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24 juin 1833 - Numéro 25
 
 

 



 
 
    
Littérature.

Aux citoyens

BERTHAUD, VEYRAT, auteurs de l?Homme Rouge, et Léopold CUREZ, auteur de Tisiphone, satires politiques.

Heureux, trois fois heureux le mortel dont la muse
De l?art de la satire et se joue et s?amuse,
Et qui d?un vers sanglant jusqu?au palais des rois,
Sait venger noblement et le peuple et les lois,
Et qui, sans redouter un tyran ou sa haine,
Le poursuit, le combat et l?étend sur l?arène.
Heureux ! heureux celui dont le talent sans fard,
Dans les replis d?un vers sait cacher un poignard,
Dont les coups assurés, dans le c?ur d?un parjure,
Vont surprendre le vice et venger la nature.
Jusques à quand, grand Dieu ! serons-nous condamnés
A supporter le joug de ces monstres damnés !
Jour de bonheur où tous les peuples de la terre
Ne formeront plus qu?un sous la même bannière,
Ne viendras-tu jamais ? Jamais ! Oh ! si, bientôt
Nous secouerons des rois l?humiliant impôt.
En attendant ce jour que l?avenir réserve,
Il faut à nos besoins des hommes dont la verve,
Retrace habilement, en s?étayant des faits,
Le douloureux fléau de tous les vains hochets,
Qui d?une main hardie à l?avenir qui s?ouvre,
Déchirent tout-à-coup le voile qui le couvre.
Telle est leur mission. Sous les coups d?un bourreau
S?ils succombent, la gloire ornera leur tombeau.
Courage ! poursuivez ; que vos vers pleins d?audace
Fustigent sans pitié la cohorte rapace,
De tous nos gouvernans, ces prétendus sauveurs,
Dont l?unique talent, après tous nos malheurs,
Traîtres à notre gloire, est de courber la France
Sous le joug abruti de la sainte alliance.
O ! chers concitoyens ! Veyrat, Curez, Berthaud,

Supportez jusqu?au bout un si rude fardeau ;
Frappez, pulvérisez par vos rimes hardies,
Leur pouvoir usurpé, fruit de leurs infamies,
En prouvant tour-à-tour qu?un traître est à la fois,
Des peuples le malheur et la honte des rois !

Charles B.......

 

 

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