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17 février 1833 - Numéro 7
 
 

 



 
 
    
 

Lectures prolétaires

« La première loi sociale est celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d?exister : toutes les autres sont subordonnées à celle-là ; c?est pour vivre d?abord que l?on a des propriétés ; il n?est plus vrai que la propriété puisse être en opposition avec la subsistance des hommes, aussi sacrée que la vie elle-même. Tout ce qui est nécessaire à la conserver est une propriété commune à la société entière. »
(Robespierre1.)

« La société a pour but la conservation des droits de l?homme et la perfection de son être, et partout la société le dégrade et l?opprime. Jusqu?ici l?art de gouverner n?a été que l?art d?asservir et de dépouiller le grand nombre au profit du petit nombre, et la législation le moyen de réduire ces attentats en système. »
(Idem.)

« Quand la loi a pour principe l?intérêt public, elle a le peuple lui-même pour appui, et sa force est la force de tous les citoyens dont elle est l?ouvrage et la propriété. ? La force publique est en contradiction avec la loi générale dans deux cas : ou lorsque la loi n?est pas la volonté générale, ou lorsque les magistrats l?emploient pour violer la loi elle-même. Telle est l?horrible anarchie que les tyrans ont établie de tout temps sous [7.2]les noms de tranquillité, d?ordre public, de législation et de gouvernement. Législateurs, faites des lois justes ; magistrats, faites-les religieusement exécuter, et vous donnerez au monde un spectacle inconnu, celui d?un grand peuple libre et vertueux. »
(Discours sur la constitution.)

« N?oubliez pas que les longues convulsions qui déchirent les Etats, ne sont que les combats de l?égoïsme contre l?intérêt général, et des passions de l?homme puissant contre les besoins et les droits des faibles. »
(Robespierre.)

« Depuis Jésus les griefs de l?aristocratie n?ont pas varié d?un mot. Quand les apôtres prêchèrent au nom de leur maître crucifié la fraternité universelle, les aristocrates de tous les pays bafouèrent le dévouement de Jésus ; sa croix fut une folie aux yeux de leur égoïsme ; scandalum crucis. Le peuple seul partagea cette folie.
Nous voulons un ordre de choses où toutes les passions basses et cruelles soient enchaînées, toutes les passions généreuses et bienfaisantes éveillées par les lois?
Nous voulons, dans notre pays, substituer la morale à l?égoïsme, le mépris du vice au mépris du malheur? »
(Robespierre.)

Quiconque a été choisi pour défendre la patrie doit rester dans son poste, quand une armée entière d?ennemis l?entourerait. Plus le péril augmente et moins il lui est permis de s?éloigner, dût-il être vaincu comme Caton il ne doit pas sortir de la république.
Cerutti2.

Le serment est un asile sacré où l?honnête homme et le fripon enferment ensemble leurs promesses, mais dont le fripon seul garde la clef.
idem.

Celui que la loi met au dessus de tous devient aisément le rival de la loi.
Mirabeau.

Les changemens de ministère sont la soupape de sûreté des gouvernemens représentatifs.
Odillon-Barrot. Défense du Précurseur.

Ne menacez pas le chien qui aboie, jetez-lui un morceau de pain.
Sadi.

Le spectacle du monde ressemble à celui des jeux olympiques, les uns y tiennent boutique et ne songent qu?à leur profit, les autres y payent de leur personne et cherchent la gloire, d?autres se contentent de voir les jeux sans s?exposer.
Pythagore.

Les arts libéraux parlent à l?esprit par l?organe des sens.
Anonyme.

Notes (  Lectures prolétaires « La première loi...)
1 Maximilien de Robespierre (1758-1794), homme politique et écrivain français. Il est à noter que cette livraison des « Lectures prolétaires » ainsi que la suivante (avant une longue interruption), va surtout proposer aux lecteurs canuts des extraits d?écrivains révolutionnaires de la tendance la plus démocratique, et partisans des méthodes terroristes, Robespierre et Saint-Just.
2 Joseph-Antoine Cerutti (1738-1792), jésuite rallié au tiers état, ami de Mirabeau, auteur notamment peu avant la Révolution française d?un Mémoire pour le peuple français et principal animateur du journal La Feuille villageoise publié entre 1790 et 1795.

 

 

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