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23 décembre 1832 - Numéro 61
 
 

 



 
 
    
 LITTÉRATURE.

Nous avons signalé aux lecteurs, dans le n° 55 de l’Echo la réapparition d’Asmodéei ; le défaut d’espace nous a empêché d’annoncer les livraisons à mesure qu’elles ont paru ; nous allons réparer cette omission involontaire. La première livraison avait pour titre : Moi. La Guillotine, l’Anniversaire (des journées de novembre), au Roi, et la République, sont les sujets des quatre livraisons subséquentes. Pour être justes envers un poète que nous estimons, nous dirons qu’en général, elles sont au-dessous de la première. Il y a cependant de beaux vers, mais M. Berthaud est susceptible de mieux faire, et lorsqu’il dit :

Ma main sans se marquer une route au compas,
Taille de rudes vers et ne les polit pas.
Ce n’est pas une réponse suffisante. Qu’il se pénètre bien que la tâche qu’il a entreprise veut non seulement un grand talent, mais encore un travail continuel. Qu’il se souvienne de l’impatience avec laquelle chaque livraison de Némésis était attendue ; il faut qu’il en soit de même d’Asmodée. Nous devons excepter du jugement peut-être rigoureux, que nous venons de porter, la satire qui a pour titre au Roi ; nous en citerions avec plaisir quelques vers, mais elle a été saisie. Attendons que Thémis ait prononcé ; elle ne voudra pas sans doute se brouiller avec Apollon.

Un accident survenu à M. Berthaud, l’a empêché de [7.2]faire lui-même la sixième livraison, il a eu recours à un de ses émules, l’auteur du Transfugeii, M. Kauffmann. On ne saurait trop applaudir à cette fraternité littéraire, qui nous permettrait au besoin de dire avec orgueil et confiance :

Uno avulso non deficitalter.

M. Kauffmann a pris pour sujet la Guerreiii.

La voilà donc la guerre ! Affreuse, dévorante,
Aux cent bras, aux longs pas, autour de nous errante.

A vous l’insigne honneur de laver les affronts
Que naguères l’Europe imprima sur nos fronts !

Et pour que votre sang, objet de vils négoces,
N’ait pas coulé si pur pour un présent de noces,
Abattez en passant, fils des soldats d’Eylau,
Les marbres insultans qui parent Vaterloo !…iv

Le poète a un mouvement oratoire superbe, lorsque se mettant en scène, il dit ce qu’il ferait à la tête de deux cent mille Gaulois.

Je courrais, dérivant la chaîne qui la lie,
Sans redouter Camille, affranchir l’Italie !

Puis j’irais, relevant la belle Varsovie,
lui payer en ce jour les tourmens de sa vie !
Effaçant l’attentat qui pèse sur les rois,
Je lui rendrais son nom, sa splendeur et ses lois

Je voudrais de ma main lui tracer un faubourg
Qui traversât la Prusse et finit à Brandbourg !

Tous les patriotes s’associent aux vœux de M. Kauffmann.

M. C.

 

 

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