pour les jeunes filles qui ont atteint l’âge de douze ans.
M. Moreau, maire du septième arrondissement de [5.1]Paris, l’un des plus populeux et des plus pauvres, vient de former un établissement destiné à procurer du travail aux jeunes filles qui, arrivées à l’âge de douze ans sans fortune et quelquefois sans moyens d’existence, passent, dans le dénuement et la misère, cette période critique de leur vie, où les passions fermentant inconnues pour faire explosion quelques années plus tard, prédisposent la fille souffreteuse à se laisser entraîner dans l’abîme du vice.
Nous appelons l’attention de l’autorité et des citoyens philantropes sur cette institution, qui doit être selon nous, le complément nécessaire des salles d’asyle1 auxquelles nous avons, dans cette feuille, rendu un hommage mérité.
Ceux qui emploieront leur fortune, leur influence, à doter la ville de Lyon d’ateliers semblables auront bien mérité de l’humanité en général, de la patrie en particulier.
Nos lois ne se sont pas assez occupées de la femme cette intéressante moitié du genre humain2. Quelque chose doit compenser pour elle l’absence de tous droits politiques ;
Hommes honnêtes et sensibles ! avec un peu d’or et quelques soins combien de victimes n’arracherez-vous pas à la corruption par un établissement de ce genre ? Et vous femmes que l’opulence environne, le malheur de votre sexe pourrait-il vous trouver froides et insouciantes ?
Marius Ch...g.
Notes ( ATELIERS DE TRAVAUX PUBLICS)
Créées en 1826, les salles d’asile permettaient l’accueil des jeunes enfants. Cette création participait d’un effort général dirigé vers l’enseignement et l’éducation de l’enfant. En novembre 1832 était parue la toute première livraison du Manuel général de l’instruction primaire et quelques mois plus tard, en juin 1833, sera votée la loi Guizot.
Le regard et l’analyse portés par le journal des canuts sur les femmes, leurs rôles social et politique, vont rapidement évoluer à partir de l’automne 1832. L’Écho de la Fabrique va publier en 1833 des articles, poèmes et chansons écrits par des femmes et saluera la parution du Conseiller des femmes d’Eugénie Niboyet. En juin 1833, s’interrogeant sur « la condition sociale des femmes au xixe siècle », un journaliste va noter : « Pourquoi ne deviendrait-elle pas autre chose qu’un ustensile de ménage ou un meuble de salon ? Pourquoi n’obtiendrait-elle pas dans la grande association la place qui lui convient ? » (numéro du 24 juin 1833).