Retour à l'accueil
19 mai 1833 - Numéro 20
 
 

 



 
 
    

Sur la Police.

« Il faut que l’on comprenne que dans toute bonne justice il y a deux élémens : la défense et l’accusation. L’instruction, et partant le fonctionnaire qui la commence, doit pourvoir à toutes les deux également, et ce n’est pas nécessairement un coupable que vous exigez de la police, ce sont les moyens de faire justice à ceux qui sont traduits devant vous. Nous considérons comme une instruction incomplète et déloyale, celle qui fournit avec complaisance à l’accusation, et qui se ferme impitoyablement à la défense.

« Trois ouvriers sur le compte desquels les témoignages [6.2]les plus honorables sont rendus, auxquels on ne pouvait dans le principe imputer qu’un tapage nocturne, qu’une contravention punie d’une légère amende, ont failli être les victimes de cette justice brutale, par laquelle anticipa sur la vôtre celui qui procédait à leur arrestation.

« La police est une chose bonne lorsqu’elle est honorablement faite, qu’elle protège la propriété et la sûreté des citoyens ; mais la police est chose détestable lorsqu’elle est déloyalei ou qu’elle agit avec une intelligente hostilité.

« Quant à la prévention, nous déclarons l’abandonner ; nous ne pouvons consentir à nous mettre à la suite de cette justice de bâton introduite par l’agent de police.

« Nous ne pensons pas que votre justice digne et morale puisse donner raison à une instruction aussi odieusement commencée.

C’est en ces termes que M. Ferdinand Barrot, remplissant les fonctions du ministère public, le 11 mai dernier devant la 6me chambre du tribunal civil de Paris, s’est exprimé en concluant au renvoi de la plainte, de Maréchal et des frères Terret, prévenus de tapage nocturne. Le tribunal y a fait droit. Cette leçon du parquet devrait être présentée à la mémoire de tous les hommes de la police. Voici les faits : Gagnoux, chef de ronde, Lecomte et Chabert, agens, s’étant introduits le 11 mars dernier chez un liquoriste du faubourg du Temple, avaient arrêté les sus-nommés et s’étaient livrés contre eux à des actes infâmes de violence, qu’ils ont vainement essayé de contester à l’audience. Les dépositions de M. Desgranges, lieutenant au 40me de ligne, du sergent et des soldats du poste n’ont laissé aucun doute à cet égard.

Remercions M. Ferdinand Barrot de sa noble conduite ; nous la proposons pour exemple à ses collègues.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique