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10 février 1833 - Numéro 6
 
 

 



 
 
    
 AU RÉDACTEUR.

Lyon, le 6 février 1833.

Monsieur,

Dans l’intérêt de notre maison de fabrique, nous réclamons de votre justice de vouloir bien publier dans votre plus prochain numéro que les bruits malveillans que l’on fait circuler parmi les chefs d’atelier, sur notre refus de payer l’enlaçage des cartons, sont tout-à-fait faux. Depuis le jugement du conseil des prud’hommes du 24 janvier dernier, nous avons payé le susdit enlaçage.

Agréez, etc.

Gentelet et Dubost.

Note du rédacteur. – La question importante du laçage des cartons se trouve résolue en faveur des ouvriers par la lettre de MM. Gentelet et Dubost ci-dessus, ainsi que par celle de MM. Poton, Crozier et Ce, que nous avons insérée dans le dernier numéro. La prétention des négocians de faire payer aux chefs d’atelier le laçage des cartons, était à la fois injuste et ridicule ; nous la tenons pour terminée ; car nous sommes fondés à croire que M. Firmin Gentelet ne fut que le bouc émissaire de quelques-uns de ses collègues, et qu’il est aujourd’hui honteux du rôle qu’on lui a fait jouer. Ainsi nous ne verrons plus sur les livres des chefs d’atelier, ces mots : Le laçage à la charge du maître, tout frais compris, et autres expressions équivalentes qu’on avait ensuite l’impudeur de montrer au conseil des prud’hommes comme l’expression d’une convention librement débattue ; il ne peut y avoir de droit contre le droit. Or, le droit des chefs d’ateliers est de ne pas payer le laçage des cartons ; le conseil l’a reconnu ; nul ne peut s’y soustraire, parce qu’aucune convention ne peut avoir lieu contre la loi. Nous félicitons la maison Gentelet d’avoir reconnu son erreur ; nous devons ajouter à son avantage qu’elle a voulu que la réparation du scandale qu’elle avait causée fût aussi publique, que le scandale lui-même, et depuis le 5 de ce mois, elle a affiché dans ses magasins un écriteau portant qu’elle payerait à l’avenir le laçage des cartons et allouerait 15 grammes pour les tirelles.

Que cette affaire soit donc éteinte. Les ouvriers ne doivent plus conserver aucun ressentiment. Ils ont obtenu la justice qu’ils demandaient ; et ils l’obtiendront toujours par leur fermeté et leur union.

 

 

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