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26 mai 1833 - Numéro 21
 
 

 



 
 
    
 AU RÉDACTEUR.

Lyon, 23 mai 1833.

Monsieur,

Comme votre estimable journal a ses colonnes ouvertes à tous les chefs d?atelier pour signaler les abus de la fabrique envers eux. Comme quelques-uns de mes confrères peuvent se trouver dans la même position que moi, je vous prie de signaler la maison Berger et Ce, grande-rue des Capucins, n° 14, pour le fait suivant. Sachant qu?ils cherchaient à monter des gros de Naples, je me suis transporté à leurs magasins pour leur en demander. Le commis me répond d?attendre le chef. Un instant après, M. Berger entre et me demande ce que je voulais. Après lui avoir déclaré l?intention où j?étais de monter un gros de Naples, il me répond que oui, et m?interroge sur le nom de la maison pour laquelle je travaillais : je le lui dis. Il me demande mon [4.2]livre, je lui réponds que je ne l?avais pas, mais que je lui apporterais un livret ; alors il me dit : Allez le chercher et je vous donnerai une pièce de suite ! Un quart-d?heure après je l?apporte ; mais comme j?étais en solde par suite d?une avance d?argent qui m?avait été faite, on en a chargé mon livret. Il le prend, et après l?avoir vérifié, il me dit : Je passerai chez vous cet après-midi pour voir comment votre atelier marche ; passant de suite dans son magasin de vente je le priai de ne point oublier de venir ; il me répondit froidement : Si je n?y vais pas cet après-midi, vous n?y compterez plus.

Je demande quel serait le sort d?un ouvrier qui devrait à son marchand, et quel moyen il aurait pour se libérer si tous faisaient comme M. Berger.

Agréez, etc.

Domeyne.

 

 

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