Retour à l'accueil
28 juillet 1833 - Numéro 30
 
 

 



 
 
    

Le Journal du Commerce de Lyon

et les ouvriers.

Le Journal du Commerce de Lyon a publié successivement sur l’industrie lyonnaise, neuf lettres signées J. C. B., auxquelles le Précurseur a eu l’honnêteté de répondre. Nous n’avons eu garde, quant à nous, d’entrer dans cette polémique oiseuse, car la base en est fausse ; mais nous ne pouvons passer sous silence la dixième lettre, insérée dans le n° 1500 de ce journal [3.2](21 juillet), elle attaque trop directement les droits et l’honneur de la classe ouvrière. M. J. C. B. offre pour subvenir aux besoins des prolétaires, non pas une augmentation de salaire (la question est complexe et irritante), non pas ce qui serait plus facile et plus rationnel la diminution des charges publiques. Le Journal du Commerce est trop bien avec M. le préfet pour admettre une telle doctrine ; mais… devinez ! l’aumône ! oui, l’aumône ! Et pour qu’on ne nous accuse pas de mauvaise foi, nous allons citer : « 600,000 fr. à prélever sur la Condition des soies, et qu’on emploierait à fournir aux ouvriers dont les besoins seraient reconnus les denrées de première nécessité, telles que le charbon, la farine et les légumes ; plus, une cotisation de 500,000 fr. environ que les négocians consentiraient pour un fonds de secours provisoire, ou, pour mieux dire, d’avances aux ouvriers et dont la destination serait, en temps utile, l’achat de denrées de première nécessité qui seraient livrées aux ouvriers pendant l’hiver au prix d’acquisition. Ceux-ci les paieraient au moyen de retenues qui leur seraient faites par portions égales sur le prix des façons, pendant les mois de travail. »

Tout cela n’est-il pas bien imaginé pour mettre la classe prolétaire sous le joug de ses chefs naturels, MM. les négocians. Oh ! M. Galois, c’est par trop fort. Nous vous avons laissé divaguer tant que vous avez voulu, cherchant à vous produire dans un conflit où vous êtes récusé par les deux parties. Nous avons ri de bon cœur de votre double projet pour payer les dettes de la ville ; c’est même dommage que vous vous soyez arrêté en si beau chemin. Nous ne nous sommes pas occupés de vos conseils à la garde nationale, vous aviez contre vous le Précurseur et la Glaneuse ; c’était trop d’un. Mais vous allez trop loin… Apprenez que les prolétaires demandent leurs droits et non des entraves nouvelles. Un salaire suffisant et non l’aumône ; et, pour tout dire en peu de mots, leur émancipation physique et morale.

 

 

Contrat Creative Commons

LODEL : Logiciel d'édition électronique