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24 juin 1833 - Numéro 25
 
 

 



 
 
    

Sur la manière de régler les prix

des étoffes façonnées.

Les prix que nous avons donnés aux schals dans le présent numéro (Voy. Prix courans des façons), sont cotés par mille passées ; cet usage de compter est le plus sûr, et représente positivement le total de la main-d’œuvre, dans un schal, mouchoir, bordures, etc. On sera surpris sans doute, et surtout les personnes qui ne connaissent pas l’empire de la routine, de ce que cet usage, généralement adopté pour l’article lancé (usage duquel négocians, chefs d’atelier et ouvriers s’en sont bien trouvés, et auquel personne ne voudrait renoncer), n’est pas généralement adopté pour tous les articles façonnés.

Maintenant que les articles riches sont demandés, et semblent par la lenteur de leur fabrication, occuper pour quelques temps nos métiers, la politique du négociant et de l’ouvrier, est toute dans la question du salaire. Il serait de l’intérêt des deux parties d’adopter ce mode de régler le prix de la façon des étoffes brochées. Ce genre d’étoffes souvent trop ou trop peu apprécié dans la valeur de sa main-d’œuvre, appelle naturellement l’usage de compter par mille passées, bien entendu que le prix du mille doit varier suivant les dispositions, le nombre de lats, soit comme nuancé et ombré. Il semble aujourd’hui être l’objet de difficultés interminables, si ce mode de compter n’est pas pris pour base dans le réglement du prix de la main-d’œuvre.

[1.2]En effet, si des différends de cette nature étaient portés devant le conseil des prud’hommes, comment, par exemple, résoudrait-il une question si ardue ? Fixerait-il le prix de ces étoffes ? Il pourrait se rencontrer que pas un de ses membres n’eût une connaissance spéciale et exacte du travail de cet article, et que le conseil fût obligé de nommer des arbitres, justement parmi les parties intéressées, lesquelles, par leur dissidence, prouvent leur ignorance et la difficulté de régler ces prix, autrement qu’en comptant par mille. Aucun précédent n’existe et ne saurait exister, attendu que sur des dispositions à peu près les mêmes, le prix de cette étoffe varie de 6 à 12 fr. l’aune.

Il est dans l’intérêt des chefs d’atelier qui tissent cet article, de s’entendre et de faire prévaloir le mode de compter par mille. Ce mode, devenant en usage pour cet article, pourra ensuite être généralement adopté pour tous les autres. Il empêchera certainement quelques-uns d’entr’eux d’être la dupe d’une fausse spéculation du négociant. Les chefs d’atelier pourront, en disposant leurs métiers, compter le prix de leur façon. Le négociant pourra aussi calculer, en suivant le cours, à quel prix la main-d’œuvre de l’étoffe qu’il entend faire fabriquer lui reviendra. S’il est privé de bénéfices inattendus, il ne sera pas exposé à des pertes imprévues, puisqu’il aura pu calculer le prix de la main-d’œuvre avant de donner une disposition.

Ce n’est que par un mode aussi simple et aussi sûr, que la concurrence locale, si ruineuse pour notre ville, qui toujours fut des occasions de discorde, disparaîtra pacifiquement, et qu’on ne détruira cet hydre, dont les têtes, sans cesse renaissantes, menaçaient toujours de tout bouleverser, de tout anéantir. L’avenir de notre fabrique est là. C’est le seul moyen d’établir des discussions pacifiques sur le salaire.

F.......t1.

Notes (Sur la manière de régler les prix des...)
1 L’auteur de cet article est très certainement Joachim Falconnet, ce que signale, entre autres, le ton général du propos et la mention des « discussions pacifiques sur le salaire ».

 

 

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