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13 janvier 1833 - Numéro 2
 
 

 



 
 
    
 

VOITURE A VAPEUR SUR ROUTES ORDINAIRES.

On écrit d’Angleterre :

Un voyage d’essai par la voiture à vapeur de MM. Ogle et Sammers vient d’être effectué avec un succès complet. Ces deux ingénieurs ont travaillé près de quatre années à perfectionner leur invention, qui leur a coûté plus de 30,000 livres sterling (environ 750,000 fr.) pour l’amener à ce degré de perfection, où il ne manque plus que quelques détails d’une faible importance pour qu’elle soit complète. Le point essentiel, dans les machines locomotives, est de produire la vapeur sans avoir d’explosions à redouter, Cette difficulté, MM. Ogle et Sammers l’ont vaincue de la manière la plus satisfaisante. Leur chaudière, construite de manière à offrir la plus grande résistance à l’expension de la vapeur, présente dans un espace très-circonscrit la plus grande surface possible à l’action du feu, et produit une force égale à celle de 13 chevaux. Les sutures sont exécutées avec la dernière perfection, et les communications de la chaudière au réservoir d’alimentation ne laissent rien à désirer.

La voiture est d’une forme à la fois élégante et plus commode qu’aucune autre. Cette nouvelle espèce de carosse à vapeur diffère des autres principalement par la hauteur et la disposition de la machine, qui est placée tout-à-fait derrière ; et comme les pièces de fer les plus pesantes sont à la partie inférieure, il est presqu’impossible que la voiture puisse verser.

Dernièrement cet équipage partit de Millbrook ; près Southampton, pour se rendre à Oxford, emportant 23 voyageurs avec leur bagage. Les douze premiers milles (environ 4 lieues) dont les côtes nombreuses sont connues, ont été franchis en une heure dix minutes, sans avoir imprimé à la voiture toute la vélocité dont elle est susceptible. Ensuite elle continua sa marche rapide vers Whitchurch ; mais à une petite distance de Sutton-Scotnea, elle fut obligée de s’arrêter pour renouveler sa provision de charbon. Sans cette halte, dans cinq heures son voyage eût été accompli, et cependant on sait combien la route est [8.1]inégale et montueuse ; mais les côtes les plus rapides furent franchies avec une extrême facilité : la rapidité de la marche était de dix milles à l’heure en montant celle de Whitchurch.

Une circonstance qui pouvait devenir dangereuse a prouvé la perfection de la machine et des moyens employés pour la gouverner ; au moment d’une descente rapide, la chaîne d’enrayage rompit, et en quelques secondes, la voiture acquit l’effrayante vitesse de 50 milles ou 17 lieues à l’heure, mais ne cessa pas un moment d’être dirigée avec la plus grande précision, sans qu’un boulon ou un écrou se soit le moins du monde relâché.

Il est à désirer qu’une pareille invention se propage pour le transport rapide et économique des voyageurs ; mais une grande partie de la force motrice étant employée à vaincre les inégalités de terrain sur les routes ordinaires, il sera impossible d appliquer cette machine locomotive aux transports de pesans fardeaux. Ils ne peuvent être exécutés avec économie que sur les chemins de fers, où les frottemens sont presque nuls. C’est à quoi n’ont pas songé plusieurs personnes, séduites d’abord par les effets prodigieux de la machine de MM. Ogle et Sammers.

Le Vulcain, n.° 15, 7 octobre 1832.

 

 

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