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30 décembre 1832 - Numéro 62
 
 

 



 
 
    
 ANECDOTE PROLÉTAIRE.

[6.1]A ceux qui calomnient les ouvriers nous allons répondre par l’anecdote suivante dont l’authenticité nous est garantie, et que nous pouvons, sans indiscrétion, livrer à la publicité, ceux qui en sont l’objet étant morts.

Feu Ranvier, chef d’atelier, occupait un appartement à Pilata, dans la maison Meunier Lortet, à l’époque de la révolution de 1789. Pendant onze ans il ne pût en payer le loyer, et le propriétaire dont la philantropie revit dans son filsi, prit constamment patience. Au bout de ce laps de temps, la situation commerciale de la France étant changée, Ranvier parvint à l’aide d’un travail soutenu et fructueux à se libérer de cet effrayant arriéré ; il est décédé depuis quelques années dans une honnête aisance. M. Lortet eut raison, comme on le voit, d’avoir confiance en la moralité de son locataire ; la prescription n’aurait pu entrer dans la tête de ces honnêtes gens.

Combien d’ouvriers ne doivent en ce moment la réputation de mauvais payeurs qu’à l’état de gêne où ils se trouvent par suite de la stagnation des affaires et du bas prix des façons ! Ils subissent cependant les avanies de créanciers exigeans ! Si l’on savait tout ce qu’il y a de probité dans le cœur des hommes qu’on appelle du peuple ! Si l’on savait, pourvu que Dieu leur prête vie, avec quel plaisir ils s’empresseront, dans un temps meilleur, à payer leurs dettes ! On craindrait de flétrir ainsi leur existence.

M. C.

 

 

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