Deux artistes se proposent de publier sous ce titre une revue en vers du salon de 1833, dont l’ouverture a eu lieu à Paris le 1er de ce mois. Cette revue se composera de douze livraisons. La première a paru le 24 février dernier, la seconde paraîtra le 7 ou le 8 de ce mois, et la douzième le 13 mai prochain.
Nous avons sous les yeux la première livraison qui a pour titre : Les entraves. Nous allons en citer quelques vers.
Malheur, trois fois malheur à l’homme sans fortune,
Si de l’amour des arts l’aiguillon l’importune.
…
[6.2]Malheur à l’homme fier qui ne s’est point soumis
Aux impôts d’un valet, aux décrets d’un commis,
Et qui, privé surtout d’une échine élastique,
Garde en face des grands sa dignité rustique !
Il connaîtra bientôt, réduit à l’abandon,
Qu’ici-bas le mérite a besoin de pardon.
…
Les auteurs de cette revue sont jeunes, du moins ils le paraissent ; ils s’indignent avec Gilbert et non moins éloquemment que lui, des entraves imposées au talent modeste et ignoré par la sottise intrigante parvenue, et quelquefois aussi ce qui est plus fâcheux peut-être, par le mérite égoïste. Nous les engageons à modérer l’acrimonie de leur plainte, et à ne pas se laisser détourner de leurs travaux par une polémique oiseuse. C’est en marchant toujours avec courage et fierté, que le génie triomphe de la cabale.