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30 décembre 1832 - Numéro 62
 
 

 



 
 
    
 LITTÉRATURE.

Les doctrines républicaines1

absoutes par le jury lyonnaisi,

(Assises du déc. 1832.)

M. Eugène Dufaitelle2, jeune homme de vingt-deux ans, vient de publier sous ce titre une brochure remarquable ; elle contient, outre la préface, le récit de son procès devant la cour d?assises de Lyon, l?article incriminé, le plaidoyer de Me Périer, avocat, et celui qu?il devait prononcer lui-même pour sa défense ; ce dont il fut empêché, convalescent à peine d?une maladie dangereuse. Ce procès était grave par sa nature, car c?était bien vraiment la démocratie qui était en cause dans la personne d?Eugène Dufaitelle ; c?était bien encore elle qui se défendait par l?organe de Me Périerii ; il doit par conséquent survivre au verdict du jury ; absoute par lui, c?est encore la démocratie qui vient par la voix de la presse, demander à l?opinion un verdict nouveau.

Un sentiment moral, ou mieux dire religieux, sert de base au nouvel édifice social que projette M. Dufaitelle. Plus d?une personne, prévenue sur le compte de l?auteur du rapport des idées morales et religieuses, sera étonnée après avoir lu cette brochure, de voir changer son opinion sur cet homme célèbreiii. Nous renvoyons les lecteurs à cette brochure digne d?être méditée, et qui témoigne d?une profonde conviction dans notre jeune publiciste, en même temps que d?un talent peu commun. Nous ne citerons en l?abrégeant, qu?un passage du plaidoyer que M. Dufaitelle devait prononcer :

« L?illustre et vénérable fondateur du monde moderne, c?est ChristChrist. Quel est le nom sacramentel de Christ ? C?est verbe. Verbe, c?est la parole? La parole fut installée reine, et sous la tiare papale, elle commanda à l?univers? Si je descends dans la rue le fusil chargé, je conçois la réplique de votre fusil, mais si je ne vous attaque qu?avec la plume, je ne conçois pas d?autre réplique légitime que celle de la plume? »

M. Dufaitelle termine par une allocution brillante aux jurés.

« Je finis, Messieurs, j?espère que ma parole n?a pas engendré ici la haine. J?espère que ce qu?il y a dans mon c?ur d?affectueux pour vous tous, a trouvé une réponse dans le votre. Je vous aime, Messieurs, parce que vous êtes hommes. Si vous me condamniez d?erreur et de bonne foi, je vous plaindrais, parce que l?erreur est un malheur, etc. »

Notes ( LITTÉRATURE.)
1 L?auteur de ce texte est Marius Chastaing, d?après la table de L?Écho de la Fabrique (numéros parus du 30 octobre 1831 au 30 décembre 1832).
2 Eugène Dufaitelle, Les doctrines républicaines absoutes par le jury lyonnais, publié à Lyon à l?imprimerie Perret en 1832.

 

 

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