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6 janvier 1833 - Numéro 1
 
 

 



 
 
    
 Encore sur l’élection prochaine des prud’hommes.

Nous ne nous adresserons aujourd’hui qu’à vous chefs d’atelier, nous vous dirons, quels que soient vos candidats, et sans leur faire injure, vous avez le droit de leur demander des garanties pour leur conduite future ; ce droit résulte de la nature même, des choses, car vos prud’hommes sont vos mandataires avant d’être vos juges ; il y a mieux, l’exercice de ce droit est autant dans leur intérêt, bien entendu, que dans le vôtre. En effet, vous devez les fortifier eux-mêmes contre les séductions d’un pouvoir qui, quelque minime qu’il soit, peut avoir sa douceur, son avantage. Vous devez surtout les fortifier contre leur propre faiblesse, contre leur patriotisme même qui pourrait les porter à craindre de troubler l’harmonie, toujours désirable entre les membres d’un même corps, mais à laquelle cependant il ne faut pas faire trop de sacrifices : vous ne le pouvez que par un mandat impératif, sachez donc le donner ce mandat. Osez exiger de vos candidats qu’ils promettent de s’y soumettre ! et au besoin faites-leur en jurer l’exécution. Si l’on peut comparer les petites choses aux grandes, nous vous dirons que ce n’est qu’à l’aide d’un mandat impératif que le peuple a obtenu dans la session dernière l’abolition de l’hérédité de la pairie ; et sans les engagemens pris à ce sujet par les députés, il n’y a nul doute que ce privilège eût été conservé. Mais il y a peu d’hommes qui affrontent la réprobation publique et se glorifient du nom de parjure. Appliquez le même remède à votre position.

Vous voulez, chefs d’atelier,

[2.1]L’établissement d’une jurisprudence fixe, qui statue sur toutes les questions probables qui peuvent s’élever entre les négocians et vous, vous et vos apprentifs, afin de n’être plus victimes du caprice de l’erreur, même de la négligence de quelques-uns.i Vous voulez que cette jurisprudence porte avec elle sa sanction en prononçant une pénalité contre les contrevenans.

Vous voulez obtenir la libre défense, palladium de vos droits.

Eh bien stipulez avant d’aller au scrutin que les prud’hommes élus par vous devront exiger toutes ces choses ou se refuser à siéger sans cependant donner leur démission afin que la force d’inertie qu’ils opposeront oblige leurs collègues dissidens de venir à composition et alors vous aurez marché dans la voie du progrès où jusqu’à présent vous n’avez fait que de bien timides pas.

 

 

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