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11 décembre 1831 - Numéro 7
 
 

 



 
 
    

Nous avons reçu d'un négociant une lettre signée C. M.1, que sa longueur nous empêche d'insérer. L'auteur de cette lettre nous annonce qu’il n'a rien lu dans nos numéros qui eût pour but de ramener entre deux classes qui ne peuvent se passer l'une de l’autre, une confiance et une bienveillance si nécessaires à leurs rapports.

Nous pouvons affirmer à M. C. M. que s'il eût réellement lu notre journal, il aurait vu que dans nos deux derniers numéros, nous avons prêché l'oubli du passé, l'union et la concorde entre les citoyens et les commerçans, que l'erreur avaient rendus un instant ennemis. D'autre part, nous demanderons à M. C. M. quels moyens expéditifs MM. les négocians ont fournis pour revenir aux sentimens d'estime et de concorde si précieux dans nos travaux ; si déjà ils ont cherché, par une conduite moins déloyale, à chasser la faim qui désole les familles, et à réparer en aucune manière les maux incalculables dont ils sont les auteurs volontaires et réfléchis ?

M. C. M. nous accuse d'avoir généralisé la classe du commerce dans nos attaques. Nous lui répondrons que nous avons attaqué le commerce en général sous le rapport de la cupidité, et que nous avons cru inutile de répéter à cet égard, ce que tout le monde sait, qu'il n'y a jamais eu de règle sans exception ; et pour prouver encore contre M. C. M. que la majorité n'était pas en faveur de l'ouvrier, c'est que le tarif aujourd'hui est rejeté, et que comme convention libre entre tous les ouvriers et tous les négocians, représentés chacun en particulier par les délégués que chacune des parties avait nommés, le tarif pouvait avoir son exécution sans porter atteinte aux institutions qui nous régissent, sans avoir besoin d'en informer même le gouvernement, puisque l'autorité compétente était là pour en régler toutes les contestations.

Quant à la baisse des prix de la main-d'œuvre, M. C. M. l'attribue en grande partie à l'admission dans les ateliers d'un grand nombre d'étrangers à la ville, au département, à la France même. A ce sujet il s'exprime ainsi, en s'adressant aux fabricans et aux chefs d'ateliers :

« Plusieurs d'entre vous se rappellent cependant très-bien que, lorsqu’après le siège de Lyon, ils se réfugièrent en Suisse, et voulurent, pour y gagner du pain, y travailler comme compagnons en soierie, les ouvriers des fabriques s'y opposèrent, et obtinrent même leur éloignement. » Il propose d'user aujourd'hui de représailles.

Nous demanderons à M. C. M. si une pareille mesure serait possible en France ; et dans le cas où il répondrait affirmativement, nous lui répéterions encore : Pourquoi le tarif ne le serait-il pas ?

M. C. M. parle ensuite de grands sacrifices auxquels est disposée la grande majorité de ses confrères envers les ouvriers.

[7.1]Nous lui répliquerons :

Comment ces sacrifices pourraient-ils être mieux utilisés qu'en payant à l'ouvrier un salaire conforme à ses besoins ? Et alors vous revenez au tarif qui n'est qu'un prix au minimum des façons.

M. C. M. termine en nous priant de recevoir quelques idées sur les moyens à employer pour remédier aux maux qui affligent notre industrie ; nous le prévenons d'avance que nous nous ferons un plaisir et de les agréer et de leur donner place dans nos divers numéros.

Notes (Nous avons reçu d'un négociant une lettre...)
1 Ce négociant était Gamot. Voir le numéro suivant de L’Echo de la Fabrique.

 

 

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