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24 février 1833 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    
M. GOUJON

en contradiction avec le président du conseil des prud?hommes.

On se souvient que le président du conseil des prud?hommes a refusé de donner la parole à Me Augier, avocat, qui assistait le sieur Naud dans sa contestation avec le sieur Bender. L?Echo a signalé dans le temps cet acte de despotisme ignare et brutal.

Il y a peu de jours M. Goujon a reçu chez lui Me Dubié, avocat, assistant le sieur Imbert dans son affaire contre les sieurs Mantellier et Neyron ; il a été permis à Me Dubié de plaider la cause de son client. M. Goujon a de plus laissé aux parties la faculté de choisir leurs arbitres. Un juge de paix n?aurait pas fait mieux.

Mais, dira-t-on, n?est-ce pas M. Goujon qui est le président du conseil ?

Oui, et c?est pourquoi nous faisons ressortir cette contradiction.

[4.2]Il y a mieux : n?allez pas attribuer, lecteurs bénévoles cette déviation d?une volonté prétendue immuable, à résipiscence de la part du président, n?allez pas non plus vous imaginer que M. Goujon préfère seulement le huis clos à la publicité de l?audience. Vous seriez dans une erreur complète. Il a cédé à la nécessité, qui sait ployer des volontés bien plus fortes et plus élevées.

Or, vous saurez que dans cette affaire le conseil des prud?hommes se trouve dans une position extrêmement fausse. Position qui se renouvellera souvent si l?on n?y met ordre, et sur laquelle nous avons appelé l?attention publique dans le n° 4 du journal. Le jugement dont excipent Mantellier et Neyron contre Imbert n?existe que sur un cahier informe ; il n?a aucune sanction légale n?ayant pas été transcrit sur le plumitif de l?audience et soumis à la formalité salutaire de l?enregistrement. Me Dubié était chargé d?interjeter appel, et cet abus allait disparaître au grand jour de l?audience consulaire. Que faire en pareille circonstance ? M. Goujon a dépouillé la fierté du négociant, l?autocratie du président, il a, comme on dit, plié l?échine. Il a prié Me Dubié de se rendre chez lui, et il a été d?une humeur charmante pendant tout le temps de la discussion. Imbert, qui se souvenait des rudoiemens de l?audience, disait, en sortant, Oh ! comme il a changé !

Me Dubié a reçu les félicitations de ses collègues et en particulier de Me Augier ; qu?il reçoive aussi les nôtres.

Ainsi un arbitrage secret va remplacer l?enseignement public de l?audience, du moins on l?espère. Erreur ! erreur ! M. Goujon. L?Echo fidèle répète jusqu?au moindre son, et bon gré, malgré, la lumière ne restera pas sous le boisseau.

 

 

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