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24 février 1833 - Numéro 8
 
 

 



 
 
    
Sur les Théâtres de Lyon.

Si l?entrée des théâtres était gratuite, nous concevrions que l?octroi de la ville dont la charge pèse principalement sur la classe prolétaire, vînt fournir au paiement des frais de ces mêmes théâtres ; car alors, y aller ou ne pas y aller ne serait qu?une affaire de temps et de goût, et l?intérêt général doit toujours l?emporter sur l?intérêt particulier. Mais en l?état, les théâtres ne sont accessibles qu?à l?homme oisif et aisé ; il n?est pas juste dès-lors que l?homme laborieux et pauvre contribue au paiement du plaisir du premier. Il est naturel, au contraire, que ceux qui profitent seuls d?une entreprise en supportent exclusivement les frais. Nous devons appliquer ce principe à la question des théâtres de Lyon. C?est à ceux-là seuls qui y trouvent un délassement à en payer le prix. M. Anselme Petetin, rédacteur en chef du Précurseur, a suffisamment prouvé cette thèse dans une série d?articles aux doctrines desquels, nous nous sommes associés autant qu?il a été en nous (Voy. l?Echo, n° 55). M. Lorlet y a également prêté l?appui de son talent et de son patriotisme, trop connus l?un et l?autre pour avoir besoin de notre suffrage.

L?injustice d?une subvention prise sur l?octroi de la ville1 étant démontrée, et l?impossibilité d?un directeur de se charger, sans avoir une subvention de l?exploitation des théâtres, étant également bien établie, la ville de Lyon courrait risque de les voir se fermer pour long-temps, [6,1]au détriment des amis des arts et à notre regret, car nous sommes loin d?éprouver aucune antipathie pour les jeux de la scène. Nous apprenons donc avec plaisir qu?une souscription est ouverte destinée à combler le déficit probable, et remplacer la subvention que donnait la ville. Puisse cette combinaison réussir. Lyon ne sera pas privé d?une récréation nécessaire dans les grandes cités, d?honorables artistes continueront à trouver des moyens d?existence dans l?exercice de leur art ; le peuple ne sera pas pressuré au profit de quelques-uns.

M. C.

Notes ( Sur les Théâtres de Lyon.)
1 Datant de l?Ancien Régime, supprimé en 1791 puis rétabli en 1798, l?octroi était une contribution indirecte prélevée aux portes des villes et à leur profit sur les marchandises et denrées destinées à la consommation locale.

 

 

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