Retour à l'accueil
16 juin 1833 - Numéro 24
 
 

 



 
 
    
Littérature.

L?HOMME ROUGE.

Nous remplissons un devoir envers nos lecteurs en appelant de nouveau leur attention sur cette satire hebdomadaire. Lyon offre à la France, dans MM. Berthaud et Veyrat, ce qu?elle a perdu dans Barthélemy. L?Homme Rouge rivalise avec Némésis et lui est quelquefois supérieur. Rien ne nous aveugle, ni le mépris qui couvre le nom du poète apostat, ni l?amitié que nous ressentons pour M. Berthaud et son collègue. Nous ne sommes que justes. Nos lecteurs ont pu en juger par les extraits qui nous avons déjà insérés (Voy. l?Echo, n°18 et 21) et que le défaut d?espace nous a empêchés seul de multiplier. Nous leur recommanderons aujourd?hui les trois livraisons qui viennent de paraître : Les Peuples et les Rois, les Indifférens, 5 etJuin. L?harmonie des vers le dispute constamment à la noblesse des pensées, au patriotisme qui les inspire. Nous sommes obligés de restreindre nos citations pour ne pas donner à la littérature dans cette feuille spécialement industrielle, une place trop grande. Des intérêts plus majeurs réclament de nous ce sacrifice. Voici la fin de la 9e livraison (Les Peuples et les Rois) :

Pour nous qui poursuivons avec persévérance
L?avenir, le bonheur promis à notre France,
Qui connaissons le peuple, et savons quels malheurs
Viennent journellement tremper son pain de pleurs ;
Nous qui de près avons vu toutes ses misères,
Et soulevé le drap qui cache ses ulcères,
Nous vous répéterons : Le peuple meurt de faim !
Ouvrez-mieux votre bourse à ses travaux sans fin,
Si vous ne voulez pas qu?en un jour de bataille,
Se levant devant vous, grand de toute sa taille,
Il vous rejette encore ce dilemme brûlant :
Mourir en combattant ou vivre en travaillant !

Ce serait donner de la 10e livraison, qui a pour titre Les Indifférens, une idée incomplète et fausse que de la morceler. Nous ne commettrons pas ce sacrilége.

L?anniversaire des 5 et 6 juin 1832 a inspiré à nos jeunes poètes une ode vraiment sublime. Cette onzième livraison se distingue de ses aînées par une versification imitative ; c?est un nouveau fleuron ajouté à la couronne de MM. Berthaud et Veyrat. Après avoir peint à grands traits, dans des alexandrins lugubres, le convoi du général Lamarque, le combat, la défaite, ils entrevoient un avenir plus riant ; ils se hâtent de l?annoncer à Jeanne et à ses héroïques compagnons, leur rythme devient joyeux. Voici une strophe :

Puis un vaisseau tricolore
Ira vous chercher et clore
Le livre de vos malheurs ;
Et vos mères plus heureuses,
Et vos jeunes amoureuses
Et vos s?urs toutes pieuses
Vous effeuilleront des fleurs.
Espérance ! espérance !
Dieu veille sur la France,
Et les rois auront tort ;
L?Allemagne est en route ;
[5.1]La vieille Rome doute ;
Et l?Angleterre écoute
Assise sur son port !

Bénis soient les poètes dont les chants harmonieux versent un baume salutaire sur les plaies saignantes de nos c?urs, et portent l?espoir même sous les verroux de l?affreux mont Saint-Michel.

Nous avons reçu de M. Charles B....... une épître en vers adressée à MM. Berthaud et Veyrat, et à M. Léopold Curez qui a débuté dans la même carrière d?une manière honorable, qu?on regrette généralement de voir interrompue. L?espace nous manque pour l?insérer aujourd?hui ; nous le ferons dans le prochain numéro.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique