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17 mars 1833 - Numéro 11
 
 

 



 
 
    
 M. Bowring.

[7.2]John Bowring, économiste et philantrope ; l’un des plus savans de l’Angleterre, est né le   1792, à Exeter. Ses rapports avec la France ont été nombreux et honorables. En 1822, il fut arrêté à Calais comme prévenu d’avoir voulu favoriser l’évasion des jeunes sergens Bories, Raoul, etc., morts victimes de leur dévoûment à la cause sainte de la liberté, martyrs bien plus regrettables que le roi parjure, dont le 21 janvier 1793 a fait justice. M. Canning, à la prière de Jérémy Bentham, réclama M. Bowring ; son élargissement fut accordé, mais avec défense de remettre le pied sur le territoire français. En 1830, les portes de la France lui ont été rouvertes ; les citoyens de Londres l’avaient choisi pour rédiger et présenter leur adresse de félicitations au peuple héroïque des trois jours. M. Bowring se rendit à Bruxelles, lors de la révolution de ce pays, et accompagna Van de Veyer1 à Londres ; il contribua puissamment au renversement du ministère Wellington. L’admission des produits des manufactures françaises en Angleterre est due principalement à M. Bowring ; il a reçu avec M. Georges Villiers la mission de faire des recherches sur l’importance des relations commerciales entre l’Angleterre et la France, et il s’est acquitté avec zèle, talent et conscience, de cette mission, pour laquelle il est venu à Lyon où il a visité le comptoir du négociant, comme le simple atelier de l’ouvrier. La tribune le réclame et nous ne doutons pas qu’il ne s’y fasse entendre un jour avec toute l’autorité de son nom, et de ses immenses connaissances.

Jérémy Bentham mourant lui a légué le soin de publier ses œuvres. L’auteur et l’éditeur sont dignes l’un de l’autre.

M. Bowring a été reçu docteur à Groningue. Ses travaux littéraires sont multipliés. Toutes les langues de l’Europe lui sont familières, on va en voir la preuve.

Homme de lettres et érudit, il a fait connaître le premier la littérature russe aux savans de l’Europe centrale ; il a écrit sur cette matière deux volumes ; il a publié aussi 2 vol. sur la poésie et un vol. sur les mœurs des Hollandais. Il a également publié un volume sur la littérature de la Pologne ; il a rassemblé et traduit une collection considérable de romances espagnoles. On lui doit encore plusieurs écrits sur la littérature et la poésie de la Hongrie, de la Bohème et de la Servie ; sur la littérature du Danemarck, de la Norwège et de la Suède, et des traductions d’ouvrages islandais.

Economiste, il a publié un ouvrage sous le titre d’observations sur le système des restrictions et prohibitions commerciales (observations on the restrictive and prohibitory commercial system).

Philantrope, il a écrit contre l’espagnol don Juan Bernardo Ogavan2, et dans la langue même de ce dernier, un ouvrage contre la traite infâme des noirs.

M. Bowring n’a pas dédaigné la profession de journaliste. Il a fondé la revue de Westminster (Westminster review), l’un des ouvrages périodiques les plus remarquables. C’est à lui que l’Echo de la Fabrique dont il est l’un des actionnaires doit la faveur qu’aucun autre journal français n’a obtenu, d’être réimprimé et traduit à Londres.

Quoique nous ne croyons pas qu’il faille faire un cas exclusif de l’admission dans les sociétés savantes, nous mentionnerons que le docteur Bowring est membre de [8.1]l’institut hollandais, de la société scandinave et islandaise. La 5e classe de l’institut doit le réclamer, et se l’adjoindre comme membre correspondant, si elle veut se compléter.

M. C.

Notes ( M. Bowring.)
1 Jean-Sylvain Van de Weyer (1802-1874), homme politique libéral belge.
2 Juan Bernardo O’Gavan (1782-1838), philosophe et homme d’Église cubain, connu pour ses positions en faveur de l’esclavage.

 

 

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