Retour à l'accueil
24 février 1833 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    
RÉCLAMATIONS.

MM. Cotton 1, Cune 2, Tobie, Lagriffe, Mairot, Parlage, Belvèze, Bonnard, Deschamps, Command, Berge, Glasse, Petit, Borboy, Héraut, Torot, Amie, Paulin, Joussaud, Paquet et Frenafurth se plaignent au nom de la société des Indépendans bottiers, que l?autorité, après leur avoir permis le bal qu?ils voulaient donner suivant leur usage, à l?occasion du carnaval, au café du Nord, aux Brotteaux, leur a retiré cette permission la veille même du jour où il devait avoir lieu, sous le prétexte futile que quelques billets avaient été donnés à des saint-simoniens ou compagnons de la femme, suivant leur nouvelle appellation. On aurait dû au moins, disent-ils, leur rembourser les frais qu?ils avaient fait.

Nous enregistrons cette plainte dans notre journal, [3.1]spécialement destiné à la classe prolétaire. Vraiment l?autorité est inconcevable dans ses tracasseries. Tout marche autour d?elle ; elle seule est stationnaire. La réclamation des bottiers, adressée aux journaux, prouve de plus en plus combien est appréciée par le peuple cette liberté de la presse dont certains disent qu?il ne se soucie nullement.

MM. Martin et Tranchand nous apprennent que M. Gailliard, après avoir donné sa parole en notre présence et en celle de dix à douze chefs d?atelier, de se conformer aux prix qui seraient payés par ses confrères aux ouvriers en peluches, rétracte sa parole. Si ce fait est vrai, nous ne savons comment qualifier une telle conduite. Elle mériterait encore plus le mépris que la colère.

MM. Thevenet et Fournel se plaignent que le 21 de ce moisétant réunis au nombre de 12 ou 14 chez le sieur Gonon, cafetier, Grande rue de la Croix-Rousse, ils ont été assaillis par le commissaire de police de cette commune, escorté d?une brigade de gendarmerie, et sommés avec brutalité de se retirer comme s?ils eussent été des malfaiteurs. Le commissaire qui pensait peut-être trouver des élémens de conspiration ou tout au moins des pièces d?une grande importance, a dû être désapointé en ne mettant la main que sur quatorze bulletins contenant chacun deux noms ; car, il faut bien le dire, ces quatorze chefs d?ateliers réunis s?occupaient de la nomination d?un d?entr?eux pour les représenter.

Trompé dans ses espérances, ce commissaire a cherché à intimider en demandant à quelques-uns leurs papiers. Ce fait est dérisoire ; est-ce que des citoyens domiciliés, réunis dans un café, doivent avoir un porte-feuille, et des papiers, comme des voyageurs. Est-ce que ce fonctionnaire voudrait ressusciter le règne des cartes civiques.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique