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16 décembre 1832 - Numéro 60
 
 

 



 
 
    
 La Mode et l’Echo de la Fabrique.1

[2.1]La Mode2 est un journal légitimiste qui fait les délices du faubourg St-Germain, comme le Corsaire ceux du quartier latin. L’Echo de la Fabrique, journal des prolétaires, suit une ligne bien différente ; il est mal vu au parquet et dans les salons ; on l’accuse de tendance républicaine, voire même d’esprit anarchique ; ceux qui l’accusent de la sorte sont de très braves gens qui, par ignorance, Dieu nous garde de dire par mauvaise foi, confondent la république qui est un gouvernement régulier avec l’anarchie qui est l’absence de tout gouvernement. L’Echo occupe, dans la mauvaise presse, une place qui s’agrandit chaque jour, ce dont le bénin Courrier de Lyon enrage. Or, vous qui ne croyez pas à l’alliance de la république et du carlisme, vous demandez ce qu’a de commun l’Echo de la Fabrique avec la Mode ? Vous allez voir : les actionnaires de l’Echo, ayant cru devoir célébrer, par un banquet, l’anniversaire de la fondation de cette feuille bousingote, comme dit la France Nouvelle, de ce journal de la basse presse, comme dit l’honnête Courrier, se réunirent, le 28 octobre dernier, en une fête de famille, du genre de celles dont M. Couderc a répudié l’honneur. Des toasts furent portés. L’un d’eux, par M. Berger, notre gérant, a arrêté les regards de la noble dame.

Ce chef d’atelier avait dit : « L’aristocratie nobiliaire a fait semblant de disparaître pour faire place, momentanément, à l’aristocratie financière, non moins accablante et non moins tyrannique que la première. »

La Mode approuve ces paroles, voila la ressemblance. Mais elle ajoute :i L’Echo en viendra bientôt à convenir que l’on fait moins long-temps antichambre chez un Crillon ou chez un Montmorency, que chez M. le baron de Fincourant et M. le marquis de Sacoche.

Voici la différence : l’Echo ne veut faire antichambre ni chez Crillon ou Montmorency, ni chez MM. Fincourant et Sacoche ; et de ce qu’il blâme les derniers, il ne faut pas en conclure qu’il approuve ou regrette les premiers. L’Echo est l’ennemi de toutes les aristocraties. Il n’en reconnaît qu’une, celle du talent : il l’honore et l’estime, parce qu’elle ne froisse aucun intérêt, et il désire qu’à elle seule soient attribuées les fonctions sociales, afin de pouvoir respecter ce à quoi il doit obéir.

Ceci soit dit pour l’édification de tous.

M. C.

Notes ( La Mode et l’Echo de la Fabrique.)
1 L’auteur de ce texte est Marius Chastaing, d’après la table de L’Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 Probablement La Mode. Revue des modes, journal publié à Paris depuis octobre 1829.

 

 

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