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9 décembre 1832 - Numéro 59
 

 




 
 
     

 

M. FULCHIRON Député.1

Quo usque tandem Fulchiron.

Qu’a-t-on fait pour les ouvriers de Lyon ? s’est écrié avec une sainte indignation M. Garnier-Pagès, l’hôte de la ville de Lyon. On leur a fait la CHARITÉ ! c’est à la tribune nationale que ces paroles insultantes viennent d’être proférées. Et quel est l’insolent ?… C’est M. FULCHIRON.

La CHARITE, à nous prolétaires, qui réclamons du travail et nos droits de citoyens ! La CHARITÉ ! c’est là tout ce que l’on peut pour nous, on ne nous doit rien autre. Voilà tout ce que nous offre le coryphée des aristocrates de coffre-fort auxquels juillet a donné le pouvoir.

Pardon, à M. Garnier-Pagès, de la comparaison que nous allons faire ; certes, nous ne lui ferons pas l’injure d’établir un parallèle sérieux entre lui et M. Fulchiron. Ce député des comptoirs est sans doute plus riche, voilà son seul mérite.

Nous ne pouvons dans cette feuille étrangère à la politique, disserter des opinions, mais nous pouvons répondre à qui nous interpelle de si haut ; nous dirons donc que la sympathie des ouvriers lyonnais est acquise au député de l’Isère, au président de la société aide-toi le ciel t’aidera. Ce qui le prouve, c’est un fait entré aujourd’hui dans le domaine de l’histoire. Lorsqu’un charivari, symbole de la justice populaire, se faisait entendre devant le domicile de M. Jars, lorsque son collégue, M. Fulchiron, ne pouvait s’y soustraire que [1.2]par un strict incognito, M. Garnier-Pagès voyait deux mille citoyens, dont les prolétaires formaient la majorité, accourir à un banquet civique préparé en son honneur. Nous pouvons parler au nom des ouvriers, car on ne nous contestera pas le droit de nous dire au moins l’organe d’un grand nombre. C’est en leur nom, sûrs de n’en pas être désavoués, que nous remercions le représentant énergique de la jeune France : nous avons foi en lui, l’avenir le révèlera ; il méritera, n’en doutons pas, le titre d’incorruptible ; il sait, lui, que les ouvriers lyonnais ne veulent pas qu’on leur fasse la CHARITÉ, mais qu’on allége leurs charges et qu’ils puissent vivre en travaillant ; que du moins pour prix de ces charges pénibles, ils ne soient plus des ilotes. Il n’affecte pas le dédain superbe de M. Fulchiron et consors, pour les neuf dixièmes de la population ; il ne demande pas : Qu’est-ce qu’un prolétaire ? Il s’est rendu courageusement l’organe et le défenseur de ceux qui n’ont pas de droits.

O M. Fulchiron, si nous pouvions croire que c’est par ignorance que vous demandez ce que c’est qu’un prolétaire, nous vous le pardonnerions de bon cœur ! Apprenez-le donc : Un prolétaire, c’est celui qui produit ce que d’autres consomment.

Par contre, et au nom de la classe ouvrière, nous repoussons, nous flétrissons la conduite de M. Fulchiron. Il ose se dire fils et petit fils d’ouvriers ! Quelle ironie ! La fortune lui a donc bientôt fait oublier son obscure naissance. Il est millionnaire, dit-on, est-ce en gagnant 32 sous par jour que ses pères ont accumulé des millions ? Lui-même, borne-t-il là son salaire de banquier ? Admettons qu’un banquier soit au-dessus d’un ouvrier, mais un ouvrier est un homme, un banquier est-il un dieu ? Assez de jongleries, nobles et puissans seigneurs !

Qui force M. Fulchiron et ses pareils de parler ? Sous l’influence de quel cauchemar agissent-ils donc ? Qu’ils votent ce que bon leur semble, pour ou contre la charte, les journaux politiques leur répondront ; mais quand ils attaqueront la classe prolétaire, nous avons mission pour répondre à leurs injures, à leurs calomnies ; rien ne nous détournera de ce devoir.

Nous repoussons par un démenti formel toutes les assertions de M. Fulchiron.

Il est faux que des négocians ayant fait travailler [2.1]sans avoir des commandesi. Qu’on cite les noms de ces philantropes ! Ce ne sont pas les commandes qui ont manqué, c’est le salaire ; il ne faut pas l’oublier. Les ouvriers ont pris toujours patience, lorsque par des circonstances quelconques, le travail a manqué. Mais lorsqu’ils ont vu que l’ouvrage abondait, mais à un prix tel qu’ils ne pouvaient pas vivre en travaillant, ils se sont émus ; et de là, la demande d’un tarif ; et de là, les journées de novembre. Fatales journées ! Oui, bien fatales, si elles ne servent même pas de leçon ! L’on y ramène toujours notre pensée : et l’on parle de réconciliation !… Oui, nous nous souvenons d’avoir vu ces mots : Union, Fraternité, Oubli, c’était sur une proclamation de l’autorité, mais c’était le 24 novembre 1831… Les ouvriers lurent et crurent, nous fûmes les premiers à leur dire de croire… Depuis, nous ne les avons lus nulle part, ces mots bienveillans.

Depuis, le Courrier de Lyon, ce plat valet du juste-milieu, a été fondé en haine de la classe ouvrière… Depuis, M. Fulchiron a parlé… Oh ! s’il savait le mal qu’il fait à ceux dont il entreprend gauchement de défendre les intérêts ; s’il savait combien sont irritantes aujourd’hui les passions du négociantisme produites au grand jour ! Oh ! alors il se tairait.

Nos ouvriers ne se plaignent pas, dit encore M. Fulchiron. Et qu’en sait-il ? A-t-il visité nos ateliers ? Il s’est contenté de voir ses commettans, et il veut être rapporteur dans ce grand procès !

Mais c’est assez nous occuper de cet homme. Heureusement il a cessé d’être lyonnais… Nous nous en félicitons… Portons notre vue sur un avenir plus doux… Continuez, vous tous qui avez un cœur patriote et des entrailles pour le peuple. Votre mission calomniée est difficile ; mais où serait la gloire sans cela ? Vous ne vous laisserez pas intimider par les croassemens furibonds des hommes d’argent. Le règne des suppôts de Baal, des esclaves de Mammon, est sur le point de finir. Soyez les apôtres de la résurrection sociale. Salut à Garnier-Pagès et à ceux qui l’imiteront !


i Il faut observer qu’à Lyon les marchands fabricans se divisent en deux classes dont la spéculation est bien différente. Les uns ne travaillent que par commission, les autres travaillent sur des articles qui sont toujours de vente, et par conséquent ils font fabriquer sans commission. Ce sont ces derniers qui gagnent le plus ; en effet, ils spéculent sur le bas prix des soies (ce qui est bien licite), et sur le bas prix des façons, ce qui l’est moins. Aujourd’hui, par exemple, les fabricans qui ont fait fabriquer, jouiront par l’augmentation du prix des soies, d’un grand bénéfice dont certes ils ne feront pas jouir les ouvriers. Ils ont profité de la stagnation des affaires pour faire travailler à bas prix et gagner un peu plus ; est-ce qu’on leur doit beaucoup de remercîmens ?

 INCONVENANCE DU VOTE des Prud’hommes étrangers à la Fabrique des étoffes de soie,

Dans les affaires spéciales à cette fabrique.1

Suite et fin (v. n° 58).

Nous avons dit dans notre premier article que le conseil des prud’hommes était du nombre des tribunaux exceptionnels, c’est-à-dire, créés spécialement pour une matière déterminée, plus encore qu’à raison de la qualité des personnes. Ce n’est qu’en matière criminelle ou de police qu’on a eu égard à cette qualité, et de là sont nées les juridictions de la cour [2.2]des pairs, des conseils de guerre, de discipline, etc. Nous avons encore dit que c’était l’introduction du jury dans les affaires civiles et une réminiscence de la loi primitive du talion. A cet égard, on sait que le principal avantage du jury est la garantie donnée à un citoyen d’être jugé par ses pairs, et cette garantie se trouve dans le conseil des prud’hommes, puisque ce sont des marchands et des fabricans appelés par la seule voie rationnelle, celle de l’élection, à juger leurs confrères d’industrie. On pourrait seulement se plaindre, et ce sera pour nous l’objet d’un article prochain ; on pourrait se plaindre de ce que tous les justiciablesi2 au conseil ne sont pas appelés à voter l’élection de leurs magistrats ; nous ne voyons pas pourquoi ce droit a été restreint à quelques-uns. Dès à présent nous pouvons élever nos plaintes sur ce que les prud’hommes étrangers à la fabrique d’étoffes de soie n’ont pas été élus en dernier lieu comme l’ont été les autres. Il en résulte une anomalie choquante. Ce défaut d’élection vicie leur mandat, et est à nos yeux un motif actuel et grave de l’inconvenance de leurs votes que nous cherchons à établir.

Quant à la loi du talion, elle est, nous pensons, suffisamment connue des lecteurs.

Le chancelier Poyet3, soumis à un édit qu’il avait lui-même porté, avait tort de s’en plaindre, et il lui fut justement répondu : Tu patere legem quam ipse tulerisii.

C’est ce qui arrive dans les tribunaux de commerce et conseils de prud’homme. Ces fonctionnaires, étant juges et parties, profitent des conséquences de leurs jugemens ou les subissent d’une manière plus prochaine et plus directe que les juges des autres tribunaux. Pour eux la loi du talion est toujours imminente.

Nous avons encore dit dans notre premier article que l’établissement des juridictions spéciales a eu principalement pour but de donner aux professions, qui en sont l’objet, des juges capables d’apprécier, et de juger eux-mêmes sans avoir besoin de recourir aux lumières d’une expertise longue et coûteuse. Cette proposition n’a pas besoin de commentaire, elle est même plus a portée d’être universellement sentie que les deux premières dont nous venons de nous occuper, et que beaucoup de personnes, ignorant que tout s’enchaîne, pourraient regarder comme oiseuses.

De ces principes, découle la conséquence que l’intention du législateur en créant des tribunaux spéciaux, a été 1° de donner à certains industriels le jugement par leurs pairs ; 2° d’enchaîner ces derniers par la loi du talion ; 3° de cumuler dans eux les fonctions de juges et d’experts.

Cette intention est-elle remplie lorsque des hommes qui ne remplissent pas ces conditions viennent s’adjoindre à eux ? Peut-on hésiter à répondre non. Ces hommes, que j’appellerai intrus, ne remplissent aucune des prévisions législatives, ne peuvent se dire les pairs de ceux qu’ils jugent, ils n’ont rien à espérer ni à redouter de la loi du talion ; ils ne connaissent pas même l’industrie sur laquelle ils prononcent. L’économie de la loi se trouve donc anéantie ; c’est en vain qu’une juridiction exceptionnelle a été fondée, et c’est un grand mal, parce qu’il est toujours fâcheux de multiplier les rouages de la machine gouvernementale.

[3.1]Ainsi donc notre avis est celui-ci : Le conseil entier des prud’hommes ne peut juger que les questions générales, telles que, par exemple, celle de la libre défense et autres analogues. Tous les hommes sont censés aptes à juger les questions de droit ; mais dans les questions de fait, c’est-à-dire, spéciales à une industrie, les prud’hommes, seuls nommés pour représenter cette industrie, doivent avoir voix délibérative. Nous sommes certains que la section de fabrique ne s’ingèrera jamais d’apporter son vote dans les questions de chapellerie, bonneterie, etc., s’il s’en présente. Nous pensons encore que jusqu’à ce qu’il ait été fait droit aux plaintes fondées des industries qui ne sont pas représentées au conseil, comme celles notamment de bottier, ébéniste, horloger, luthier, tonnelier, etc. Le conseil des prud’hommes est appelé tout entier à prononcer. On ne saurait en ce cas exclure aucun de ses membres. Tous ont un droit égal dans l’état actuel.

Ici finirait notre tâche si nous ne voulions répondre dès à présent à une objection facile à prévoir.

On va nous opposer une fin de non recevoir, résultant de ce que le décret qui a institué le conseil des prud’hommes n’a point fait de distinction, et on s’appuyera sur ce principe vrai en général : qu’il ne faut pas distinguer là où la loi ne distingue pas.

Nous ferons observer que nous nous sommes servis du mot inconvenance au lieu de celui de nullité ou autre conforme, et l’on sait que nous ne reculons pas devant le droit d’appeler chaque chose par son nom ; lorsque nous parlons de la conduite du conseil dans la question du droit d’assistance, refusé à M. Tiphaine et à Me Augier, nous ne craignons pas de la qualifier d’arbitraire, de scandaleuse, d’immorale même ; mais comme nous devons proportionner les épithètes aux choses, nous nous bornons au mot d’inconvenance. Ce mot satisfait toute notre pensée. L’inconvenance d’une chose est un motif suffisant pour des hommes d’honneur de s’en abstenir. Il n’y aurait aucun mérite à le faire si à cette inconvenance venait s’ajouter une loi prohibitive.

Il est présumable que si Napoléon eût prévu le petit nombre de causes étrangères à la fabrique qui se présenterait à Lyon, il n’aurait pas créé d’autres sectionsiii. Mais il est aussi présumable de croire qu’il a pensé que tous les prud’hommes ensemble, et chacun en particulier, n’apporteraient que des votes éclairés, et que dès-lors ils s’abstiendraient motu proprio de concourir à une délibération, lorsque ne pouvant y apporter aucunes lumières, ils seraient en quelque sorte obligés de suivre l’exemple des moutons de Panurge.

En résumé, les prud’hommes sont des juges experts, ce n’est qu’à cette considération qu’ils doivent leur institution. Quiconque n’est pas expert ne doit pas juger une question de fait, et dès-lors nous avons prouvé l’inconvenance du vote des prud’hommes étrangers à la fabrique dans les questions qui lui sont spéciales.

Nous avons traité suffisamment cette question pour n’y plus revenir, du moins nous l’espérons ; nous traiterons ailleurs, ainsi que nous l’avons dit plus haut, celle du défaut de concours de tous les justiciables à la [3.2]nomination des membres du conseil. Nous pourrons encore traiter celles de l’injustice résultant du nombre supérieur des prud’hommes négocians, à celui des prud’hommes chefs d’atelier ; et du défaut d’harmonie résultant de la dissémination des prud’hommes.

Quant à celle de l’adjonction et du vote illégal des suppléans, nous sommes heureux d’annoncer aux ouvriers que notre plainte (voir l’Echo, n° 50) a été entendue. Cet abus scandaleux a cessé : on nous en a donné l’assurance ; il était trop monstrueux pour pouvoir être défendu. Espérons que les autres disparaîtront successivement.

M. C....


i Voyez la nomenclature de ces justiciables, dans le Manuel des Prud’hommes de Léopold, p. 34.
ii Tu dois souffrir la loi que toi-même as porté.
iii Les ouvriers chapeliers, notamment, ne soumettent aucune cause, ou très rarement, au conseil, attendu qu’avec raison ils ne se trouvent pas suffisamment représentés. Nous devons espérer que cet ordre de choses changera. Alors seulement on pourra rayer du code pénal les articles relatifs aux coalitions d’ouvriers ; alors, cesseront les associations occultes, connues sous le nom des devoirs et qui nous choquent aujourd’hui, parce que, reflet du moyen âge, elles sont antipathiques à nos mœurs actuelles.

 CONCOURS.

M. Vernay propose le mot de tissosoiriste. M. Méziat, à ceux par lui proposés, ajoute ceux de sericariers et tissericiers.

Lyon, le 27 novembre 1832.

AU RÉDACTEUR.

Monsieur,

La langue universelle fut la pensée de toute ma vie…
Leibnitz.

Ce ne fut que par une idée toute philosophique, puisqu’elle se rattache au langage universel des peuples, que je vous proposai un mot étymologique pour remplacer celui de ferrandiniers. C’était un pas à faire vers un but scientifique, c’était un atôme de progrès à extirper de l’immensité des progrès qui nous restent à faire. En homme sensé, vous daignâtes prendre en considération la question que je venais de soulever, sachant bien que c’est à l’imperfection des langues qu’il faut attribuer en grande partie les paradoxes et les erreurs ; mais n’est-ce pas au texte même de votre concours qu’il faut attribuer cette polémique longue et fastidieuse, sur une aussi simple question. En effet, vous dites : Nous ne devons pas oublier que c’est un sujet de goût et de convenance auquel le public doit donner son approbation. Étrange erreur ! C’est tout comme si l’on demandait à une jeune fille le nom qu’elle voudrait porter, elle ne manquerait pas de désigner celui qui serait le plus conforme à son esprit romanesque : quot capita tot sensus. Les Berzélius1, les Vauquelain2, en appelant chlorure de sodium, ou hydro-chlorate de soude (le sel de cuisine) ne consultèrent pas le public, ils n’eussent pas obtenu son assentiment. Cependant les arts brillent d’un nouvel éclat depuis ces nouvelles nomenclatures. La simple question était donc de trouver un nom qui réunît les deux qualités exigées par la logique : la comprehension et l’extension, quelle que soit d’ailleurs sa désinence ; les deux mots que je vous ai proposés, en leur appliquant la règle néologique savamment expliquée par un veloutier (voir l’Echo n° 54), remplissent parfaitement les deux indications demandées, séricariers et tissericiers ; ce dernier, auquel on pourrait conserver la désinence en iens, a de plus l’avantage d’être imitatif.

Je laisse au jugement éclairé des membres de la commission, le soin de décider si les autres mots proposés ne sont pas amphybologiques, incomplets, ou d’une idée trop extensive ; quant au mot soieriefèvres, je les prie de faire attention que le mot latin faber ne s’applique qu’à l’artisan qui emploie le marteau. Du reste, je suis bien persuadé qu’en cette circonstance ces messieurs suivront les sages préceptes de Locke : « N’employons jamais les mots sans y attacher une idée ; faisons-leur toujours signifier la même chose ; ne les rendons pas obscurs par de mauvaises applications. »

Daignez, Monsieur le rédacteur, accueillir ces dernières observations sur une proposition qui doit être résolue par l’affirmative en faveur de la science ; s’il en était autrement, ce serait à douter d’une émancipation plus grande, puisque la moindre question progressive resterait sans solution.

Agréez l’assurance de ma haute considération.

MEZIAT.

 

Lyon, le 27 novembre 1832.

Au même.

Monsieur,

D’après ce qui a été dit dans ma précédente, sur l’étymologie et sur son importance, je crois donc ne pouvoir mieux conclure que d’examiner la signification de celui de cannu ; ce mot, diminutif de celui [4.1]de canneur, celui-ci de canneta, mot italien dérivé de celui de canne ou cannelle, roseau assez généralement connu ; il fut apporté en France lors de l’émigration des florentins, qui établirent, les premiers, à Lyon, et avant, à Avignon (comtat), des métiers pour fabriquer des étoffes de soie, relativement aux articles légers, et non des étoffes d’or et d’argent depuis long-temps établies avant cette époque ; ces articles sont tels que florence, padoux, etc. ; quant aux satins, lévantines, nous verrons plus loin leur signification. Pour revenir à la signification du mot de cannu, on observera, comme l’a remarqué M. Aleon-Dulac1, en parlant des fabriques en France, que les principaux ustensiles qui servaient à cette fabrication étaient de canne, et préférés sans doute à cause du poli et de la légèreté de ce bois ligneux ; et le mot trancanner ou transcanner, signifiant transmettre d’une canne sur une autre, prouve assez cette vérité. Si on observe que dans l’ancien idiôme lyonnais, comme j’en citerai plus loin quelques phrases de différens siècles ; si on observe, dis-je, que tous les mots dont les dernières syllabes se terminaient en eur, eux, euf, arc, art, oi, oir, etc., se prononçaient et se prononcent encore, par les vieillards, en u ; liseur, lisu ; farceur, farçu ; fileur, filu, etc., art ou air : l’air de la soie, pour l’art de la soie ; les airs des sarazins, pour les aqueducs des romains ; paressu, pour paresseux ; bornu, pour bourgneuf ; bènait, pour benoit ; benaite, pour benoite ; benèti, pour bénitier ; trafusu, de trafusoir, ou transmettre d’un fuseau sur un autre ; le nom de navette, naveta, qui vient de radius, ou qui décrit un rayon des traits au filamment.

Cannete, de canneta, cannetille, diminutif de cannu, étant de ce bois ; tyau, de tuyau.

Pointizelle, de pointe en ailes, agnolet, de annelet, petit anneau, tempia, de tempier, qui signifie etamper, étirer ; enverger, mettre des verges pour ranger, lier.

Rouet ou ruet, vient de rhombus, qui décrit un ovale, panaire de panne, sorte d’étoffe que l’on a remplacée par un cuir qui sert à recouvrir l’étoffe.

Cannart de cannora, pièce faite d’écorce de bois léger, en forme de cylindre, pour recouvrir le rouleau de devant.

Accoca, de accota, vieux terme qui signifie appuyé.

Voila, Monsieur, ce que j’ai pu recueillir sur ce sujet, en travaillant sur la statistique dont je vous ai parlé, dans de vieux manuscrits que M. Delandine2, alors bibliothécaire de la ville, eut la complaisance de me communiquer ; et j’ajouterai à cela des phrases dont j’ai aussi parlé sur les différentes idiômes de cette ville ; elles sont extraites d’une chronique sur les mazures de l’Ile-Barbe, et autres manuscrits de cette abbaye, qui, je pense, doivent être encore à la bibliothèque, et dont le Laboureur s’est servi pour son histoire, sur les ruines de cet ancien monastère.

9e siècle. – Volz eprovere moult angaisses. Vous éprouverez beaucoup d’angoisses.

13e siècle. – Biau frare ez phisiciens m’es chier. Beau frère, les physiciens (médecins) me sont chers.

15e siècle. – Se avez bon voloir d’abjurer coulpe indeigne de mon lignage. Si vous voulez vous allier (vous marier) à quelqu’un indigne de ma parenté.

16e siècle. – Tout ost perdu fors l’honor. Tout est perdu hors l’honneur.

Commencement du 18e siècle. – Very vost cety pitiou enquelin. Voyez-vous ce petit camarade.

Vers 1760. – Quetay don ceta jouena boilly que vint me trova. Quelle est donc cette jeune fille qui vient me trouver.

Pour retrouver ces différens langages, voyez d’abord la chronique sur les mazures de l’Ile-Barbe ; Paradin, Coral, Colonia, Menestrier ; un ouvrage intitulé : Petit Trésor de mots français, par Fréd. Morel, imprimé à Lyon, en 1663, chez Hugues Denoually, rue Petit-Soulier, Richelet, dictionnaire des rimes. Edition de 17023.

Maintenant, quant au choix du mot de cannu, pour nom générique, observons, en passant, que les noms les plus harmonieux sont ceux qui passent le moins d’usage ; donc, tout en conservant celui-là, on pourrait lui faire subir quelque changement dans la prononciation, et dire par exemple : Canneuriens, cannetatiens, etc.

Cependant, comme ce mot ne pourrait aujourd’hui exprimer la nature du bois des outils dont se servent les ouvriers, puisque la canne y est très peu employée, mon opinion serait (comme je l’ai indiqué dans ma précédente) d’avoir recours à un mot primitif et de la plus ancienne origine. Ce mot est oriantalis, qui signifie homme ou peuple du levant, lequel étant accompagné de celui de byssus-satin, étoffe très belle et très fine, faite de lin avant d’être de soie. Ces deux mots, signifiant homme ou peuple fabricant le satin, seule étoffe avec la pourpre connue des anciens peuples orientaux. Il ne faut pas confondre, dit Hyde (Thomas)4, professeur d’arabe à Oxford, mort en 1703, dans son ouvrage en 2 vol., intitulé : De ludis orientalibus, dont j’ai emprunté cette explication. Il ne faut pas confondre, dit-il, le mot oriantalis, oriantin, avec orientales, ou peuples-orientaux. Le premier désigne un [4.2]peuple particulier s’occupant de faire l’étoffe nommée levantin-satin ; voila, je pense, une définition assez indicative et précise d’un mot générique, et pourtant digne encore de nos jours d’être appliqué à ceux qui cultivent cet art célèbre, non en y ajoutant le mot faber ou fevre, ce premier mot désignant un métier à marteau, tel que forgeur, etc., mais en y joignant celui de lin, dont le fil du satin était fait ; ce qui, en définitif, formerait le mot de oriantalin, oriantaline. Voila, monsieur, mon opinion ; je vous la soumets, ainsi que la conséquence de mes citations, et suis votre très humble.

BEAULIEU,
Professeur de français.

 BANQUET SAINT SIMONIEN.

Nous sommes invités à publier la note suivante :

Les apôtres saint simoniens, Hoart, ex capitaine d’artillerie, et Bruneau, ex-capitaine d’état-major, sont rentrés, le dimanche 25 novembre, dans notre ville, de retour de leur mission du Midi, accompagnés de Granal, ex-avocat, et d’Arnaud, ex-docteur médecin, deux saints simoniens du Midi, qui les ont suivis dans leur course apostolique. Le même jour sont arrivés, par la Mulatière, Desloges, Terson, Machereau, apôtres, et Maillard1, ouvriers en costume, venant de Paris. La famille de Lyon, qui dès huit heures du matin s’était portée à leur rencontre, est venue au devant de Hoart et Bruneau, ayant à sa tête ses chefs Cognat et Derrion. On s’est rencontré près de la Madeleine ; et après quelques paroles d’Hoart, sur sa mission du Midi, et une allocution de Cognat, qui a remis à Hoart et Bruneau la direction de la famille qu’il avait formée avec son frère Derrion, on s’est mis en marche en chantant l’appel et autres chants religieux. Le cortége a ainsi traversé en ordre les faubourgs, le pont de la Guillotière, les Brotteaux, et s’est rendu à un banquet qui était préparé. Là, plus de cent personnes, hommes, femmes et enfans, ont pris part à un repas fort simple. Le service était fait par des apôtres. Divers toasts ont été portés.

HOART, apôtre.

Au père !

Au père qui veut l’amélioration morale, intellectuelle et physique de la classe pauvre, l’émancipation pacifique du peuple, et l’affranchissement de la femme.

Les hommes ont tous reçu une mission de Dieu ; la plus divine, aujourd’hui, est celle qui tend à détruire tous les sentimens de haine et de violence, que trois siècles de guerre et de lutte ont laissé dans le monde. Par le développement de l’industrie, et son importance dans les faits de la vie, la fonction du travailleur est devenue sociale ; son éducation, sa profession, sa retraite doivent donc lui être garanties par la société ; éducation morale, intellectuelle et industrielle, avenir assuré pour lui, sa femme et ses enfans, voila ce que le travailleur veut et désire.

Tant que la guerre a été l’action dominante dans l’humanité, la femme a dû être subalternisée ; maintenant que la volonté de Dieu est que la paix règne entre les hommes et les peuples, il faut que la femme soit libre dans l’expression de son amour, afin que sa parole puisse agir dans toute sa plénitude. Femmes, le moment est proche où vous marcherez les égales de l’homme.

BRUNEAU, apôtre.

A l’association pacifique des travailleurs !

La concurrence a puissamment contribué au développement de l’industrie, c’est incontestable ; mais aujourd’hui elle occasione de grands désordres : elle traîne après elle la faillite, la banqueroute, et la ruine d’un grand nombre d’industriels, et pèse de tout son poids sur la classe des travailleurs. Ce n’est que par l’association des travailleurs qu’on peut rétablir l’ordre et la moralité au sein de la société, et amener la conciliation entre tous les partis et toutes les classes.

[5.1]AUGIAY, cannu, membre de la famille.

Aux riches !

A la classe riche, que moi, prolétaire, j’ai tant haïe, comme mon ennemie et l’ennemie de la classe dans laquelle je suis né ; à la classe riche que les saints simoniens m’ont fait aimer et comprendre ; à cette classe dont sont sortis les premiers qui ont proclamé l’affranchissement du prolétaire, les apôtres que nous entourons de nos respects, et le pere. Nous seuls, saints simoniens, avons puissance de relier à nous les hommes de tous les partis et de toutes les classes, parce que nous les aimons tous, et que nous voulons le bonheur de tous sans exclusion. Les riches viendront à nous quand ils connaîtront nos intentions pacifiques, et qu’ils seront bien persuadés que nous ne voulons rien détruire, que nous n’ayons à l’avance construit un édifice plus grand et plus beau pour tous.

Le repas fini, la famille est rentrée à Lyon dans le plus grand ordre ; elle s’est rendue, par les quais, à la rue Casati, où elle a improvisé un bal.

 

Au Rédacteur.

Monsieur,

Dans votre compte-rendu de la séance du conseil des prud’hommes du 27 novembre, je lis une note qui est ainsi conçue :

« En décidant que le déchet de 45 gr. serait alloué seulement sur la dernière pièce, le conseil n’a pas voulu donner de la rétroactivité à ses décisions, attendu que les autres pièces auraient été fabriquées à une époque antérieure, nous croyons qu’il aurait pu mieux faire. »

Je ne pense pas que votre intention ait été de blâmer le conseil d’avoir respecté les règles de droit qui ne permettent pas qu’aucune loi, aucun jugement aient un effet rétroactif, dès-lors, je vous avoue que je ne saisis nullement le sens de ce que vous avez voulu dire. Vous ne devez pas oublier que vous parlez pour des ouvriers, et qu’il convient de vous rendre intelligible pour eux. La meilleure chose, quand on ne la comprend pas, est comme non avenue.

Veuillez excuser mes réflexions, et me croire, etc.

Lyon, 3 septembre 1832.

CHARTAUD, cadet.

Note du rédacteur. – Il est possible que nous ne nous soyons pas exprimés d’une manière assez claire, nous allons y suppléer. Le chef d’atelier qui nous écrit a raison d’être convaincu que nous n’avons pas voulu soutenir qu’une loi, qu’un jugement puissent avoir d’effet rétroactif. Telle n’était pas notre pensée ; mais nous avons voulu dire que le conseil, sans blesser ce principe de jurisprudence incontestable, aurait dû allouer les déchets sur toutes les pièces. En effet, par son jugement du 11 octobre dernier pour Malcros contre Montperlier et Dubois, lequel a condamné ces derniers à tenir compte, au chef d’atelier, de 45 gr. pour déchet ; le conseil n’a pas créé un droit, il ne l’aurait pas pu ; il n’a fait que reconnaître et constater un droit préexistant. Ce n’est pas en vertu de ce jugement du 11 octobre que les chefs d’ateliers ont droit d’exiger 45 gr. de déchet, mais en vertu d’un usage tombé en désuétude, il est vrai, ce qui était une des causes de la misère, et par suite du mécontentement des ouvriers, mais que les prud’hommes chefs d’atelier ont été appelés, par les instructions de leurs commettans, à faire revivre et à exiger, ce qu’ils ont fait le 11 octobre, ce qu’ils auraient dû faire plus tôt à notre avis et préalablement à toute discussion. C’est en ce sens que nous avons dit qu’on aurait pu mieux faire. En d’autres termes, le chef d’atelier a été spolié des déchets qui lui étaient dûs sur toutes les pièces antérieures à la dernière.

 CONSEIL DES PRUD’HOMMES.

Audience du 6 décembre,

(présidée. par m. goujon.)

[5.2]*** Première question.– Un fabricant qui fait perdre plusieurs jours à un chef d’atelier, soit en lui faisant attendre de l’ouvrage, soit en négligeant de se rendre aux invitations de ce dernier à comparaître devant le conseil, doit-il un défrayement ? – R. Oui, le fabricant est responsable du temps qu’il fait perdre par sa négligence.

Le sieur Combet fait assigner les sieurs Burel et Beroujon, qui ont fait défaut à ses deux invitations, et réclame un défrayement pour le montage d’un métier de velours à cantre. La pièce fabriquée n’est que de trente-cinq aunes, et la façon ne s’élève qu’à la somme de 280 fr. Il produit le compte de ses dépenses, montant à 70 fr.

Le sieur Burel cherche à s’excuser sur la lenteur de la fabrication, disant que si le sieur Combet eût fini plus tôt, il aurait eu une pièce de suite. Il termine en offrant de donner une seconde pièce.

Le sieur Combet l’accepte, mais demande qu’une indemnité lui soit accordée pour les huit jours qu’il vient de perdre, par la faute du sieur Burel.

« Attendu que l’ouvrier a perdu huit jours, par la négligence du sieur Burel à se rendre aux invitations qu’il a reçues, le conseil décide qu’il paiera un défrayement de 20 fr. au sieur Combet, plus les frais. »

*** Deuxième question. – Un chef d’atelier, qui occupe un ouvrier à journée, peut-il, d’après la date d’entrée de l’ouvrier dans l’atelier, portée sur sa main courante, refuser à ce dernier les journées qu’il réclame, d’une date antérieure à la sienne ? – R. Non. Le livre du maître ne peut faire règle qu’autant qu’il n’y a point de preuves contraires.

Le sieur Reynal réclame au sieur Pottier, menuisier, la somme de 53 fr. Le sieur Pottier prétend ne devoir que 20 fr. L’erreur, selon lui, résulterait de huit journées de travail montant à 24 fr., qu’il prétend ne pas devoir, ne les ayant pas marqué sur sa main courante, qui porte l’entrée de son ouvrier au 24 août, au lieu du 16. Le sieur Reynal produit des certificats qui constatent qu’il a travaillé chez plusieurs personnes, pour le compte du sieur Pottier, avant la date marquée sur le livre de ce dernier. Le sieur Pottier se renferme dans un système complet de dénégations, disant ne pas vouloir s’en rapporter aux certificats. Le sieur Reynal réplique à son adversaire, et se plaint de son refus de lui rendre ses outils.

« Attendu les certificats qui constatent que le sieur Reynal a travaillé, à la journée, depuis le 16 août, le conseil condamne Pottier à payer à Reynal la somme de 53 fr., et à lui rendre ses outils de suite, et aux frais. »

 BUDGET
d’un homme du peuple en bretagne.

Il est curieux de vérifier ce qui revient à chaque prolétaire bas-breton, ce que lui prennent le monopole et l’impôt, et ce qui lui reste pour vivre. Ce budget du peuple parlera aux yeux, et fera comprendre la situation des neuf dixièmes de notre population. Le journalier gagne 125 fr. par an ; en ajoutant à cette somme 80 francs que peut gagner sa femme pour deux cents jours de travail, et il est rare que ses enfans lui laissent autant de jours libres, on aura une somme de 205 fr., pour une famille qui n’a jamais moins de cinq à six personnes à entretenir. Maintenant, voyons ce que l’impôt prend sur ce faible avoir. D’abord 17 fr. 10 cent. pour la taxe du sel ; 12 fr. pour le monopole du tabac ; [6.1]contribution mobilière et personnelle, 1 fr. 9 cent. ; en tout 30 fr. 19 cent., c’est-à-dire plus de la septième partie de ce que possède la pauvre famille. Reste donc 174 fr. 81 cent. ; mais sur cette somme, il faut retrancher le loyer qui est au moins de 24 fr. ; reste à 150 fr. 81 cent., toujours pour six personnes, ce qui donne 25 fr. 13 cent. par personne. Ainsi, pour 25 fr. 13 cent., il faut qu’un être humain se nourrisse, s’habille, se chauffe et s’éclaire. Pour 25 fr. 13 cent., c’est ce que coûte un chapeau de femme ! ce qu’on paie par tête pour un dîner chez Véfour ! ce qu’on joue à l’écarté entre deux contredanses ! 205 fr. de revenu au journalier ! De sorte qu’un préfet coûte autant à lui seul que cent journaliers ; la liste civile suffirait pour en faire vivre cent mille ! Puis demandez à quoi bon quelques millions d’économie : eh ! cinq millions seulement, c’est la vie de cinquante mille de nos semblables…

(Le Finistère.1)

 Pétition des ouvriers de Paris

a la chambre des députés.

Messieurs les députés,

La révolution de juillet n’est point, comme on l’a dit, un effet sans cause. Si nos pères, en 1789, ont pris les armes contre l’ancien régime, c’est que l’ancien régime les écrasait du poids odieux des priviléges féodaux. C’est pour échapper à cet ancien régime restauré que le peuple de 1830 a fait des barricades ; c’est pour obtenir son émancipation progressive, mais complète, qu’il a si glorieusement brisé le vieux trône de la légitimité. Cependant, sa victoire lui a peu profité jusqu’ici ; et le moyen-âge, avec son ignorance et sa misère, pèse encore tout entier sur lui. Comme au temps de la féodalité, le peuple a de lourdes charges à supporter.

Charles X a été détrôné, et Louis-Philippe a été élu roi ; des pairs ont été chassés, d’autres sont venus à leur place ; des commis ont été déplacés, d’autres leur ont succédé ; le cens électoral et celui d’éligibilité ont été abaissés : toutes ces choses ont une valeur, mais elles sont sans intérêt immédiat pour le peuple des ateliers et des chaumières, pour les travailleurs de toutes les classes et de tous les ordres, pour ceux qui moralisent, éclairent, enrichissent le monde du fruit de leurs labeurs, qui ne sont ni pairs, ni ministres, ni électeurs, ni députés, et qui forment cependant les vingt-neuf trentièmes de la nation.

Le grand fait qui résulte de la révolution de juillet c’est la consécration du principe de la souveraineté populaire, et le triomphe de ce principe sur le droit divin. Mais la souveraineté populaire ne serait qu’un pur mensonge, si, libre et souverain de droit, le peuple était esclave de fait, et si son existence morale, intellectuelle et physique n’était point améliorée.

En vain la Charte proclame l’égalité devant la loi, et l’admissibilité aux emplois, pour tous les Français, si l’ignorance et la misère accablent les masses et les tiennent constamment hors de la portée des droits politiques, cette égalité écrite dans la loi n’est qu’une fiction constitutionnelle, et rien de plus.

En conséquence, Messieurs les députés, nous vous prions de faire droit aux demandes suivantes :

Le premier besoin de l’homme est celui d’être éclairé, car la vertu se fortifie et se développe par l’instruction dans une société bien organisée. Nous vous prions de provoquer un concours pour l’établissement d’un système [6.2]complet d’éducation. Sans l’éducation, l’instruction n’est qu’un instrument inutile et quelquefois nuisible. Nous demandons que l’enseignement des hautes sciences soit rendu accessible à tous ceux qui seront reconnus capables de le recevoir et d’en profiter, quelles que soient leur fortune et leur naissance. Enfin, nous demandons que l’enseignement primaire soit donné gratuitement par toute la France, et à tous. La suppression du traitement, accordé par l’état aux ministres des divers cultes, permettrait de réaliser ce projet sans augmenter les charges de la nation ; c’est pourquoi nous demandons la suppression des traitemens ecclésiastiques.

La presse, dont l’influence bienfaisante a détruit tant et de si crians abus, et doit aider si puissamment à l’affranchissement du monde entier, la presse, destinée à éclairer les peuples, la presse, ce puissant instrument de civilisation et d’éducation, est entravée de droits gênans et vexatoires. Nous demandons l’abolition entière du timbre des journaux, la réduction à moitié du prix exhorbitant de leur transport par la poste, ainsi que du transport des ouvrages imprimés ; nous demandons l’abrogation de la loi qui limite le nombre des imprimeurs, loi créée par le despotisme impérial, conservée par la restauration et par les divers ministères qui se sont succédé depuis 1830, mais qui doit tomber comme tout ce qui heurte la logique, ou même le simple bon sens.

Nous demandons l’abolition du sens d’éligibilité. Un homme de mérite est plus rare qu’une cote foncière de cinq cents francs.

Les impôts du sel1 et des boissons exaspèrent la population pauvre des villes et des campagnes ; ils entravent l’agriculture et attaquent le travail dans sa source. Nous en demandons la suppression avec d’autant plus d’instance, qu’ils coûtent des frais énormes de perception (environ vingt-cinq pour cent).

La suppression de l’impôt du sel et des boissons laissant un vide dans le trésor : l’amortissement, ruineuse jonglerie, en y comprenant l’intérêt des rentes rachetées, absorbe une somme de quatre-vingt-dix millions ; l’année prochaine, elle s’élèverait à 94 millions ; c’est à peu près le dixième du budget. En affectant cette masse énorme de capitaux au remplacement du produit des impôts dont nous vous demandons la suppression, le vide se trouve à peu près comblé ; une augmentation de droits sur les successions en ligne collatérale suppléerait à l’insuffisance de cette somme. Cette mesure, proposée dans le cours de la session dernière, par MM. les députés, membres de la commission du budget, est de nature à ne blesser aucun intérêt, et mérite d’être méditée.

Quant à la loi qui taxe si fortement les céréales étrangères à l’importation, nous n’en parlons que pour mémoire, persuadés que nous sommes qu’un abus aussi révoltant ne tiendra pas long-temps devant vos lumières et votre patriotisme.

Messieurs les députés, tels sont nos vœux pour le présent, formulés peut-être d’une manière incomplète, mais nous ne voulons pas tout dire ; vos lumières, et surtout vos cœurs, suppléeront à notre silence.

On a souvent parlé de l’honneur de la France : l’honneur de la France veut qu’elle soit forte et considérée au dehors ; riche, heureuse, florissante au dedans. Les demandes que nous vous faisons sont destinées à produire ce résultat : nous espérons que vous les prendrez [7.1]en considération ; vous mériterez ainsi l’affection du peuple et sa reconnaissance : il bénira vos noms. Nous sommes avec respect, Messieurs les députés,
Vos très humbles et obéissans serviteurs,

(Suivent les signatures.)

Cette pétition a été rédigée par M. Béranger2, ouvrier horloger, et les vues utiles qu’elle renferme ont été exposées par les ouvriers eux-mêmes ; elle va être déposée sur le bureau de la chambre, par M. le général Thiard3, député.

Voila donc ces hommes du peuple que l’on ne craint pas de comparer aux hordes barbares du Nord ; ces ouvriers que l’on nous représente comme ennemis de l’ordre et conspirant sans cesse le renversement de la société ! S’ils se réunissent, l’autorité s’en émeut, ils sont coupables, il faut dissiper par la force leurs réunions illicites ; et cependant, vous le voyez, tout dans leur démarche est conforme à la loi. Au lieu d’employer la violence que la malveillance ou la misère pourrait leur conseiller, ils usent paisiblement du droit de pétition ; ils vous exposent leurs intérêts matériels, leurs besoins moraux, et vous indiquent les moyens de les satisfaire ; députés de la France ne soyez point insensibles à leurs réclamations, le peuple des départemens les appuie de ses vœux ; entrez enfin dans la voie des améliorations sociales et politiques ; montrez-vous les mandataires de la nation, elle oubliera que vous n’êtes que les élus de quelques privilégiés.

 Société de Lecture

ET D’ENCOURAGEMENT POUR L’INDUSTRIE.

La société de lecture et d’encouragement pour l’industrie, désirant décerner, suivant ses réglemens, une ou plusieurs médailles d’encouragement pour des perfectionnemens ou inventions utiles, et plus spécialement pour ceux qui s’appliquent à l’industrie lyonnaise et à la fabrication des étoffes, prie les personnes qui auraient des titres à cette distinction, d’en donner connaissance, le plus tôt possible, au comité d’administration, rue Gentil, n° 2, au premier étage.

DUMAS, président.

 Jurisprudence.1

affaire du curé vion, nommé capitaine de la garde nationale.

Nous avons entretenu nos lecteurs de cette importante affaire dans le n° 41 du journal (voyez page 5, Question de droit). En voici la solution :

Le conseil de révision du canton de Châteauneuf-sur-Loire s’est assemblé le 28 octobre dernier, et a décidé que M. Vion, ayant donné sa démission de la fonction qu’il exerçait, de curé à St-Martin-d’Abbat, et déclaré vouloir rentrer dans la vie civile, était apte à exercer celle d’officier de la garde nationale.

Un banquet improvisé a eu lieu pour célébrer cette décision.

 VARIÉTÉS.

STATISTIQUE MONÉTAIRE DE LA FRANCE.

Il a été frappé :

Au type impérial, 1,415,854,495 fr. 50 c.
Au type deLouis XVIII, 1,004,163,169  75
Au type de Charles X685,430,240 50
Au type de Louis-Philippe279,852,948 50
Total.3,385,300,854 25

[7.2]L’émission monétaire de 1831 a été de 254,619,578 fr. 50 c., dont 49,641,380 fr. en or, et 204,978,196 fr. 50 c. en argent.

Il a été fabriqué par

La monnaie de Paris,104,960,600 fr. 50 c.
Celle de Lille,44,122,566 fr. 50 c.
Celle de Rouen,42,162,097 fr. 25 c.
Celle de Lyon,17,261,778 fr.
Celle de Marseille,10,178,180 fr.

Les hôtels de Paris, Lille et Rouen sont les seuls qui aient frappé des pièces d’or.

La masse de numéraire en circulation comprend non seulement les 3,385,300,854 fr. 25 c. frappés depuis l’empire, mais encore les anciennes monnaies et celles de la république.

Sans doute tout ce numéraire n’est pas resté en France. Il y a des pièces d’or et d’argent françaises dans toute l’Europe.

Mais ce qui en est sorti est compensé par les monnaies étrangères qui sont entrées ; car nous avons aussi des monnaies de tous les pays de l’Europe.

(Le Constitutionnel n° 281).

 Tableau du matériel de la Marine Française.

Bâtimens existans au 1er janvier 1832.

Vaisseaux, 34.– Frégattes, 39.– Corvettes de guerre, 14. – Corvettes-Avisos, 7. – Bricks, bricks-avisos et goëlettes, de 10 à 12 bouches à feu, 48. – Bombardes, 8. – Canonnières, bricks de 8 bouches à feu, 6 – Bâtimens de flottille et autres de 4 bouches à feu et au dessous, 41. – Bâtimens à vapeur, 12. – Corvettes de charge de 800 hommes, 16. – Gabares, 28.– Transports, 4. – Yachts, 2. Total, 259.

Bâtimens qui seront en chantier au 31 décembre 1832.

Vaisseaux, 21. – Frégattes, 27. – Corvettes de guerre, 5.– Corvettes-avisos, 1.– Bricks, bricks-avisos et goëlettes, de 10 à 12 bouches à feu, 1. – Canonnières, brick de 8 bouches à feu, 1. – Bâtimens à vapeur, 5. – Gabares, 5. Total, 66.
Total général, 325.

 Statistique de la Fabrique d’Elbeuf et de Caudebec.

La fabrique d’Elbeuf aura produit, en 1832, à peu près, demi-pièce : 123,000
Celle de Caudebec et des environs : 7,000
Total : 130,000

dont le produit peut être évalué à 35 millions de francs, qui se divisent ainsi :
Laines, pour environ : 18,500,000 fr.
Teinture, id. : 2,000,000
Main-d’œuvre et frais généraux : 11,000,000
Bénéfices présumés faits par la fabrique et la commission : 3,000,000
Total : 34,500,000

La fabrique emploie en ouvriers :
1° Tisserands et trameurs, environ : 4,000
2° Ouvriers depuis le triage des laines jusques et y compris le pressage des draps : 5,500
Total : 9,500

[8.1]Dans ce nombre ne sont point compris les ouvriers employés aux filatures, teintures, fouleries, etc., de Louviers et autres endroits, ni les ouvriers mécaniciens, menuisiers, etc., que nous ne classons point comme servant à la manutention des draps.

(Journal d’Elbeuf.1)

 

Chemins de fer. – C’est le 1e octobre dernier que les voitures publiques du chemin de fer de St-Etienne à Lyon ont fait pour la première fois ce trajet. La route se divise de la manière suivante :

1° De Lyon à Givors, le long des bords du Rhône, 20 kilomètres, pente descendante à peu près uniforme d’un demi-millimètre ; 2° de Givors à Rive-de-Gier, 17 kilomètres, pente ascendante constante de six demi millimètres, avec un assez grand nombre de courbes de 500 mètres de rayon ; 3° de Rive-de-Gier à St-Etienne, 22 kilomètres, pente ascendante constante d’environ treize demi-millimètres. Total, 59 kilomètres, dont 4 de galeries souterraines.

Les chevaux, au trait, parcourent la route de Lyon à Givors, en un quart ou une demi-heure ; de Givors à Rive-de-Gier, en une demi-heure ; et de Rive-de-Gier à St-Etienne, en 2 heures. Total, 5 heures. Le retour, à la descente, a lieu de St-Etienne à Givors, par l’effet seul de la gravité, et de Givors à Lyon, au moyen de chevaux. On peut compter une demi-heure pour la descente de St-Etienne à Rive-de-Gier, une heure pour celle de Rive-de-Gier à Givors, et deux heures de Givors à Lyon. Total, 4 heures et demie. La circulation moyenne est de 300 voyageurs par jour.

(Journal du Commerce de Paris.)

 

Du journalisme dans les Indes. – D’après un document publié par le parlement anglais, il y avait, en 1814, dans les différens gouvernemens de l’Inde-Anglaise, dix journaux anglais ; savoir : un dans le Bengale, cinq au fort St-Georges, et quatre à Bombay. En 1820, on avait déjà 17 feuilles en langue anglaise, et 2 en langue indienne, réparties de la manière suivante : Six au Bengale, huit au Fort-St-Georges, et six à Bombay, dont 2 Indiens. En 1830, on comptait dans les mêmes pays, 51 journaux anglais et 12 indiens ; 31 des premiers, et 8 des derniers, se publiaient dans le Bengale ; 8 feuilles anglaises au Fort-St-Georges, et 12 à Bombay ; et dans ce dernier lieu, 4 feuilles indiennes. Il y avait, à cette même époque, six imprimeries dans le Bengale, deux à St-Georges et huit à Bombay.

Messager des Chambres (n° 39, 4 nov. 1832).

 

Polygraphie. – Un russe a publié un ouvrage intitulé : Vue de toutes les langues et dialectes connus. Nous trouvons, en tout, dans ce livre, 937 langues et dialectes asiatiques, 587 européens, 226 africains, et 1264 américains, tous énumérés et classés par ordre. La Bible est traduite en 139 langues.

Le Cabinet de Lecture (4e année, n° 216, 4 oct. 1832).

 Coups de Navette.

M. Fulchiron s’est fait St-Simonien ; il abandonne aux ouvriers de Lyon la totalité de sa fortune ; il veut vivre en travaillant.

Quel superbe charivari se prépare, M. F.......n ne l’aura pas volé.

[8.2]M. Fulchiron a déposé sur le bureau de la chambre des députés, une pétition de tous les accapareurs de blé ; ils demandent une récompense nationale en se fondant sur ce que s’ils en agissent ainsi, c’est par humanité, pour procurer de l’argent aux paysans, et occuper un grand nombre d’individus qui, autrement, seraient sans ouvrage. Les marchands fabricans de Lyon, se proposent également d’en faire une pour le même objet.

Le Courrier de Lyon encense Fulchiron ; Fulchiron vante le Courrier de Lyon. Asinus, asinum, Fricat.

M. Fulchiron a des proneurs : Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire.

 AVIS DIVERS.

[92] Le sieur DAVID, mécanicien, à Lyon, place Croix-Pâquet, prévient MM. les fabricans, chefs d’ateliers et devideuses, qu’il établit ses nouvelles mécaniques économiques, pour lesquelles il est breveté, à une seule roue comme avec plusieurs, avec une seule corde comme sans corde, par le procédé des roues tournant horizontalement, dont le plan circulaire fait mouvoir les broches, l’axe général ou moteur ayant été par lui placé au centre des mécaniques rondes à dévider et à faire les cannettes, moyens qui lui ont fait supprimer sur l’ancienne méthode, engrenage, cordages, poulies, etc., et lui a donné la facilité d’y adapter le cannettage simultané. Toutes mécaniques de ce genre qui ne sortiraient pas de ces ateliers seront confisquées, les contrefacteurs poursuivis. Il adapte ces nouveaux procédés aux anciennes mécaniques, fait des échanges contre les vieilles, et revend ces dernières à un prix modéré. Le nombre d’ouvriers qu’il occupe le met à même de livrer plusieurs mécaniques le jour même qu’on lui en fait la commande. Elles s’établissent à volonté, de forme ronde, longue ou en fer à cheval. Les roquets et cannettes se font de trois formes différentes, si on le désire, bombés, cylindriques et en pain de sucre. On peut régulariser le mouvement des broches, ou leur donner des mouvemens différens pour dévider les matières fortes et faibles.

[53] Les sieurs Deleigue et Bailly, mécaniciens, rue St-Georges, n. 29, à Lyon, préviennent MM. les fabricans, chefs d’ateliers et dévideuses qu’ils viennent d’obtenir un brevet d’invention et de perfectionnement d’un nouveau genre de mécaniques rondes, dites - roue volonté, propres à dévider, trancanner et faire des cannettes à plusieurs bouts, de toutes sortes de soie. Par un nouveau procédé ; elles suppriment rouleaux, cordages et engrenages, et sont supérieures à toutes celles qui ont paru jusqu’à ce jour. Les broches tournant par une seule roue qui tourne horizontalement, font qu’elles tournent toutes régulièrement.

[94] Six métiers de courants à vendre, ensemble ou séparément, s’adresser au bureau.

[95] Appartement de trois pièces au centre de la ville à louer de suite, s’adresser au bureau.

[96] Une mécanique en 900 et deux en 400, à vendre.

[107] Une mécanique de Skola en 600, en très bon état, ayant une bascule à cilindre, à vendre, au prix de 60 fr. Plusieurs rouleaux en tilleul en 5/4 et 4/4, ainsi que diverses planches d’arcades de la même grandeur, dans un étal presque neuf. S’adresser au bureau du Journal.

[115] A vendre ou à louer, un atelier propre au lissage des desseins et au repiquage des cartons pour la fabrique, composé de deux lissages, avec accessoires ; on donnera facilité pour le paiement. S’adresser à M. Sigaud, rue du Cornet, n. 4.

[120] Au rabais. JOINON, chapelier, quai Monsieur, n° 122, prévient le public, qu’il tient un assortiment de chapeaux de feutre, et du feutre pour gilets et autres usages dont il démontrera l’utilité.
Les prix sont réduits pour les chapeaux de 20 fr. à 15 fr. Id. de 17 fr. à 12 fr. Id. de 12 fr. à 9 fr.
On traitera également à bas prix, pour les gilets et le feutre en pièce.

Notes (  M.  FULCHIRON Député. Quo usque tandem...)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

Notes ( INCONVENANCE DU VOTE des Prud’hommes étrangers à la Fabrique des étoffes de soie,)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 Léopold (avocat), Manuel des prud’hommes et guide des marchands-fabricants, contremaîtres… ouvriers et apprentis en tous genre d’industrie, publié à Paris en 1811.
3 Référence ici à Guillaume Poyet (1474-1547), chancelier de François Ier, maître d’œuvre des ordonnances de Villers-Cotterêts (1539) qui le conduiront à la condamnation et à la disgrâce.

Notes ( CONCOURS.)
1 Jöns Jacob Berzélius (1779-1848), chimiste suédois.
2 Nicolas-Louis Vauquelin (1763-1829), physicien et chimiste français.

Notes (  Lyon , le 27 novembre 1832 . Au même ....)
1 Jean-Louis Alléon-Dulac (1723-1788), né à St-Étienne, avocat au parlement de Lyon (1748-1765), auteur de Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des provinces de Lyonnais, Forez et Beaujolais (1765).
2 Antoine-François Delandine (1756-1820), historien et bibliothécaire lyonnais.
3 Référence : Dictionnaire des rimes dans un nouvel ordre, par Richelet, publié à Paris en 1702.
4 Hyde Thomas, De Ludis orientalibus, publié en 1694.

Notes ( BANQUET SAINT SIMONIEN.)
1 On trouve ici mentionnés les principaux saints-simoniens engagés peu après dans l’aventure égyptienne, notamment Pierre-Denis Hoart (1795-1835) ou Michel-Julien Bruneau (1794-1864).

Notes (  BUDGET d’un homme du peuple en bretagne ....)
1 Il s’agit probablement de l’Annuaire du département du Finistère, publié à Quimper depuis 1830.

Notes ( Pétition des ouvriers de Paris)
1 Dès le début du siècle, le libéralisme économique marqua une nette préférence pour l’impôt indirect. Les taxes indirectes sur les biens de consommation furent acceptées par la bourgeoisie et les propriétaires fonciers hostiles aux contributions directes. De plus, les dirigeants ne résistèrent pas à la tentation de leur donner une place de choix dans les recettes de l’État. Sous Louis XVIII et Charles X, les impôts indirects représentaient la moitié des recettes budgétaires. La monarchie de Juillet persévéra dans cette voie en raison du développement général de la consommation. Or ces impôts frappent plus les pauvres et les familles nombreuses, si bien que se renouvellent fréquemment des manifestations populaires contre cet état de fait perpétué par la royauté. En 1830, ces contributions représentent environ 45,5 % de l’ensemble des recettes fiscales. La prépondérance de plus en plus affirmée des impôts sur la consommation tout au long du xixe siècle permet de contenir la montée des impôts sur la fortune et les revenus et de faire baisser leur part relative dans le produit fiscal total. Référence : R. Schnerb, Deux siècles de fiscalité française, Paris / La Haye, Mouton Éditeur, 1973.
2 Charles Béranger (1798-1860) avait déjà publié en février 1831 dans Le Globe une retentissante Pétition d’un prolétaire à la Chambre des députés.
3 Le comte Thiard de Bissy (1772-1852), député de Saône-et-Loire entre 1820 et 1834.

Notes ( Jurisprudence.)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la Table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).

Notes ( Statistique de la Fabrique d’Elbeuf et de Caudebec.)
1 Il s’agit du Journal d’Elbeuf. Commerce, arts, littérature, annonces, publié à partir de 1832.

 

 

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