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26 mai 1833 - Numéro 21
 
 

 



 
 
    
 

COUR D’ASSISES DU RHONE.

8e procès du Précurseur.

(Audience du 21 mai 1833.)i.

Plainte en diffamation portée par M. Chegaray, procureur du roi près le tribunal civil de Lyon, contre le rédacteur du Précurseur.

M. Anselme Petetin a été condamné à un mois de prison et 200 fr. d’amende.

Deux questions ont été posées au jury ; la 1re le gérant du Précurseur avait-il diffamé M. le procureur du roi ? La 2e, était-il coupable d’outrage envers ce fonctionnaire ? La réponse a été négative sur la première question et affirmative sur la seconde.

Ou se souvient de l’objet de la plainte : dans son n° du 18 mars dernier, M. Petetin, en annonçant l’acquittement de M. Ch. Monnier, ajouta que le ministère public savait bien, lorsqu’il l’avait fait arrêter, qu’il était innocent, mais qu’il avait voulu lui faire expier ses opinions républicaines.

M. Chegaray vit dans cet article une diffamation et un outrage, il rendit plainte et se constitua partie civile ; il est venu plaider lui-même ses moyens d’accusation. Quoique sa plaidoirie se ressentit beaucoup du réquisitoire, il y a mis de la dignité et du talent, c’est une justice que nous lui rendons ; mais il aurait dû se dispenser de la diatribe obligée contre Robespierre qui ne pouvait lui répondre, et contre les ouvriers de Lyon.

[6.1]M. Duplan remplissait les fonctions du ministère public et en a largement usé ; on attendait autre chose d’un homme qui s’était porté lui-même héritier de Dominique Segaud, qui dans le banquet offert à M. Corcelles le 9 octobre 1821, et fit entendre des accens généreux, et bien différens de ceux que nous avons été forcés d’ouir.

Me Jules Favre a présenté la défense du Précurseur avec le même talent dont il a déjà donné des preuves si multipliées que nos éloges deviendraient un hors-d’œuvre.

M. Petetin a également prononcé un discours remarquable par son énergie. Il a défendu et les droits du journaliste et son caractère d’homme mal à propos attaqué par M. Duplan. On espérait un acquittement, mais l’attente publique a été cruellement trompée en entendant la lecture du verdict du jury. Des murmures ont eu lieu.

Au même instant on apprenait que la cour de cassation avait rejeté le 18 de ce mois le pourvoi de M. Petetin contre l’arrêt de la cour du 25 mars dernier qui le condamne à deux mois de prison et 3,000 f. d’amende pour une note dans laquelle l’affaire des 5 et 6 juin est présentée comme une provocation de la police, note au bas de laquelle figurent les noms de vingt-cinq citoyens recommandables qu’on n’a pas voulu ou osé poursuivre.

Ainsi s’est terminée la session extraordinaire des assises du Rhône.

 

 

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