noms collectifs, généraux ou partitifs, que la grammaire définit, ils sont originaires d’une langue dont le caractère était d’exprimer beaucoup de choses en peu de mots. Telle est la langue grecque, la langue chinoise, et presque toutes les langues orientales. Par exemple, le mot armée, du mot armes réunies, ce mot, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, a dû être le mot primitif d’un peuple qui, le premier, s’était réuni pour sa défense. Monsieur le rédacteur, si vous jugez ces citations suffisantes sur l’étymologie, dans un autre article j’aborderai celles indiquées dans le troisième sujet de ma précédente. Agréez, etc. BEAULIEU, professeur de français.
CONSEIL DES PRUD’HOMMES.
Audience du 27 novembre, (présidée par m. goujon.) Le conseil vient de prononcer dans l’affaire des sieurs Garcin et Berger, un jugement auquel se rattachent plusieurs points essentiels de la jurisprudence. *** Première question. – Un négociant a-t-il le droit de fixer le déchet des matières laines et coton, au dessous de 45 gr. par kil., lors même qu’il a écrit en tête du livre du maître, convenu et d’accord à 30 gr. par kil. – R. Non. Le déchet des matières laine et coton ne peut être fixé au dessous de 45 gr. Le sieur Garcin, chef d’atelier, expose au conseil que le sieur Berger ne lui a porté ses déchets qu’à 30 gr. par kil., et demande qu’ils soient portés à 45 gr. Il réclame en outre que ses avances lui soient payées à 6 fr. 50 cent. le kil. Il appuie cette dernière réclamation sur ce que le sieur Berger a fait payer ce prix à un de ses ouvriers, qui était en solde. Il invoque la règle d’usage, qui veut que les avances et les soldes soient fixés au même prix. Le sieur Berger dit être très étonné de la demande que lui fait le sieur Garcin, qu’elle ne peut être dictée que par esprit de vengeance, ayant refusé de continuer à lui donner de l’ouvrage. Il présente au conseil, ainsi que le sieur Garcin, ses livres sur lesquels sont écrites les conventions, moyennant lesquelles il a donné de l’ouvrage. De plus, il affirme et offre de prouver que le prix des avances et des soldes est fixé dans son magasin, à 5 fr. ; que tous ses livres sont réglés à ce prix, à l’exception d’un seul, où il s’est cru en droit de se faire payer une solde de 6 fr. 50 c. le kil., exception qui, dit-il, ne saurait être considérée comme la règle de sa maison. Le sieur Garcin repousse les allégations du sieur Berger, comme mensongères, et déclare avoir de son plein gré refusé son ouvrage, parce que d’après les différentes réclamations qu’il lui avait faites, il s’était vu dans l’impossibilité de continuer à travailler pour lui à des conditions si onéreuses. Après une délibération fort animée, le conseil a rendu un jugement ainsi conçu : « Attendu que la dernière pièce n’a pas été réglée depuis un mois, le déchet sera porté sur cette pièce à 45 gr. par kil., ainsi qu’il a été décidé précédemment ; « Attendu que le prix des matières est payé par le sieur Berger, 5 fr. Le même prix sera payé au sieur Garcin. »i [4.2] *** Deuxième question. – Le négociant doit-il une indemnité au chef d’atelier, lorsque ce dernier ayant reçu une disposition, en commence l’exécution, et qu’ensuite cette disposition lui est retirée. – R. Oui. Une indemnité est due toutes les fois que la chose commandée a eu un commencement d’exécution et a occasionné une perte de temps. Cette question vient d’être décidée ainsi sur la demande du sieur Déal, chef d’atelier, contre le sieur Lupin, négociant. Ce dernier a été condamné à payer 10 fr. d’indemnité et aux dépens.
i Nous croyons devoir nous arrêter sur les principes qui ont paru servir de base à la jurisprudence du conseil dans ce jugement. Le conseil accorde au chef d’atelier un mois pour réclamer, après le réglement définitif des comptes, soit de matières, soit celui des prix de façons. Passé ce délai, il y a prescription, sauf erreur et omission. Le conseil, en se fondant pour décider ainsi sur l’édit désastreux de 1744 et non sur le droit civil, nous paraît être dans l’erreur. Nous ne saurions trop nous élever contre le refus que dans la dernière audience le conseil a fait, d’entendre la plaidoirie de Me Augier, sur cette importante question. Ce déni de justice est un scandale que nous rappelerons toujours. En décidant que le déchet de 45 gr. serait alloué seulement sur la dernière pièce, le conseil n’a pas voulu donner de la rétroactivité à ses décisions, attendu que les autres pièces auraient été fabriquées a une époque antérieure, nous croyons qu’il aurait pu mieux faire. Par ce jugement, le conseil nous a donc paru vouloir décider : 1° qu’une convention écrite en tête d’un livre par le négociant, ne pouvait être valable, si elle est contraire aux réglemens du conseil. 2° Que cette même convention, quoique écrite, n’a de force qu’autant que l’ouvrier n’a pas réclamé contre, pendant le mois qui suit le règlement définitif des comptes. 3° Que le mois écoulé, il y a prescription, c’est-à-dire, que l’ouvrier ne peut plus avoir recours que sur des erreurs ou omissions. L’on peut considérer comme erreur ou omission, les déchets qui ne seront pas portés à la valeur fixée, et les tirelles qui ne seraient pas marquées.
Lyon le 20 novembre 1832. Au Rédacteur. Monsieur, C’est avec étonnement que j’ai vu, dans les colonnes de votre journal, la lettre du sieur Vaormelingen ; votre impartialité ne devait pas aller jusqu’à accueillir l’injure et la calomnie, surtout lorsqu’elles vous sont connues. Je suis accusé d’avoir menti et surpris la religion du conseil ; dans votre numéro du 5 novembre, vous avez rendu compte de la conciliation qui a eu lieu pardevant MM. Gamot, Brisson, Charnier et Sordet ; M. Vaormelingen lui-même déclara reconnaître, d’après la vérification des livres, que le négociant pour qui je travaille ne payait à tous ses maîtres que 2 fr. 75 c. le mouchoir, prix que j’ai toujours payé à mon ouvrier ; et que les 25 cent. en plus étaient pour me défrayer d’un double montage de métier qui n’avait fait que 40 fr. de façon ; et de plus, mon ouvrier a déclaré de vive voix qu’il reconnaissait qu’il n’y avait aucune mauvaise foi de ma part ; j’en appelle au témoignage des arbitres. Il consentit donc à rentrer chez moi et à y continuer son travail. J’avais fait tous les sacrifices qu’exige une telle position, pensant que les autres ouvriers ses camarades, qui étaient partis d’après toutes les suppositions qu’il avait fait à mon égard, reprendraient aussi leur travail, n’ayant pas même réglé leurs comptes avec moi. Jamais il n’y eut question de prix depuis la conciliation, comme il le suppose, ni que je lui eus marqué sur son compte des mouchoirs 3 fr., qui sont payés 3 fr. 50 c. Il est sorti de chez moi en vrai fuyard, a enlevé ses effets en cachette, sans régler ; aussi, étais-je loin de prévoir que M. Vaormelingen me dirait ensuite qu’il n’était plus libre de rester chez moi, que la société dont il faisait partie depuis la veille, s’y opposât ; [5.1]encore moins qu’il aurait plus tard la bassesse d’écrire que je cherchais à réparer mon honneur à ses dépens, que n’ajoutait-il aux dépens de la société, dont l’un des chefs, le sieur Desparos, m’a dit arrogamment : Il faut que quelqu’un serve d’exemple, autant que ce soit vous qu’un autre. En vérité, je n’ai rien écrit qui puisse faire croire que j’aie besoin de réparer mon honneur ; il ne saurait être blessé pour avoir occupé un ouvrier qui s’est mal conduit chez moi, et qui a poussé l’insolence jusqu’à déclarer au conseil que je déposais quelquefois la clé de ma chambre vers son métier, et qu’il avait le droit d’y entrer, et à ce qu’il paraît de fouiller les meubles et les livres. Il a nié ce dernier fait, cela ne m’étonne pas ; car nier et supposer, ce n’est rien pour lui. Je peux en juger par expérience. Le jugement du conseil, qui l’a condamné à me restituer la somme de 12 fr., et qui a donné force de jugement à la conciliation, fait dans vos colonnes un contraste des plus choquans. L’Echo de la Fabrique ne saurait devenir l’écho de la calomnie, en recueillant des plaintes vagues, et dont le style pourrait l’exposer à répondre en justice sur des plaintes en diffamation, que des personnes moins pacifiques que moi pourraient porter. Veuillez, etc. B. JACOB.
REVUE MENSUELLE.
ÉTRANGER. Antoine Scarpa1, célèbre professeur d’anatomie, est mort le 31 octobre 1832, à Pavie, en Italie. Oriani2, célèbre astronome, est mort à Milan le 12 novembre. Belgique. – L’armée française, sous les ordres du maréchal Gérard3, est entrée le 15 novembre, sur le territoire belge, pour forcer le roi de Hollande à évacuer Anvers. INTÉRIEUR. Gamon4, ex-conventionnel, est mort à Privas (Ardèche), le 1er novembre courant. Le célèbre médecin Delpech5 a été assassiné à Montpellier, par un Corse nommé Demptos, le 29 octobre, à deux heures après-midi. J. B. Say, de Lyon, célèbre économiste, est mort à Paris le 15 de ce mois. Nous lui consacrerons une notice. Nantes. – La duchesse de Berry a été arrêtée dans cette ville le 7 novembre, avec trois de ses complices, MM. Menars, Quibourg et demoiselle Stylie de Kersabice. Elle a été transférée au château de Blaye, près Bordeaux (Gironde), où elle est arrivée le 15, en attendant qu’il soit décidé sur son sort, par les chambres, conformément à une ordonnance du 8. Paris. – Institut. Une ordonnance du 26 octobre, sur le rapport de M. Guizot, rétablit, sous le nom d’académie, la classe des sciences morales et politiques que la convention avait créée et que l’empire avait supprimée.6 Justice criminelle. – Une ordonnance, en date du … réduit de moitié le nombre des exécuteurs des arrêts de justice criminelle, et supprime tous les aides dans les départemens autres que ceux du Calvados, de la Corse, de l’Eure, d’Ile-et-Vilaine, de la Manche, du Nord, de l’Orne, du Pas-de-Calais, du Rhône, de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-Inférieure. Cette ordonnance diminue, pour l’avenir, leurs salaires. Elle est précédée d’un rapport de M. Barthe7, qui porte que le nombre des condamnations capitales a été, en 1828, de 114, dont 75 ont été suivies d’exécution ; en 1829, de 89, dont 68 ont été exécutées ; en 1830, de 92, dont 38 exécutées ; et en 1831, de 108, dont 28 seulement ont eu lieu. La même progression décroissante s’est fait remarquer à l’égard de la peine de l’exposition publique : ainsi, à Paris, 338 individus ont été exposés en 1829 ; 282 en 1830, et ce nombre a diminué en 1831. Idem. – Colonies agricoles8. Une ordonnance du 31 octobre, sur le rapport de M. d’Argout, a nommé une commission à l’effet de préparer le plan d’établissement, en France, d’une ou plusieurs colonies agricoles. Vainqueurs de la Bastille. – Une ordonnance du 1er novembre, rendue [5.2]en exécution d’une autre ordonnance du 8 mai, accorde à 401 des vainqueurs de la Bastille, une pension viagère de 500 fr., à partir du 1er janvier dernier. Une loi doit être présentée pour convertir en rente viagère ce secours annuel. Nota. Nous avons remarqué, au nombre de ces nobles restes de 89 : Maurice Vichard, dont nous avons entretenu nos lecteurs dans le n° 21 de l’Echo. Cet homme était traduit comme mendiant devant le tribunal de police correctionnelle, et l’Etat était son DEBITEUR. Si l’espace nous le permet, nous publierons la liste complète de ces honorables citoyens. On la trouve dans le n° 308 du Messager des Chambres (5 novembre 1832). Décorés de juillet. – Il résulte d’un rapport présenté au roi, par M. d’Argout, que le nombre des combattans morts pendant les journées de juillet, ou par suite de leurs blessures, s’élève à 609. Parmi ceux qui ont survécu, 864 ont reçu de l’emploi comme officiers ou sous-officiers ; 197 dans diverses administrations ; 876 ont reçu des pensions, et 2594 des secours temporaires ; 3831 ont été décorés de la médaille, et 1830 de la croix de juillet. Sous-officiers décorés de juillet.– Une décision du ministre de la guerre porte que l’art. 60 de l’ordonnance du 26 mars 1816 modifié par l’ordonnance du 23 novembre 1818, et celles de l’art. 305 de l’ordonnance du 13 mai 1818, relatives aux sous-officiers décorés de la légion-d’honneur, seraient applicables à ceux décorés de juillet. Ils ne peuvent être cassés qu’en vertu d’une autorisation spéciale du ministre qui est tenu de prendre les ordres du roi. Le 19 novembre a eu lieu l’ouverture des chambres. Le roi a prononcé un discours après lequel elles se sont séparées. Chambres des députés. – Séance du 21 novembre. M. Dupin aîné a été nommé président à la majorité de 234 voix sur 376 votans. M. Laffitte, son concurrent, a eu 136 voix. Séance du 22 novembre. – MM. Bérenger9, Etienne, Benjamin Delessert10 et Schonen11 ont été nommés vice-présidens. Le premier a eu 270 voix, le second, 255, le troisième, 194, et le quatrième 179. – MM. Cunin-Gridaine12, Ganneron13, Martin-Dunord14 et Félix-Réal15 ont été nommés secrétaires. Coup de pistolet tiré sur le roi. – Cet événement a eu lieu au moment où il allait ouvrir la session, le 19 novembre. On est à la recherche de son auteur. Garde nationale. – Un comité consultatif a été créé par ordonnance du 21 novembre. Châlons-sur-Saône. – La garde nationale de cette ville vient d’être dissoute, par ordonnance du 17 novembre. Riom. – MM. Dervieux et Perrenon, accusés d’avoir voulu renverser le gouvernement lors des journées de novembre, viennent d’être acquittés par le jury de Riom, après cinq minutes de délibération. LYON. La passerelle du pont St-Vincent a été livrée au public le 1er novembre. Le cours d’histoire gratuit de M. Savagner, ex-professeur au lycée, a été prohibé le 25 novembre. C’était la quatrième séance. Le même jour, la police a fait apposer les scellés sur une salle, rue Masson, n° 17, où MM. Germain et Romano, saints simoniens, donnaient des leçons gratuites de mathématiques aux ouvriers. La quatrième livraison d’Asmodée, satire hebdomadaire et en vers, de M. Berthaud, intitulée au roi, a été saisie. Le succès de cette entreprise littéraire va toujours croissant. L’élection des officiers et sous-officiers de la garde nationale sédentaire a commencé le 1er de ce mois. Eu vertu d’une ordonnance du 17 octobre, le péage du pont de Serin est perçu, à compter d’hier, au même taux que les autres. Nota. Nous avons omis un grand nombre de nouvelles sans doute peu importantes, mais qu’il aurait convenu de conserver. Cela ne nous arrivera plus. Nous sommes en mesures et nous publierons toutes les deux semaines une revue quindecimale. Ne pouvant avoir la primeur des nouvelles, nos lecteurs auront au moins l’avantage de n’en avoir que d’exactes, et par conséquent entrées dans le domaine de l’histoire.
C’est mardi prochain, à neuf heures du matin, que sera jugée, à la cour d’assises, l’importante affaire du Précurseur. Me Jules Favre plaidera pour M. Petetin, gérant responsable ; et Me Michel-Ange Périer, pour M. Dufaitelle, auteur de l’article incriminé. Le lendemain mercredi, sera appelé le premier procès de la Glaneuse.
[6.1]La lettre suivante a été adressée au rédacteur du Courrier Français. Ce journal ne l’ayant point encore insérée, on nous en envoie copie, en nous priant de la publier ; nous n’hésitons pas à lui donner place dans nos colonnes, et nous la reproduisons textuellement : elle servira de réponse aux détracteurs des ouvriers ; elle restera comme une preuve du bon sens, de la sagacité et de l’esprit d’ordre de cette classe laborieuse si souvent calomniée. Paris, le 9 octobre 1832. Monsieur le Rédacteur, « Vous dites, dans votre numéro du 6 novembre, que les ouvriers en bronze se sont réunis à la barrière des Amandiers, pour y délibérer sur la question de demander une augmentation de salaire, et vous dites qu’on ne peut que regretter de voir ces réunions se multiplier. « Je suis l’un de ces ouvriers ; je suis même l’un des commissaires nommés ; et comme j’estime votre journal, que je lis deux jours après qu’il a paru, parce que je n’ai pas le moyen de le lire plus tôt ; je vous prierais de me dire pourquoi vous regrettez nos réunions, vous me rendriez service. « Vous vous réunissez entre vous, gens aisés, pour nommer des députés, pour faire des comités polonais, grecs et italiens, de la presse, des élections et autres associations patriotiques très variées (et parmi toutes ces assemblées, je remarque en passant qu’il n’y en a pas qui s’occupent du commerce et de nous, ouvriers, qui sommes français et membres de la patrie) ; pourquoi ne nous assemblerions-nous pas pour parler paisiblement de nos affaires, de notre gain, et de celui de nos familles et des intérêts de notre industrie ? Pourquoi, ce qui est permis à la bourgeoisie nous serait-il défendu si nous sommes aussi paisibles qu’elle ? Eh bien ! je vous assure que connaissant les séances de la chambre par votre journal, car je n’y vais jamais, vu qu’il faut travailler pour gagner le pain de chaque jour, je trouve que notre réunion a été tenue avec autant, et je dirai plus de décence. On n’y a pas crié comme dans les autres, lorsque vous mettez cris à l’ordre, tumulte effroyable, agitation impossible à décrire. Ajoutez que nous nous sommes occupés de notre industrie qui fait vivre, en fait d’ouvriers, plus de 5,000 hommes avec leurs familles, dans Paris, sans parler des fabricans et des commissionnaires, et qui est une des gloires de la France. J’ai vu aussi dans votre journal, Monsieur le rédacteur, que souvent à la chambre des députés on s’occupe d’affaires moins importantes, et qui, comme vous l’observez, n’ont pas grand rapport avec la gloire de notre pays. « Vous regrettez que nos réunions aient lieu ; mais il est bien plus à regretter, que depuis trente mois nos journées aient baissé de plus de moitié : celui qui gagnait 6 fr, n’en gagne pas 3. Cependant notre appétit est resté le même. Puisque personne ne s’occupe de nos besoins, et vous pas plus que d’autres, Monsieur le rédacteur, je vous demande pardon de vous le dire, laissez-nous parler de notre position : ça soulage d’espérer ensemble. « Si le nombre de vos abonnés diminuait de moitié (et Dieu veuille plutôt qu’il double), vos actionnaires se réuniraient aussitôt pour demander une augmentation d’abonnés, et ils feraient bien. Pourquoi s’effrayer de ce que des ouvriers, que la dureté des temps rend [6.2]malheureux, se réunissent pour demander une augmentation de salaire ? « Tous ont des droits, car tous sont hommes : seulement chacun doit être pacifique et ne pas troubler la liberté des autres ; ce que nous faisons très certainement, car nous voulons que le fabricant gagne sa vie aussi bien que nous la nôtre ; et nous n’employons que des moyens de persuasion. « Votre article, Monsieur le rédacteur, provoque indirectement la police à empêcher nos réunions, tandis qu’elle nous laisse faire. Ce n’est pas bien d’agir ainsi contre de pauvres ouvriers : ce n’est pas libéral d’être plus intolérant que la police, et je suis sûr que vous en serez bien fâchés vous-mêmes, parce que tout ce que je vois dans votre journal me persuade que vous, êtes un homme de bien. Pour réparer le mal, je vous prie, Monsieur le rédacteur, de vouloir bien insérer ma lettre. Je vous en serai reconnaissant et mes camarades aussi. Je vous avertis aussi que vous avez été mal informé, car vous dites, par exemple, que la réunion comprenait les fondeurs, et il n’y en avait pas un seul. « J’ai l’honneur, etc. BUISSON, Ouvrier ciseleur. »
Paris – Police correctionnelle : PROCÈS POUR BRIS DE SCELLÉS.
On se rappelle que les membres de la société des Amis du Peuple1 furent traduits devant la sixième chambre de police correctionnelle, sous la prévention de bris des scellés qui avaient été apposés place Saint-André-des-Arts, au local des réunions. Les témoins cités dans cette affaire à la requête des prévenus, n’ayant pas été libres de déposer, les prévenus déclarèrent à leurs avocats MMes Dupont et Boussy, qu’ils ne voulaient pas être défendus. Deux d’entre eux, MM. Fayolle et Desbuard furent condamnés à un an de prison, parce que, disait le jugement, leur culpabilité résultait de l’instruction et des débats. – Cette cause a été appelée le 20 septembre, devant la cour d’appel, et a présenté un incident remarquable. M. Lebon, appelé comme témoin, a dit : « J’atteste que j’ai vu ceux qui ont brisé les scellés, je sais leurs noms, je pourrais les dire si je le voulais, mais aucun des prévenus n’a eu cet honneur. M. le président Dehaussi : Vous vous servez d’une expression impropre ; il n’y a jamais d’honneur à désobéir à la loi. M. Lebon : Il est bien de résister à l’arbitraire. Le mot dont je me suis servi exprime une conviction de ma conscience, je ne puis le rétracter. Après une plaidoirie de M. Ledru, les prévenus ont été acquittés. De nombreux bravos ont accueilli cette décision. (Le Patriote du Puy-de-Dôme, numéro 29, 26 septembre 1832.)
DE LA POSITION GÉOGRAPHIQUE D’ANVERS, et de son importance politique et commerciale.1 Anvers est une ville d’environ 70 mille ames, située sur la rive droite de l’Escaut. Son port est vaste et commode ; sa citadelle est bien fortifiée ; ses bassins et les chantiers de la marine sont magnifiques. Napoléon considérait Anvers comme l’un des plus beaux fleurons de sa couronne ; il y fit faire des travaux immenses en 1809 [7.1]et 1810. Chaque pierre, chaque monument rappelle la France dans cette ville devenue étrangère. Anvers est à 9 lieues de Bruxelles, à 27 d’Amsterdam, à 86 de Paris ; le fleuve sur lequel elle est assise, naît sur le territoire français, et coule constamment dans les possessions belges ; son embouchure seule, à cinq lieues au dessous d’Anvers, est une possession hollandaise. Les points militaires d’Anvers se composent de la citadelle, des forts Montébello et du Nord, et de la tête de Flandres avec ses dépendances. Sur la rive droite de l’Escaut sont la citadelle et les forts Montébello et du Nord. Sur la rive gauche, en face de la ville, se trouvent la tête de Flandre et deux petits forts insignifians qui y sont liés. Toute cette rive gauche est occupée par les Hollandais. Sur la rive droite, ils occupent la citadelle ; mais les troupes belges sont maîtresses des forts, et elles les ont entourés d’ouvrages immenses et bien armés. Ces forts sont situés, l’un, dit du Nord, à 400 toises environ au dessous de la ville ; l’autre, le fort Montébello, au dessus de la citadelle. La citadelle, dont Napoléon confia la défense en 1814 à Carnot2, et dans laquelle commande aujourd’hui le général Chassé au nom de Guillaume, touche à la ville et est baignée par les flots de l’Escaut ; on voit qu’elle est flanquée à gauche par le fort Montébello, et à droite par Anvers. La ville et la citadelle se touchent ; une esplanade seule le séparent. Près de cette esplanade et sur les bords de l’Escaut, on admirait jadis l’arsenal, et l’arsenal de la marine. En 1830, ils furent foudroyés par le général Chassé. La tête de Flandre est protégée par une vaste inondation de terreins appelés les Polders : cette inondation dure depuis bientôt deux ans. Anvers, dont les communications sont rapides et faciles avec Bruxelles, Gand, Namur, Liége et les deux grandes vallées de la Meuse et du Rhin ; Anvers est l’entrepôt naturel de tous les produits de l’Amérique et des Indes qui se consomment dans la Belgique et dans l’est de l’Allemagne. Pour l’Angleterre et la France, Anvers sera aussi un grand marché où les négocians du Nord seront toujours certains de trouver les produits de l’industrie de ces deux nations rivales et amies. En vain, en détruisant Anvers, Amsterdam voudrait s’assurer un injuste monopole : bientôt Anvers renaîtrait de ses cendres. L’importance politique et militaire d’Anvers est, pour le royaume de Belgique, presque une question d’existence. Sans Anvers, les Belges sont sans point de défense contre leur voisin du Nord ; et celui-ci, au contraire, est protégé par une triple barrière de fleuves, de canaux, de marais qui mettent la frontière à l’abri d’un coup de main. En Belgique, c’est tout l’opposé ; quelques heures de marche amèneraient les Hollandais sous les murs de Bruxelles, et Anvers seul peut arrêter une invasion.
ACADÉMIE ROYALE
des sciences, belles-lettres et arts de lyon. PROGRAMME DES PRIX Pour l’année 1833. Des quatre prix mis au concours pour 1832, deux seulement ont été remportés. [7.2]Le premier, consistant en une médaille d’or de 500 fr., fondé par M. Baboin de la Barollière, avait pour sujet : « Déterminer la meilleure organisation à donner à l’école de la Martinière, destinée aux arts et métiers, et principalement à ceux qui ont des rapports avec les manufactures lyonnaises, etc, Le second, consistant en une médaille d’or de 600 fr,, fondé par M. Mathieu Bonafous, et doublé par l’Académie, avait pour sujet : « L’éloge de l’abbé Rozier. » L’un et l’autre de ces prix ont été décernés au même concurrent, M. Alphonse de Boissieu, demeurant à Lyon. Une médaille d’or de 300 fr. a été décernée, à titre d’encouragement, à M. Ozanam1, docteur en médecine à Lyon, pour un mémoire contenant la statistique de la ville de Lyon et du département du Rhône. Le prix proposé était de 600 fr., et dépendait de la fondation Christin de Ruolz. L’Académie propose, pour 1833, les sujets de prix suivans : 1° Fondation Christin de Ruolz. « Indiquer le meilleur moyen de fournir à la ville de Lyon les eaux nécessaires pour l’usage de ses habitans, pour l’assainissement de la ville, et les besoins de l’industrie lyonnaise. » Les concurrens sont invités à concilier, le plus qu’il sera possible, l’économie et l’utilité du projet, avec l’intérêt et l’embellissement du la ville. Médaille d’or de 600 fr. 2° Même fondation. « Une médaille d’or de 600 fr. au meilleur mémoire statistique sur le département du Rhône, ou sur une partie de ce département. » 3° Prix fondé par l’Académie. « Quel est le meilleur système d’éducation et d’instruction publiques dans la monarchie constitutionnelle ? Médaille d’or de 600 fr. Tous les ouvrages envoyés au concours doivent porter en tête une devise ou épigraphe répétée dans un billet cacheté, contenant les noms, qualités et demeures des auteurs. Ils doivent être envoyés francs de port, avant le 30 juin 1833, à M. Dumas, secrétaire-perpétuel, à MM. Tabareau ou Breghot du Lut, secrétaires-adjoints, ou a tout autre membre de l’Académie. Les prix seront décernés, en séance publique, le dernier mardi du mois d’août 1833. A la même époque seront distribués les prix d’encouragement fondés par M. le duc de Plaisance, et destinés aux artistes qui auraient fait connaître quelque nouveau procédé avantageux pour les manufactures lyonnaises, tel que des moyens pour abaisser le prix de la main-d’œuvre, pour économiser le temps, pour perfectionner la fabrication, pour introduire du nouvelles branches d’industrie, etc. Les artistes qui veulent concourir peuvent s’adresser, dans tous les temps, à MM. les secrétaires, ou à MM. Eynard, Cochet, Artaud et Régny, composant la commission spéciale chargée de recueillir les nouvelles inventions et les procédés utiles. Lyon, le 30 août 1832. VIRICEL, président. BREGHOT DU LUT, secrétaire-adjoint.
JOURNAL DES CONNAISSANCES UTILES. 1
La société nationale pour l’émancipation intellectuelle vient d’établir à Lyon, rue de la Préfecture, n° 5, une succursale de ses bureaux de Paris. Elle a justement compris tous les avantages que des relations plus intimes avec notre importante cité devaient procurer à une publication qui compte déjà plus de 130,000 abonnés, et dont le succès dépasse chaque jour toutes les prévisions. Il y a long-temps que la société nationale aurait dû adopter la mesure qu’elle vient de prendre. Lyon et les pays qui l’avoisinent auraient fourni au journal un nombre bien plus considérable de souscripteurs, et ceux-ci auraient pu profiter déjà des notions utiles que renferme ce recueil. On doit, pour des ouvrages de cette nature, faciliter au public les moyens d’y prendre part. La création d’un bureau spécial, à Lyon, atteindra ce but dans nos contrées. Comme Lyonnais, nous devons nous en féliciter, car l’importance de notre ville en est d’autant plus réhaussée, soit à l’égard de la capitale, soit à l’égard des provinces [8.1]pour lesquelles Lyon est en effet une autre capitale. Nous devons voir aussi, dans ce fait isolé, un acheminement à la modification du système de centralisation qui pèse sur la France, et que des esprits éclairés ont déjà commencé à attaquer.
Lectures prolétaires 1
Quand le puits est à sec on connaît la valeur de l’eau. Franklin2 Il est plus aisé de réprimer la première fantaisie que toutes celles qui viennent en suite. idem. Un peu répété plusieurs fois fait beaucoup. idem. Les lumières voyagent comme les vents et produisent des orages comme eux. Johnson.3 Nous sommes long-temps avant d’être capables de penser et nous perdons bien vite le pouvoir d’agir. Idem. Il faut étudier l’homme et non les hommes. Pythagore.4 Que Dieu soit notre unique patron et le genre humain notre corps. Dieu et le genre humain ne nous demandent que des vertus. Bernardin-St-Pierre.5 La vie avec tous ses projets s’élève comme une petite tour dont la mort est le couronnement. Idem. Je compare tant d’hommes que j’ai vu se disputer avec fureur aux flots de ma rivière qui se brisent en écumant contre les rochers de son lit et disparaissent pour ne revenir jamais. Idem. La presse est semblable à ces fanaux qu’une main bienfaisante suspend sur les abîmes de l’Océan ; le feu qu’ils répandent ne dissipe point les ténèbres, mais il avertit le pilote. L.-Aimé Martin.6 Je ne baisse point les yeux devant la majesté du ciel, pourquoi veux-tu que je les baisse devant toi ? Tu m’appelles un vil berger, mais un berger est un homme, un sultan est-il un dieu ? Propiac.7 La destinée a dit au Temps de toujours poursuivre son vol sans attendre les hommes. Young.8 L’hypocrisie est comme le crocodille qui semble déplorer le sort de ceux qu’il va dévorer. D’Erlach.9 L’ennui est la fatigue de nos sens remués par des sensations trop uniformes. Idem. Dans les enfans, la légèreté est une gentillesse ; dans les hommes faits, c’est un défaut ; dans les vieillards, c’est une folie monstrueuse. Jean Ruffo. Ce que la raison ne peut terminer parmi nous, c’est le salpêtre qui décide. Pluche.10 Dieu est un cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Anonyme. La valeur, c’est la vertu qui combat pour la justice. Zenon.11 La vertu c’est une bonne chose : les bons et les méchans en disent du bien. Diderot.12 Vient le jour des cendres, comme la mort le lendemain des plaisirs. Chateaubriand .13 Fortune, tu retires du précipice, mais la prudence est la lumière qui empêche d’y tomber. Anonyme. Les Trois Nations Contes, t. 2, p. 56. L’esprit d’un grand homme est renfermé dans une pensée-mère, comme le chêne est renfermé dans le gland. Regnault-Warin.14
Coups de Navette.
[8.2]Un fabricant et un ouvrier de la Croix-Rousse, faisaient la conversation dans la rue des Fossés, en face de la caserne des Bernardines. Le premier dit : Voila une jolie caserne en pierres ; elle serait mieux en briques, répondit l’ouvrier. Vous vous plaignez que les prud’hommes ne font point d’améliorations, c’est une erreur : ils ont remplacé la table carrée devant laquelle ils jugeaient, par une table à fer-à-cheval autour de laquelle ils jugent. Ah ! vous refusez d’entendre un avocat : gare le BATON-nier de l’ordre.
AVIS DIVERS.
[121] Procès en la cour d’assises de la Seine, les 27 et 28 août 1832, fait aux saint-simoniens. Paris, à la librairie saint-simonienne, rue Monsigny, n° 6, et chez Johaunaud, libraire, rue du Coq-St-Honoré, n° 8 bis. Un vol. in-8°, avec portraits, prix 6 fr. [133] Causes du malaise industriel et commercial de la France, et moyens d’y remédier, par M. Emile Beres du Gers, ouvrage couronné à l’unanimité en 1832 par la société industrielle de Mulhouse. Suivi du rapport fait par M. Charles Dupin à l’académie des sciences, 1832, Paris, chez Paulin, libraire, place de la Bourse, n° 2, un vol. in-8°, prix, 3 fr. 50 cent. On peut s’adresser au rédacteur en chef de l’Echo, au bureau du midi, à deux heures. [123] Le chansonnier du mouvement, par J. Laudera jeune, deuxième édition augmentée, à Paris et à Lyon chez les marchands de nouveautés. 1 vol. in-18, prix 1 fr. [120] Au rabais. JOINON, chapelier, quai Monsieur, n° 122, prévient le public, qu’il tient un assortiment de chapeaux de feutre, et du feutre pour gilets et autres usages dont il démontrera l’utilité. Les prix sont réduits pour les chapeaux de 20 fr. à 15 fr., de 17 fr. à 12 fr., de 12 fr. à 9 fr. Ou traitera également à bas prix, pour les gilets et le feutre en pièce. [53] Les sieurs Deleigue et Bailly, mécaniciens, rue St-Georges, n. 29, à Lyon, préviennent MM. les fabricans, chefs d’ateliers et dévideuses qu’ils viennent d’obtenir un brevet d’invention et de perfectionnement d’un nouveau genre de mécaniques rondes, dites à roue volonté, propres à dévider, trancanner et faire des cannettes à plusieurs bouts, de toutes sortes de soie. Par un nouveau procédé ; elles suppriment rouleaux, cordages et engrenages, et sont supérieures à toutes celles qui ont paru jusqu’à ce jour. Les broches tournant par une seule roue qui tourne horizontalement, font qu’elles tournent toutes régulièrement. [94] Six métiers de courants à vendre, ensemble ou séparément, s’adresser au bureau. [95] Appartement de trois pièces au centre de la ville à louer de suite, s’adresser au bureau. [90] Une mécanique en 900 et deux en 400, à vendre. [107] Une mécanique de Skola en 600, en très bon état, ayant une bascule à cilindre, à vendre, au prix de 60 fr. Plusieurs rouleaux en tilleul en 5/4 et 4/4, ainsi que diverses planches d’arcades de la même grandeur, dans un état presque neuf. S’adresser au bureau du Journal. [108] 10,000 fr. à placer par hypothèque en tout ou en partie. S’adresser à M. Chastaing, rue du Bœuf, n. 5, au 2e. [115] A vendre ou à louer, un atelier propre au lissage des dessins et au repiquage des cartons pour la fabrique, composé de deux lissages, avec accessoires ; on donnera facilité pour le paiement. S’adresser à M. Sigaud, rue du Cornet, n.°4. [86] A vendre de gré à gré en totalité ou en partie, atelier pour l’apprêt en satin, consistant en calandre, presse, cartons, etc. S’adresser rue Tables-Claudiennes, n. 15.
Notes ( A Me AUGIER, AVOCAT.)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes ( Paix aux hommes de bonne volonté. Il y a...)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). Rappelons ici que Marius Chastaing, étudiant en droit autour de 1820, avait été expulsé de la faculté de droit de Lyon pour s’être compromis en faveur des détenus politiques. Après 1830, en marge de ses activités journalistiques, il avait ouvert et il dirigeait une affaire de contentieux. Ses remarques se situent à l’extrême pointe des revendications en faveur de la liberté de défense. Indépendante au xviiie siècle, la profession d’avocat, supprimée pendant la période révolutionnaire, avait resurgi, mais encadrée et surveillée, pendant l’Empire. La première partie du xixe siècle est marquée par la volonté de reconquérir cette liberté. En 1829, les avocats avaient obtenu l’immunité lors de la défense, et en 1830, Louis-Philippe leur avait accordé le droit d’élire eux-même les responsables du barreau.
Notes ( INCONVENANCE DU VOTE des Prud’hommes étrangers à la fabrique des étoffes de soie,)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes ( REVUE MENSUELLE.)
Antoine Scarpa (1752-1832), anatomiste italien. Barnabus Oriani (1752-1832), astronome et cartographe italien. Il s’agit du maréchal Étienne-Maurice Gérard (1774-1852). François-Joseph Gamon (1767-1832), député de l’Ardèche à la Convention. Jacques-Mathieu Delpech (1777-1832), médecin et anatomiste français. Supprimée en 1803 par Napoléon, la classe des sciences morales et politiques venait d’être restaurée par décret par Louis-Philippe sous la pression de son ministre de l’instruction François Guizot. Elle était divisée en cinq sections : philosophie ; morale et législation ; droit public et jurisprudence ; économie politique et statistique ; Histoire générale et philosophique. Félix Barthe (1795-1863), député puis ministre de l’Instruction publique puis de la Justice au début de la monarchie de Juillet. L’essor industriel pendant la monarchie de Juillet favorise l’essor d’un prolétariat urbain porteur d’émeutes et de révoltes. Les classes laborieuses sont perçues comme des classes dangereuses. L’idée selon laquelle il faut éloigner les enfants des dangers de la ville, et favoriser leur placement dans le monde rural, se développe assez vite. Cette circulaire du ministre d’Argout avait envisagé que les mineurs acquittés de l’article 66 du Code pénal puissent être considérés comme des enfants de l’assistance publique et placés dans des familles rurales pour y être élevés. Ces enfants échappaient à la prison mais l’expérience fut semble-t-il très éphémère. De cette circulaire d’Argout, Demetz, magistrat qui présida au début de la monarchie de Juillet le tribunal de police correctionnelle de la Seine et fonda la première colonie agricole, retiendra surtout la référence au monde rural, mais il substituera au placement dans une famille la création d’une institution. C’est dans ce contexte que s’élaborera, en particulier en 1839, le projet de colonie de Mettray. La colonie sera destinée aux enfants vagabonds et délinquants acquittés par les tribunaux. Mettray illustrera la formule de C. Lucas : « Sauver le colon par la terre et la terre par le colon ». Voir : J. Bourquin et E. Pierre, (dir.), La Colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, Paris, l’Harmattan, 1997. Alphonse Bérenger (1785-1866), alors député de la Drôme. Benjamin Delessert (1773-1847), lyonnais d’origine, connu pour son action en faveur des caisses d’épargne, député de Maine-et-Loire au lendemain de Juillet. Augustin Schonen (1782-1849), alors député de Paris. Laurent Cunin-Gridaine (1787-1859), député puis plus tard ministre de l’Agriculture de Louis-Philippe (1840-1848). Auguste Ganneron (1792-1847), député de la Seine. Nicolas Martin (1790-1847), député du Nord à partir de 1830. Félix Réal (1792-1864), alors député de l’Isère.
Notes ( Paris – Police correctionnelle : PROCÈS POUR BRIS DE SCELLÉS.)
La Société des amis du peuple, créée le 30 juillet 1830, avait adopté une ligne extrêmement offensive, depuis l’accession à sa tête de François Raspail et la mise au premier rang d’hommes comme Godefroy Cavaignac, Achille Roche ou Ulysse Trélat, tant sur les problèmes sociaux que sur la question de l’instruction. Elle était alors pour la seconde fois en accusation, mais ne fut pas condamnée. Au cours de l’année 1833 elle sera graduellement supplantée par la Société des droits de l’homme.
Notes ( DE LA POSITION GÉOGRAPHIQUE D’ANVERS, et...)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). Lazare Carnot (1753-1823), général et scientifique français, gouverneur d’Anvers en 1814.
Notes ( ACADÉMIE ROYALE)
Il s’agit ici de Jean-Antoine Ozanam (1773-1837), père de Frédéric Ozanam.
Notes ( JOURNAL DES CONNAISSANCES UTILES.)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
Notes ( Lectures prolétaires)
L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832). Benjamin Franklin (1706-1790), écrivain, physicien et homme politique américain. Samuel Johnson (1709-1784), écrivain et moraliste anglais. Pythagore (580-490 av. J.-C.), philosophe, mathématicien et astronome grec. Ces trois citations s’inspirent de passages de Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre. Louis-Aimé Martin (1781-1847), professeur de belles-lettres, de morale et de littérature à l’École polytechnique puis conservateur à la Bibliothèque nationale. Il était l’éditeur des œuvres de Bernardin de Saint-Pierre. Probablement tiré de l’un des nombreux titres du chevalier Gérard de Propiac (1760-1823). Edward Young (1683-1765), poète et dramaturge anglais. Rodolphe-Louis d’Erlach (1749-1808), homme d’État et philosophe bernois. L’abbé Noël-Antoine Pluche (1688-1761), auteur du Spectacle de la nature. Zénon d’Élée (495-vers 430 av. J.-C.), philosophe et logicien grec. Inspiré de Jacques le fataliste de Diderot. Tiré du Génie du christianisme ou beautés de la religion chrétienne de Chateaubriand. Jean-Baptiste Regnault-Warin (1771-1844), écrivain et historien français.
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